Le guide complet de l’accessibilité pour les personnes ayant un handicap : définition, réglementation, domaines concernés…

Sommaire

Handicap et accessibilité : définitions
Que comprend l’accessibilité physique ?
L’accessibilité des transports publics
L’accessibilité du cadre bâti
C’est quoi l’accessibilité de la voirie et des espaces publics ?
L’accessibilité numérique : le digital au service du handicap
Le smartphone : l’outil du quotidien des personnes handicapées
Comment l’accessibilité et l’inclusion sont-elles perçues dans le Monde ?

L’accessibilité pour les personnes en situation de handicap, vous en entendez souvent parler mais vous ne comprenez pas ce que cela implique ? Quels types de lieux sont concernés ? Quelle est la place de l’accessibilité ? Que dit la loi exactement ?

C’est sûr, l’accessibilité impacte de nombreux domaines : l’éducation, la santé, le travail, le transport, la culture… Ici, nous allons privilégier l’accessibilité physique, c’est-à-dire l’accessibilité des établissements recevant du public et celle des réseaux de transport, mais aussi l’accessibilité numérique ainsi que celle pour la voirie et les espaces publics. 

Afin de comprendre à quels moments l’accessibilité entre en jeu dans ces différents domaines, nous vous proposons une immersion dans le monde du handicap avec cet article complet. A la fin, vous serez convaincu qu’il n’y a pas d’autre solution que de rendre le monde entier accessible pour promouvoir l’inclusion des personnes handicapées. Vous verrez également que l’accessibilité et l’inclusion bénéficient à tout le monde et que nous sommes tous concernés, avec ou sans handicap.

Mais promis, on va d’abord tout reprendre étape par étape pour vous expliquer tous les enjeux qui se cachent derrière l’accessibilité ! 

Handicap et accessibilité : définitions

Le handicap et l’accessibilité sont intimement liés. C’est la raison pour laquelle il faut en premier temps comprendre les obstacles rencontrés par les personnes en situation de handicap dans leur quotidien afin de pouvoir appréhender le rôle de l’accessibilité.

C’est quoi le handicap ?

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, dite loi handicap, vise à donner aux personnes handicapées un accès aux mêmes droits et services que le reste de la population. Elle les protège de toute forme de discrimination ayant trait à leurs capacités différentes.

Cette loi apporte la première définition légale du handicap dans toute sa diversité : 

“Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant.”

Elle fait donc figure de référence lorsque l’on s’attaque à l’accessibilité.

Les 5 familles de handicap

Oui, vous avez bien lu. Le handicap se décline en fait au pluriel et regroupe 5 familles avec chacune leurs particularités distinctes. Afin de répondre au mieux aux besoins des personnes en situation de handicap, il faut avant tout comprendre leur profil : 

  • Handicap visuel : les personnes aveugles et malvoyantes. La déficience visuelle signifie qu’elles ne perçoivent pas une image ou de façon insuffisante.
  • Handicap auditif : les personnes sourdes et malentendantes. On note trois types de déficience auditive : une diminution partielle de la capacité à entendre les sons, une diminution totale et une modification de leur perception.
  • Handicap moteur : les personnes ayant un trouble de la motricité par lequel elles perdent tout ou partie de la capacité de mouvement. Vous avez sûrement entendu parler de PMR (personnes à mobilité réduite) pour indiquer quelqu’un qui éprouve des difficultés à marcher ou bien qui utilise un fauteuil roulant pour se déplacer.
  • Handicap mental : les personnes ayant des difficultés d’apprentissage et un développement intellectuel inférieur à la moyenne de la population. La trisomie 21 est la déficience intellectuelle la plus connue.
  • Handicap psychique : les personnes ayant des troubles psychiatriques invalidants tels que la schizophrénie, la dépression grave, les névroses ou les psychoses.

Un jeune homme ayant un handicap mental sourit à son père

En France, 12 millions de personnes ont un handicap ! Et 80% d’entre elles ont un handicap invisible, c’est-à-dire qu’il n’est pas apparent à première vue mais seulement quand la personne concernée est mise en difficulté. L’accessibilité est essentielle pour leur permettre de profiter des mêmes droits que n’importe qui d’autre : le droit de faire du shopping au centre commercial, de découvrir l’art baroque au musée, de traverser la rue, de prendre le métro, de surfer sur le Web…, tout en conservant leur autonomie.

C’est quoi l’accessibilité ?

L’accessibilité c’est garantir à tous les usagers qu’ils puissent accéder facilement et sans difficultés à un bâtiment, à tous les services et aux informations. Vous l’aurez compris, la loi de février 2005 ne fait pas que définir le handicap mais elle rend aussi obligatoire la mise en accessibilité de tous les établissements recevant du public, des réseaux de transport en commun, de la voirie et des espaces publics…

Il faut savoir que l’accessibilité ne concerne pas seulement les personnes en situation de handicap mais aussi les femmes enceintes, les personnes âgées, celles en surpoids… En fait, toutes celles dont la situation, temporaire ou non, peut entraver leur accès à un lieu ou à un service.

On se rend compte que les solutions d’accessibilité créées pour aider les plus vulnérables sont également bénéfiques à toutes les autres, qu’elles aient un handicap ou non. Cette notion est d’ailleurs soulignée dans la définition que fait le gouvernement de l’accessibilité pour les personnes handicapées :

“L’accessibilité permet l’autonomie et la participation des personnes ayant un handicap, en réduisant, voire supprimant, les discordances entre les capacités, les besoins et les souhaits d’une part, et les différentes composantes physiques, organisationnelles et culturelles de leur environnement d’autre part. L’accessibilité requiert la mise en œuvre des éléments complémentaires, nécessaires à toute personne en incapacité permanente ou temporaire pour se déplacer et accéder librement et en sécurité au cadre de vie ainsi qu’à tous les lieux, services, produits et activités. La société, en s’inscrivant dans cette démarche d’accessibilité, fait progresser également la qualité de vie de tous ses membres.”

Accessibilité, conception universelle, design inclusif : quelles différences ?

Si vous avez déjà effectué des recherches sur l’accessibilité, peut-être êtes-vous déjà tombé sur les termes de conception universelle et de design inclusif. Si ces trois notions sont liées, elles ont tout de même des nuances significatives. On peut les synthétiser comme ceci : 

Avec l’accessibilité, on se concentre sur l’existant pour l’adapter aux besoins des personnes handicapées via des solutions ou des équipements spécifiques. On retrouve le guidage podotactile dans les gares ou les établissements permettant aux personnes ayant un handicap visuel de se repérer.

La conception universelle, aussi appelée design pour tous, porte sur une seule solution pouvant pallier aux difficultés de tout le monde. A titre d’exemple, on a l’abri sensoriel du métro toulousain. Les personnes hypersensibles ou celles ayant un handicap cognitif ou psychique peuvent être extrêmement stressées dans un environnement bondé et anxiogène tel que le métro. Et c’est d’ailleurs valable pour tous les usagers du métro en général. Grâce à cet abri, les usagers ont un endroit pour rester calmes et apaisés. 

Pour le design inclusif, on prend en compte les difficultés et les besoins de plusieurs groupes de personnes ayant des profils différents et on apporte des solutions en fonction. L’agence Tactile Studio s’est d’ailleurs spécialisée dans le design inclusif afin d’apporter aux visiteurs en situation de handicap qui se rendent au musée une expérience dont ils peuvent pleinement s’approprier.

Créer une société accessible grâce au design inclusif : un perpétuel renouveau

Trois concepts qui se croisent et se décroisent et dont la méthodologie diffère mais avec un même but : permettre aux personnes en situation de handicap d’avoir accès aux mêmes droits et services que tout le monde.

La chaîne du déplacement : la notion-clé de l’accessibilité

Qui dit accessibilité dit pouvoir se déplacer librement et sans difficultés d’un lieu à un autre, d’accéder physiquement aux espaces publics, aux bâtiments publics ou privés. C’est là qu’entre en jeu la chaîne du déplacement. Elle doit être sans rupture et sans obstacles pour permettre aux usagers d’effectuer un trajet facilement et en toute sécurité d’un point A à un point C. Cela implique que le point B qui relie les deux doit être accessible, tout comme les autres maillons de la chaîne. 

En réalité, la chaîne du déplacement concerne tout le monde et pas seulement les personnes ayant un handicap. Qu’on soit un employé de bureau qui utilise tous les jours les transports en commun ou bien une famille de quatre personnes qui se rend au musée, là aussi la chaîne du déplacement intervient pour garantir à tous des déplacements faciles et sans la moindre difficulté. 

Mais pour les personnes handicapées, il faut encore plus veiller à son accessibilité : les maillons de la chaîne ont un rôle bien précis à jouer. C’est de leur accessibilité que dépendent les usagers handicapés pour effectuer leurs déplacements de façon sereine et en toute autonomie.

Des usagers du métro portant un masque

Quelle place pour l’autonomie et l’inclusion ?

Deux concepts reviennent fréquemment lorsque l’on parle d’accessibilité : l’autonomie et l’inclusion. 

L’autonomie : symbole de liberté pour les personnes handicapées

On l’a vu, l’autonomie fait partie de la définition de l’accessibilité établie par le gouvernement. Pourquoi faut-il insister sur cette notion ? Parce qu’elle est primordiale pour tous les êtres humains. On aspire tous à conserver notre autonomie le plus longtemps possible, à garder notre capacité à prendre nos propres décisions, à agir librement, à ne dépendre de personne…, notamment lorsque l’on vieillit. Être autonome implique de faire partie intégrante de la société et d’en être acteur à part entière.

Pour les personnes ayant un handicap, quel qu’il soit, conserver leur autonomie c’est s’affranchir de leur handicap, ne pas le laisser entraver leur vie et de, justement, mener la vie qui leur plaît. Par conséquent, ne pas dépendre des services d’une tierce personne de manière systématique, dans la mesure du possible. 

Pourtant, dès lors que l’on parle de handicap, en ressort cette idée ancrée selon laquelle une personne avec un handicap ne peut pas être autonome, qu’elle a besoin d’aide pour toutes les tâches du quotidien, qu’elle ne peut pas travailler comme les autres… Cela vient d’une méconnaissance du handicap. Oui, les personnes handicapées peuvent rencontrer des obstacles mais des solutions existent comme on va le voir. Oui, elles ont un handicap mais il s’agit surtout de capacités différentes. Et donc oui, elles aussi peuvent avoir envie de faire leurs courses, de prendre le bus, de boire un verre… Le tout de façon autonome, comme n’importe qui d’autre.  

Mais lorsqu’un aidant ou un accompagnateur est nécessaire, son rôle est alors de veiller à bien respecter l’organisation de la personne ayant un handicap, ses décisions, ses choix, ses préférences… De cette façon, la personne en question n’est pas dépendante pour tout et reste autonome pour tout ce qui la concerne.

L’inclusion : une utopie inatteignable ?

On entend par l’inclusion des personnes avec un handicap le fait de reconnaître pleinement la place qu’elles occupent dans la société au même titre que n’importe qui d’autre. Cela signifie que tout doit leur être accessible : les établissements scolaires, les supermarchés, les réseaux de transport, les restaurants, les hôpitaux… On pense donc qu’équiper tous ces lieux de solutions accessibles entraînera automatiquement l’inclusion des personnes handicapées. Mais la réalité est en fait plus complexe… 

Personne en fauteuil roulant et son accompagnatrice

Car l’inclusion c’est avant tout une mentalité à adopter tournée sur la bienveillance, le vivre ensemble, l’acceptation de l’autre. On doit tous se défaire du regard que l’on porte sur le handicap, un regard poussiéreux, dépassé, archaïque et faussé qu’il faut impérativement changer. Il faut considérer les personnes handicapées comme des individus à part entière, des acteurs de la société, des citoyens du monde. C’est donc reconnaître leurs différences, leurs besoins, leur valeur, les voir, les écouter, parler avec elles… 

On a souvent vu le terme de « superhéros » accolé aux personnes ayant un handicap. Pendant longtemps, c’était perçu comme quelque chose de positif, une certaine mise en valeur mais ce terme n’a jamais correspondu avec la réalité. Heureusement, les choses changent ! Et c’est grâce à tous les activistes qui défendent les droits des personnes handicapées mais aussi, qu’on les aime ou qu’on les déteste, aux réseaux sociaux. Ils ont réellement changé notre façon de communiquer, de nous montrer, d’échanger avec les autres. De plus en plus de personnes ayant un handicap prennent la parole et se filment pour expliquer leur handicap et leur quotidien. Mais aussi, comme tout le monde, donner leur avis sur l’actualité ou bien suivre leur marque de vêtements préférée. La preuve que ce ne sont pas des superhéros, juste des personnes ordinaires.

La campagne mondiale #WeThe15, lancée à l’occasion du début des Jeux Paralympiques de Tokyo, en est le porte-voix : oui, on peut mener la même vie que celle de n’importe qui d’autre en ayant un handicap. Et non, le handicap ne concerne pas seulement les 1,2 milliard de personnes dans le monde qui en ont un (ou plusieurs) mais bien tout le monde. Cette campagne marque peut-être un vrai changement de mentalité. En tout cas, on l’espère !

Car souvent, notre regard reste “bloqué” sur le handicap d’une personne alors qu’il faut voir plus loin : elle a peut-être un sens de l’humour que vous allez adorer ou bien peut-être qu’elle fait le meilleur tiramisu du monde. C’est à nous tous d’aller plus loin, de ne plus s’attarder à un handicap, aux difficultés que certains peuvent avoir pour créer une société inclusive et où le vivre ensemble tient une place d’honneur. 

Pour ceux qui veulent aller plus loin sur cette notion passionnante, on vous conseille cette incursion dans la philosophie :

“Hybridation” ou “inclusion” le débat est lancé ! Parole à Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie. Cela va changer votre perception du mot “inclusion”…

Des entreprises favorisant l’inclusion des travailleurs handicapés

Même si l’inclusion est indispensable dans tous les domaines, dans celui de l’emploi, elle l’est encore plus puisqu’elle est synonyme d’intégration sociale. Malheureusement, dans le mode de pensée actuel de notre société, une personne qui travaille a plus de valeur qu’une personne qui ne travaille pas. Ce qui signifie qu’elle est donc légitime pour faire partie de la société et d’en être un des acteurs. 

Bien entendu, ce mode de pensée reste faux et ne correspond pas aux valeurs d’inclusion que nous promouvons. Que l’on soit à la retraite ou en incapacité de travailler, nous avons tous notre place dans la société.

Mais il est vrai que le marché du travail représente le domaine où le besoin d’inclusion est le plus fort. En effet, le taux de chômage des personnes handicapées est au-dessus de la moyenne.

Comment l’entreprise peut-elle changer cela et être accessible mais aussi inclusive?

En suivant ces lignes directrices :

  • Rendre ses locaux physiquement accessibles. Cela comprend donc l’extérieur avec le parking mais aussi les lieux de repos et de restauration, les sanitaires…
  • Mettre en place des équipements adaptés pour permettre aux salariés handicapés d’effectuer leurs tâches.
  • Aménager si besoin le temps de travail des salariés handicapés.

Et dans un monde parfait, de former tous ses employés au handicap afin de bien accueillir ceux qui en ont. Alors, leur intégration sera pleinement réussie. 

A noter que si les lieux de travail accueillent du public, ils doivent appliquer la même réglementation que celle des ERP. Cela signifie que s’il s’agit de locaux neufs ou de locaux dont les parties sont neuves, tout doit être accessible. Petite précision : si les locaux sont existants, l’entreprise n’est pas obligée de les rendre accessibles, sauf bien évidemment si elle emploie des personnes handicapées. 

Le smart building, c’est-à-dire un bâtiment intelligent, peut vous aider à mettre l’accent sur l’accessibilité et l’inclusion dès la conception des locaux de votre entreprise. Ce type de construction novateur s’attache à limiter les situations anxiogènes des usagers, visiteurs ou employés.

Tout est pensé en fonction des besoins des personnes ayant un handicap. De plus, le smart building est mieux construit au sens où il est plus durable.

Smart building et inclusion – Interview de Nathalie Chapuis, Directrice Innovation Urbaine et Grands Projets chez GA Smart Building

Si les lieux de travail n’accueillent que du personnel, c’est le Code du travail qui prévaut. Et là aussi, il y a des règles à suivre pour permettre aux salariés en situation de handicap de travailler dans un lieu accessible.

Pour les équipements adaptés aux personnes handicapées, on retrouve par exemple le mobilier adapté pour les salariés en fauteuil roulant. On a aussi la plage braille pour les salariés aveugles. Connectée à leur ordinateur, elle leur permet de lire et d’écrire et donc de travailler facilement. 

Tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur la mystérieuse écriture braille

Certains aménagements ou équipements peuvent s’avérer coûteux mais il existe des organismes tels que l’Agefiph qui aident financièrement les entreprises. L’Agefiph accompagne également les personnes handicapées à accéder à un emploi et à le conserver. Tout comme le groupe JLO, un cabinet RH et QVT (qualité de vie au travail). C’est bien la preuve que le travail des personnes handicapées constitue une vraie problématique mais qui peut être résolue. 

L’Agefiph, un partenaire incontournable pour l’action emploi/handicap au sein des entreprises privées 

“Travailler autour du handicap c’est faire bénéficier le collectif de la réflexion sur (…) le vivre ensemble”.

Un réflexe à prendre pour les entreprises qui emploient des salariés sourds, c’est d’avoir recours aux services d’un interprète français/langue des signes française (LSF) lors des réunions afin d’être sûr de bien pouvoir communiquer avec eux. Cela favorise aussi l’inclusion.

Selon le rapport de l’Agefiph de 2019 sur les personnes handicapées et l’emploi, la France comptait alors 988 000 travailleurs en situation de handicap. Un nombre encore trop bas alors que le Code du travail stipule que toute entreprise d’au moins 20 salariés doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6% de l’effectif total. 

Malheureusement, l’idée reçue selon laquelle les personnes handicapées ne peuvent pas travailler est encore très ancrée alors que plusieurs études et recherches ont démontré qu’une entreprise diversifiée et inclusive est source de performance. En effet, selon celle du cabinet McKinsey, les entreprises avec un haut niveau de diversité culturelle et ethnique sont 35% plus à même d’avoir des résultats plus performants que les autres entreprises de leur secteur. De quoi faire un pied de nez à ceux qui pensent qu’un salarié handicapé va “ralentir” leur productivité…

Employer des personnes en situation de handicap, c’est favoriser leur insertion aussi bien professionnelle que sociétale et donc l’inclusion. Comme tout le monde, les personnes handicapées ont le droit de travailler, de s’épanouir pleinement, d’être acteurs de la société, de discuter avec leurs collègues autour d’un café… Pour cela, elles ont besoin d’être accueillies à bras ouverts par les entreprises, quel que soit leur domaine d’activité.

Les entreprises peuvent tirer de réels bénéfices d’une politique handicap intelligente et bien menée, pensée pour être inclusive. Elles doivent faire preuve d’audace et donner leur chance à celles et ceux qui sont habituellement mis de côté. 

Certaines entreprises engagent presque exclusivement des personnes en situation de handicap. C’est le cas de l’entreprise sociale et solidaire Café Joyeux qui emploie majoritairement des personnes ayant un handicap mental ou cognitif. Basé à Paris, Rennes et Bordeaux, les salariés handicapés occupent tous les postes de ce café-restaurant : managers, équipiers, cuisiniers… 

Pour Charlotte, une équipière d’un Café Joyeux, l’inclusion passe obligatoirement par le travail : “Je veux exister dans ce monde du travail”. 

Maintenant que vous avez une idée globale de ce qu’est l’accessibilité, nous allons pouvoir entrer au cœur du sujet en nous attardant sur les différents champs de la vie quotidienne ! Voyons quels sont les enjeux liés à l’accessibilité pour les personnes ayant un handicap !

Que comprend l’accessibilité physique ?

On entend souvent parler d’accessibilité physique pour les réseaux de transport comme la gare et le métro ainsi que les habitations et les établissements. Quels sont les enjeux de ces différents lieux ? Où l’accessibilité est-elle nécessaire ?

L’accessibilité des transports publics

Ici, un autre terme sur lequel on doit s’attarder, c’est celui de la mobilité inclusive. Il est vrai que la mobilité représente l’un des défis les plus difficiles à relever pour permettre aux personnes ayant un handicap de se déplacer en toute autonomie. Car les personnes à mobilité réduite, celles en fauteuil roulant, les personnes aveugles ou malvoyantes… ont toutes des besoins spécifiques lorsqu’elles se déplacent. Gares, métros, bus, tramways…, quel est le rôle de l’accessibilité dans ces différents réseaux ?

Les transports publics doivent en fait tabler sur deux volets : l’accès physique à leur réseau et l’information voyageur.

obstacle transport accessibilité handicap

Un accès physique au moyen de transport

Pour permettre aux voyageurs en situation de handicap de se déplacer facilement et en toute autonomie, chaque étape au sein du réseau de transport choisi doit être accessible :

  • Préparer son déplacement : les personnes handicapées ont besoin d’appréhender en amont leur trajet. Des guides en relief pour les personnes malvoyantes ou en langage facile à lire et à comprendre (FALC) pour celles ayant une déficience intellectuelle leur sont particulièrement utiles.

Transports en commun : des solutions d’accessibilité, aussi pour le handicap mental !

  • Trouver l’entrée de la bouche de métro ou de la gare : balise sonore pour les personnes déficientes visuelles, une signalétique claire et lisible avec des pictogrammes universels et des bandes de guidage.

Une signalétique pour l’autonomie des personnes en situation de handicap cognitif ! Une 1ère en France

  • Descendre à la station : un escalier avec des nez de marche antidérapants et des contremarches contrastées mais aussi une main courante continue pour les personnes aveugles ou malvoyantes, un ascenseur pour les utilisateurs de fauteuil roulant et un escalator pour les personnes à mobilité réduite.
  • Acheter un ticket : boutons en relief ou en braille sur le distributeur automatique pour les usagers ayant une déficience visuelle, un guichet équipé d’une boucle à induction magnétique pour les usagers avec une déficience auditive et un comptoir abaissé pour les personnes en fauteuil roulant.
  • Trouver le quai : une signalétique visuelle et sonore et un guidage podotactile.
  • Monter dans le train : une rampe d’accès pour les utilisateurs de fauteuils roulants.

Une information voyageur accessible

Tout au long de ces étapes, les voyageurs handicapés doivent pouvoir recevoir toutes les informations nécessaires : sur quel quai ils doivent se rendre, si leur train a du retard, sa direction, ses arrêts… Ce qui signifie que les bornes d’information voyageur doivent à la fois être visuelles et sonores pour aider les usagers sourds ou malentendants mais aussi les usagers aveugles ou malvoyants à voyager sereinement. En soi, leur faciliter l’accès aux informations est tout aussi indispensable que leur permettre d’accéder physiquement à la gare ou au métro. 

L’accessibilité du cadre bâti

Qu’est-ce qu’on entend par cadre bâti ? Cela regroupe les constructions ou aménagements physiques établis par l’être humain. On y retrouve donc la route, les ponts, les jardins communautaires…

Pour les personnes en situation de handicap, l’accessibilité du cadre bâti est primordiale pour le logement, les lieux de travail et entreprises mais aussi pour tous les établissements recevant du public. 

Rendre les bâtiments physiquement accessibles n’est que la première étape. Comme on l’a vu plus haut, une inclusion véritable est nettement plus compliquée.

Des logements fonctionnels et accessibles

Un logement accessible, c’est par exemple permettre aux personnes utilisant un fauteuil roulant de se déplacer sans difficultés, des chemins extérieurs menant à la porte d’entrée de l’immeuble jusqu’à la hauteur du plan de travail de la cuisine. 

Encore une fois, les difficultés que peuvent rencontrer les personnes handicapées sont prises en compte pour que leur logement corresponde entièrement à leurs besoins.

Les abords de l’habitation
  • Places de parking PMR
  • Cheminement avec un contraste visuel et tactile pour les personnes déficientes visuelles
  • Cheminement fluide et sans obstacles
  • Cheminement disposant d’un espace de manœuvre avec possibilité de faire demi-tour pour les personnes en fauteuil
  • Rampe d’accès à l’entrée ou seuil surélevé pour les personnes en fauteuil roulant
  • Dispositif permettant d’entrer dans le logement ou de se signaler à l’occupant facilement repérable et atteignable, sonore et visuel
  • Dispositif sonore et visuel permettant au visiteur de communiquer facilement avec l’occupant
L’intérieur de l’habitation
  • Cheminement accessible pour toutes les parties du logement : cave, cellier, local poubelle…
  • Cheminement disposant d’un espace de manœuvre avec possibilité de faire demi-tour pour les personnes en fauteuil
  • Numéros d’appartement en relief pour les personnes déficientes visuelles
  • Escaliers sécurisés comme indiqués précédemment
  • Ascenseur avec une signalétique en relief pour les personnes aveugles ou malvoyantes
  • Poignées de porte facilement préhensibles et atteignables pour les personnes à mobilité réduite
  • Salle d’eau avec des toilettes et des équipements accessibles aux personnes en fauteuil roulant

4 recommandations pour adapter votre signalétique en braille

L’accessibilité des lieux de travail

On vous en a parlé précédemment dans notre chapitre sur l’inclusion. Bien évidemment, les entreprises et tous les lieux de travail sont concernés par la réglementation accessibilité. On retrouve donc les mêmes équipements et dispositifs à mettre en place (rampe d’accès, escaliers sécurisés, sanitaires accessibles, signalétique…) pour permettre aux employés ou aux visiteurs en situation de handicap d’accéder au bâtiment et de s’y déplacer sans le moindre obstacle.

L’accessibilité des installations ouvertes au public

Pour comprendre ce que sont les installations ouvertes au public, appelées IOP, il faut d’abord s’attarder sur les établissements recevant du public. En effet, un bâtiment est considéré comme un ERP par les services incendie dès lors que la question de l’évacuation de personnes se pose. Autrement dit, le concept d’IOP complète la définition des ERP basée sur les besoins de la sécurité incendie.

Que regroupent les installations ouvertes au public ?

Les installations ouvertes au public, ce sont donc tous les espaces publics ou privés qui desservent des ERP. On peut avoir par exemple les cheminements principaux des jardins publics ou des cimetières. Cela correspond donc à tous les aménagements permanents et non rattachés à un ERP et qui ne sont pas concernés par les règles de sécurité. Étant donné que ces installations sont justement ouvertes au public, elles se doivent d’être accessibles.

Par contre, les aménagements de la voirie et des espaces publics comme les places ou le mobilier urbain ainsi que ceux relevant des espaces naturels comme les plages ou les chemins de randonnée ne constituent pas des IOP. Il en va de même pour tous les équipements de sports et de loisirs comme les pistes de ski, les skateparks ou encore les jeux pour enfants ou adultes. 

Pour ceux intéressés par l’accessibilité des espaces naturels, découvrez notre article Comment rendre un espace naturel accessible aux personnes handicapées ?

Deux personnes marchent sur un cheminement en caillebotis d'un espace naturel, ce qui permet d'avoir une accessibilité

Quelle réglementation s’applique aux IOP ?

Tout comme les ERP, les installations ouvertes au public dépendent des décrets et arrêtés de 2014. Là aussi, on compte des IOP faisant partie d’un cadre bâti existant et d’autres neufs. Les normes d’accessibilité diffèrent donc en fonction. 

Pour plus de détails, vous pouvez consulter le Guide illustré – Accessibilité des établissements recevant du public et installations ouvertes au public existants établi par le ministère de la Transition écologique et solidaire.

Mais on vous offre tout de même une incursion dans l’univers des ERP accessibles !

L’accessibilité ERP

A quoi fait référence le terme ERP ? Et bien à tous les établissements recevant du public, c’est-à-dire les lieux privés ou publics qui accueillent des clients ou des usagers autres que des employés : centres commerciaux, commerces, banques, hôtels, bars et restaurants, hôpitaux, lieux de culte, services publics tels que les mairies, établissements scolaires comme les universités, les lieux culturels, les établissements sportifs comme les stades, les parcs d’attractions…

A noter que les ERP sont classés en catégories allant de 1 à 5, en fonction de leur capacité à accueillir du public, mais aussi en types, symbolisés par des lettres, afin d’identifier leur nature.

Il existe de nombreuses normes et réglementations pour la mise en accessibilité des établissements recevant du public mais elles comportent des différences entre les ERP neufs et ceux d’un cadre bâti existant. 

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L’accessibilité ERP concerne les abords et l’intérieur du bâtiment, comprenant également tous les services qui y sont proposés. Voyons ensemble les principales solutions qui existent ! Vous verrez que vous en connaissez déjà quelques-unes.

Place de parking PMR qui permet plus d'accessibilité

Les abords du bâtiment
  • Places de parking PMR 
  • Bandes de guidage
  • Balise sonore
  • Rampes d’accès à l’entrée pour les utilisateurs de fauteuils roulants

Découvrez-en plus sur les rampes PMR :

Rampes PMR : quelle réglementation ? Que faut-il savoir ?

Dimensions, matériau, prix, comment choisir votre rampe PMR ?

L’intérieur du bâtiment

Des clous podotactiles pour indiquer la descente d'escaliers et les rendre accessibles

Mais il faut aller plus loin que la norme et privilégier la qualité d’usage pour que les équipements mis en place soient réellement utiles aux personnes ayant un handicap. Conformité réglementaire n’est pas toujours synonyme d’accessibilité.

Pour mieux comprendre cet aspect, lisez l’interview de Mathias Polin, un usager en fauteuil roulant :

« Ma plus grande galère, c’est le trottoir de ma rue. » 

Vous verrez qu’il rencontre quelques soucis avec les rampes PMR. Les ERP qui ont une rampe à leur entrée doivent penser à comment elle est utilisée par les personnes à mobilité réduite.

Tous ces équipements d’accessibilité doivent toujours être en bon état de fonctionnement. Ce qui signifie qu’ils ont besoin de maintenance et d’un suivi régulier. Après tout, ils garantissent l’accessibilité de l’ERP mais aussi la sécurité des usagers et employés.

Comment bien gérer la maintenance de vos équipements d’accessibilité ?

A noter que les chiens guides pour les personnes déficientes visuelles sont les seuls animaux à être acceptés partout donc dans tous les établissements recevant du public. C’est normal puisqu’ils représentent une vraie aide à la mobilité pour les aveugles et les malvoyants. Sans compter sur le fait qu’ils ont eu une éducation spéciale et savent se tenir en public.

Comment accueillir et se comporter avec un chien guide d’aveugle ?

Les services accessibles

Il n’y a pas que le bâtiment qui doit être accessible mais aussi tous les services qu’il propose. Cela passe par l’aménagement de toilettes PMR mais aussi par un accès facile aux restaurants d’un centre commercial par exemple et tout ce qu’il y a en plus des magasins. 

Pour les lieux culturels comme les musées, l’accessibilité prend une toute autre ampleur car ils doivent aussi rendre accessible le contenu de leurs expositions. Des solutions comme l’audiodescription pour les personnes ayant un handicap visuel, également mise en place au cinéma, des maquettes tactiles et en relief, des vidéos sous-titrées pour les usagers ayant un handicap auditif permettent à tous les visiteurs de faire le plein de culture.

Découvrez comment les musées se réinventent dans nos articles pour mettre les personnes en situation de handicap au cœur de leurs préoccupations :

Accessibilité des musées : du confort physique et psychique pour tous – Interview de l’architecte Nadia Sahmi 

Culture pour tous : comment rendre les musées accessibles aux personnes en situation de handicap ?

Pour un musée, miser sur une expérience phygitale pour faciliter la vie des visiteurs ayant un handicap peut s’avérer tout à fait pertinent.

Le phygital est la parfaite combinaison entre équipement physique et solution digitale. Le but est de créer une expérience interactive unique pour les usagers. Ce qui s’applique très bien au parcours des visiteurs d’un musée.

C’est la raison pour laquelle bon nombre de musées mettent en place des expériences phygitales. Cela permet de rendre l’art et la culture accessibles à tous. Et de découvrir les œuvres d’une autre façon, moins classique.

Qu’est-ce qu’une expérience phygitale et comment peut-elle améliorer l’accessibilité de votre établissement ?

Pour les personnes aveugles ou malvoyantes, l’accès aux services reste compliqué, même une fois l’établissement conforme. C’est la raison pour laquelle il faut se concentrer sur la qualité d’usage, c’est-à-dire prendre en compte les besoins des usagers.

Afin de mieux vous éclairer sur ce sujet, on a fait appel à Lise, notre experte accessibilité et usage. Ses conseils sont précieux pour avoir une réelle accessibilité. Les solutions restent les mêmes. Il s’agit seulement de se recentrer sur les usagers.

Comment instaurer une bonne qualité d’usage pour les personnes déficientes visuelles dans votre établissement ? | Notre experte Lise vous dit tout

La solution d’effet équivalent

C’est dans l’arrêté du 8 décembre 2014 qui régit les dispositions du cadre bâti au niveau de l’accessibilité que l’on trouve la notion de solution d’effet équivalent.

Qu’est-ce qu’on entend par solution d’effet équivalent ? Tout simplement un dispositif ou un équipement qui permet d’avoir de l’accessibilité alors que ce n’est pas une solution citée dans la réglementation. Parfois, les maîtres d’œuvre ou maîtres d’ouvrage sont face à des situations où les dispositifs faisant partie de la réglementation ne peuvent pas s’appliquer au bâtiment sur lequel ils travaillent. Se tourner vers une solution d’effet équivalent leur permet d’utiliser de nouvelles innovations qui rendent le lieu en question accessible.

A titre d’exemple, la balise sonore que l’on vous a présentée est une solution d’effet équivalent. Elle ne fait certes pas partie de la réglementation mais elle apporte un guidage audio optimal pour les personnes déficientes visuelles. D’ailleurs, 80% d’entre elles pensent que la balise sonore représente le dispositif qui leur est le plus utile.

Si vous vous intéressez de plus près aux dispositifs permettant aux établissement d’être plus accessibles, découvrez nos articles :

L’accessibilité PMR de votre ERP : tous les équipements indispensables !

L’accessibilité des sourds et malentendants dans les ERP : information, orientation et communication

8 points à vérifier pour rendre votre ERP accessible aux aveugles et malvoyants

Instaurer une accessibilité efficace pour les personnes avec un handicap mental dans les ERP

Un personnel formé pour l’accueil des personnes handicapées

Sont concernés aussi bien les agents d’un guichet d’un réseau de transport que ceux d’un service public ou encore les réceptionnistes d’un hôtel. Tous les employés amenés à interagir et renseigner des usagers en situation de handicap doivent être formés à bien les accueillir.

Cela signifie qu’ils doivent comprendre leur type de handicap afin de savoir comment répondre le mieux possible à leurs besoins. 

Former le personnel à l’accueil des personnes handicapées fait partie intégrante de la loi du 5 août 2015. Il existe de nombreux organismes de formation pour accompagner les établissements recevant du public à fournir un accueil de qualité à tous leurs usagers, quel que soit leur profil.

Mais il y a bien sûr des évidences qui relèvent du bon sens comme faire preuve d’empathie et sourire. Cela permet de mettre à l’aise les usagers en situation de handicap, mais c’est aussi valable pour tous les autres, et d’établir une relation de confiance.

Si vous avez peur de commettre un impair face à une personne handicapée, nos conseils vous seront précieux :

6 conseils pour communiquer avec une personne aveugle ou malvoyante

12 conseils pour bien accueillir une personne sourde ou malentendante

9 conseils pour bien accueillir une personne avec un handicap mental

8 conseils pour bien accueillir une personne avec un handicap moteur

Gardez en tête que le personnel a un rôle clé surtout dans les établissements où l’autonomie des personnes ayant un handicap n’est pas possible.

Notre collègue, Lise, Experte en accessibilité et usage, développe son avis sur la place du personnel dans son interview :

Comment instaurer une bonne qualité d’usage pour les personnes déficientes visuelles dans votre établissement ?

Et pour aussi avoir le point de vue d’une personne ayant un handicap auditif, découvrez cet article :

« Je veux pouvoir communiquer de façon fluide à l’écrit et en LSF » – Interview de Maryline Romon, Sourde

Le guide complet de l'accessibilité ERP ! Je le veux !

C’est quoi l’accessibilité de la voirie et des espaces publics ?

La voirie et les espaces publics concernent tout ce qui fait partie du domaine public non bâti comme les rues, chemins, voies, places, squares, places de stationnement, carrefours, arrêts de transport collectif… En fait, tous ces lieux qui relèvent d’un usage public et où une multitude de pratiques, de situations, de modes de déplacements se rencontrent. Des zones d’échanges ou de partages où le collectif et le vivre ensemble prennent vie.

Rendre la voirie et les espaces publics accessibles : un enjeu de taille

Forcément, on se déplace tous dans les rues de notre ville, on se rend dans un parc dès l’arrivée des beaux jours, on traverse un carrefour, on prend le bus… Trois choses sont alors à retenir : la ville nous appartient à tous, quel que soit notre mode de déplacement, respecter les autres est essentiel pour bien vivre ensemble et la ville doit répondre aux besoins de tout le monde, notamment ceux des personnes en situation de handicap.

Mais de par la diversité de nos usages, notre mobilité et nos capacités, atteindre une véritable accessibilité n’est pas une mince affaire…

Concevoir une ville accessible à tous, c’est permettre à tout le monde de se déplacer, de circuler facilement, mais aussi de s’arrêter, se reposer et d’en profiter en toute autonomie. Les personnes âgées ou à mobilité réduite doivent pouvoir marcher à leur rythme, sans craindre de tomber ou de se faire renverser par un cycliste ou un usager à trottinette. Qui dit accessibilité de la voirie et des espaces publics dit sécurité.

On peut déjà parler d’un élément de base à respecter pour l’accessibilité et la sécurité de tous : des sols non meubles, non glissants et sans obstacles. Aucun frein à la mobilité ni risque de chute !

D’autres solutions simples de ce genre sont facilement implantées :

  • Cheminements larges pour les personnes utilisant un fauteuil roulant
  • Pente la plus faible possible pour les personnes en fauteuil roulant
  • Traversées clairement identifiées avec un contraste visuel et une bande d’éveil de vigilance
  • Mobilier urbain sur pieds ou sur poteaux pour être facilement détectable par les personnes aveugles ou malvoyantes
  • Escaliers sécurisés
  • Places de stationnement et parcmètres accessibles aux personnes ayant un handicap moteur
  • Arrêt de transport collectif adapté aux personnes en fauteuil roulant
  • Information voyageur visuelle et sonore à chaque arrêt
  • Signalétique facilement visible, lisible et compréhensible pour les personnes ayant un handicap cognitif

Grâce à ces équipements et ces dispositifs, les personnes handicapées peuvent profiter de la ville avec la plus grande autonomie possible. Chaque usager a sa place, quelles que soient ses capacités.

Prenons un cas pratique avec l’accessibilité du tram pour les usagers ayant un handicap visuel :

Voies de tram : comment les rendre accessibles et sûres pour les personnes déficientes visuelles ?

Pour mieux comprendre les problématiques que pose la diversité des usages, découvrez nos articles :

Quelles initiatives pour l’accessibilité de la voirie et des espaces publics ? (1ère partie)

Quelles initiatives d’accessibilité pour la voirie et les espaces publics ? Focus sur le guidage des déficients visuels (2ème partie)

Quelle réglementation s’applique à la voirie et aux espaces publics ?

La voirie et les espaces publics sont également couverts par la loi handicap. L’accent est mis sur la prise en compte de tous les types de handicap, qu’ils soient temporaires ou non, mais aussi sur la conception universelle.

De plus, la chaîne du déplacement y tient une place centrale de par son importance : supprimer tous les obstacles, les freins à la mobilité des personnes ayant un handicap. Comme vu précédemment, tous les maillons de la chaîne doivent être liés les uns aux autres pour permettre des déplacements fluides et continus.

Le PAVE : la première étape pour des villes accessibles

Les communes de plus de 1000 habitants sont dans l’obligation d’établir un Plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (PAVE). Ce document pose la première pierre d’accessibilité : il contient un diagnostic de l’existant, une estimation du budget des travaux, une hiérarchisation des travaux à effectuer et une programmation pluriannuelle des travaux à effectuer.

Pour les communes de moins de 1000 habitants, la réalisation d’un PAVE n’est pas obligatoire mais tout de même conseillée. Ce document peut en effet leur être utile pour les dérogations.

A noter que le PAVE n’impose pas une date butoir aux villes. Elles peuvent donc se rendre accessibles à leur rythme. Cela leur laisse le champ libre pour intégrer de nouveaux projets et continuer les travaux qu’elles avaient déjà prévus.

Le PAVE représente un outil indispensable aux villes pour définir leur niveau d’accessibilité et l’améliorer. 

Pour de plus amples informations, nous vous conseillons ces guides gratuits établis par le CEREMA, centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement :

Les plans de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (PAVE)

Accessibilité de la voirie et des espaces publics (PAVE)

Voirie urbaine

L’accessibilité, synonyme de rayonnement pour les villes

Une ville accessible est une ville reconnue ! Il existe d’ailleurs un prix récompensant les villes européennes pour leur engagement en matière d’accessibilité : Access City Award. Et figurez-vous que la ville de Lyon a été la première ville de France à avoir remporté ce prix en 2018 !

Cela fait des années que la cité des Gones réalise des actions concrètes pour développer son accessibilité et son inclusion. On ne peut que saluer son engagement infaillible pour rendre la ville accessible à tous !

Un 1er Prix européen pour l’accessibilité de la ville de Lyon !

A travers l’accessibilité, c’est donc toute une ville qui rayonne. Mais aussi un patrimoine, un territoire. Une accessibilité réussie permet de décupler leur attractivité mais aussi leur tourisme.

D’ailleurs, le gouvernement a créé deux labels pour mettre en lumière l’accessibilité des lieux touristiques : “Tourisme & Handicap” et “Destination pour Tous”. Le tourisme accessible est en effet en pleine croissance !

Ces deux marques d’Etat permettent aux touristes ayant un handicap de savoir quels lieux leur sont accessibles en fonction de leurs besoins et capacités. Car 85% des personnes handicapées se renseignent au préalable sur le niveau d’accessibilité de leur lieu de vacances. Cela est tout à fait logique car se déplacer peut vite se transformer en cauchemar quand rien n’est accessible.

Sans surprise, le littoral est une destination favorite des personnes handicapées. D’ailleurs, le site Handiplage recense toutes les plages accessibles. Tout le monde peut profiter des bienfaits de la mer ! Mention spéciale pour La Rochelle, l’une des villes à avoir accueilli le plus de touristes avec un handicap en été. Preuve est que ce n’est pas parce que l’on a un handicap que l’on ne ressent pas les mêmes envies que tout le monde : se détendre, se déconnecter de sa routine quotidienne, changer d’air, se défouler, bref s’amuser !

Grâce à ces labels, des villes et des territoires comme Amiens, Bordeaux, l’Agglomération du Grand Dax, la Communauté Urbaine de Dunkerque et bien d’autres encore, rayonnent littéralement et se démarquent :

  • Ils attirent une autre clientèle avec des besoins spécifiques
  • Ils augmentent la fréquentation de leur site
  • Ils valorisent leur territoire
  • Ils offrent des séjours inclusifs et un accueil répondant aux besoins des personnes ayant un handicap

“Tourisme & Handicap”, “Destination pour Tous”, deux marques d’Etat pour des lieux de vacances accessibles à tous !

Redonner aux usagers handicapés la place qui leur revient de droit dans nos villes

On pense à tort qu’il n’y a pas d’handicapés dans nos villes alors qu’en fait, si on en croise rarement, c’est seulement parce que nous empruntons des trajets ou que nous allons dans des lieux qui ne leur sont pas accessibles. 

Pierre-Marie Micheli, Vice-président de l'Association des Chiens Guides d'Aveugles de Lyon et du Centre-Est

Mais les personnes en situation de handicap sont bien présentes et doivent pouvoir se déplacer en ville en toute autonomie comme tout le monde. En faisant en sorte de répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables, on améliore également la qualité d’usage de toutes les autres. 

A titre d’exemple, un trottoir abaissé sert aux parents avec poussette, aux personnes encombrées par des bagages, aux personnes âgées, aux enfants mais aussi aux personnes à mobilité réduite et à celles utilisant un fauteuil roulant. 

De même que des pictogrammes universels permettent à ceux ayant un handicap cognitif, ceux ne parlant pas la langue du pays et ceux qui sont facilement stressés de se repérer. 

Le vivre ensemble est bel et bien possible et à notre portée à tous ! Comme on l’a vu, l’inclusion ne consiste pas seulement à inclure les personnes ayant des capacités différentes mais à créer activement des espaces de rencontres et d’échanges. C’est participer collectivement à concevoir une société où tout le monde se sent bien.

Il existe véritablement de nombreuses solutions qui favorisent l’inclusion des personnes handicapées et améliorent leur mobilité. Découvrons ensemble ces innovations qui permettent à nos villes d’être plus accessibles et plus inclusives !

Les feux sonores pour les piétons aveugles ou malvoyants

S’il y a bien une solution qui a révolutionné la mobilité des personnes ayant un handicap visuel, c’est bien les feux sonores. Inventés en 1993 par l’entreprise lyonnaise EO Guidage, aujourd’hui Okeenea, ils aident les personnes aveugles ou malvoyantes à traverser la rue en toute sécurité.

Mais comment ça marche exactement ? Les figurines piétons des feux sonores sont en fait équipées d’une carte électronique. Pour les nouveaux feux, elle est intégrée directement par les fabricants mais elle peut aussi être installée sur un feu déjà existant. Bien entendu, les fabricants et installateurs appliquent la réglementation correspondante.

La réglementation des feux sonores décryptée, téléchargez-la !

Les feux sonores sont déclenchés à la demande par les usagers déficients visuels soit par une télécommande normalisée soit par l’application MyMoveo. Figurez-vous que 89% des personnes aveugles ou malvoyantes utilisent un smartphone. Il représente pour elles un vrai outil du quotidien.

Une fois les modules activés, ils diffusent un message sonore chaque fois que la figurine piéton change de phase, c’est-à-dire lorsqu’elle passe du rouge ou vert et vice versa. Il y a un signal sonore correspondant à chaque phase. 

C’est grâce aux feux sonores que les 1,7 million de Français ayant une déficience visuelle peuvent traverser la rue. Couplés avec les bandes d’éveil de vigilance, les feux sonores apportent de l’autonomie et de la sérénité aux usagers aveugles ou malvoyants durant leurs traversées. Ils leur permettent de :

  • S’orienter pour localiser la traversée piétonne
  • Savoir quand traverser la rue 
  • Se guider pendant la traversée pour atteindre le plus vite possible le trottoir d’en face

Les villes s’engagent à rendre la voirie accessible mais aussi à en informer ses usagers pour qu’ils puissent en profiter. Elles s’appuient notamment sur les associations pour les personnes déficientes visuelles présentes localement mais aussi sur la collecte des données. 

Si vous vous intéressez aux feux sonores, notre guide complet reprenant réglementation, usage et bonnes pratiques vous expliquera tout ce que vous devez savoir à leur sujet !

La réglementation des feux sonores décryptée, téléchargez-la !

 

Les carrefours sans feux : plus de place aux mobilités actives mais plus d’accessibilité ?

La voirie n’est pas seulement composée de feux de signalisation. De plus en plus de villes font le choix de supprimer les feux tricolores afin de fluidifier leur trafic, limiter les bouchons, la pollution et le bruit occasionné par les voitures arrêtées au feu rouge…

Elles font place aux mobilités actives, également appelées mobilités douces : la marche à pied, le vélo, la trottinette… En somme, des modes de transports qui nuisent le moins possible à notre environnement, des transports dits de mobilité durable ou d’écomobilité.

Mais la suppression des feux de signalisation amène une question : comment garantir de l’accessibilité aux piétons déficients visuels qui ne peuvent plus compter sur la synthèse vocale pour les guider lors de leur traversée ?

Forcément, les piétons aveugles ou malvoyants, et d’autres piétons vulnérables comme les personnes âgées, les enfants ou les personnes à mobilité réduite, ressentent un sentiment d’insécurité.

Même si le code de la route “impose” aux automobilistes de laisser les piétons traverser, on sait tous que ce n’est pas toujours le cas. Par ailleurs, comment les personnes ayant un handicap visuel peuvent-elles savoir qu’un automobiliste les laisse passer puisqu’elles ne peuvent pas les voir ?

Elles ont besoin de repères tactiles et sonores pour traverser en sécurité. Et cela, la ville de Rouen l’a bien compris : elle a installé un balisage sonore à l’un de ses carrefours sans feux en centre-ville. Une innovation qui devrait séduire de nombreuses villes qui suppriment les feux tricolores !

Balise sonore fixée sur un mât à Rouen rend le carrefour accessible
Signaux sonores et lumineux fixés à un mât à Rouen

Comment ça marche ? La métropole de Rouen a installé des mâts aux passages piétons de la rue en question dans lesquels une carte électronique d’Okeenea Tech est installée.

Il s’agit d’une balise sonore intégrée, activée à la demande par les usagers déficients visuels via les deux outils de déclenchement cités plus haut, et qui leur indique le début de la traversée.

Un signal lumineux en haut du mât est activé en même temps que la signalétique sonore destinée aux piétons. De cette façon, les automobilistes sont informés qu’une personne déficiente visuelle souhaite traverser et qu’ils doivent donc s’arrêter. 

Ce système de balisage sonore représente un bon palliatif à la suppression des feux : il aide les piétons aveugles ou malvoyants à localiser leur traversée et à se repérer dans un environnement complexe tout en signalant aux automobilistes qu’un piéton déficient visuel s’engage sur le passage piéton.

La métropole de Lyon a elle aussi installé une signalétique sonore similaire au carrefour complexe Totem à Villeurbanne. Là aussi, les feux avaient été supprimés. Les personnes aveugles ou malvoyantes avaient donc perdu leurs repères.

Mais la mise en place balises sonores sur toutes les traversées du carrefour ont permis de le rendre plus confortable.

Elles indiquent aux piétons qui les activent le nom de la rue, ce qui leur permet de s’orienter facilement au sein de ce carrefour complexe.

Manon Callot, Technicienne accessibilité de la métropole de Lyon, et Pierre-Marie Micheli, Président de l’association Point de Vue sur la Ville, ont co-construit le projet. Découvrez-en tous les détails dans leur interview croisée :

La métropole de Lyon sécurise le carrefour sans feux du Totem grâce à nos balises sonores

Les carrefours complexes

D’autres types de carrefours donnent lieu à des problématiques de taille pour les piétons vulnérables comme les carrefours complexes. Un carrefour devient complexe quand :

  • Plus de deux rues se croisent
  • Plus de deux voies de circulation sont parallèles
  • Une voie de circulation est réservée aux transports en commun
  • Présence d’une ou plusieurs voies cyclables
  • Présence d’un îlot refuge qui sépare les voies de circulation
  • Des phases de feux sont en décalage sur les différentes voies de circulation

On a tous parcouru un carrefour complexe sans vraiment y faire attention si ce n’est faire preuve d’une vigilance redoublée. Pour les piétons aveugles ou malvoyants, dans un carrefour complexe où des voies différentes sont proches les unes des autres, il leur est difficile de bien interpréter le message des feux sonores.

Les aménagements de ces traversées complexes sont donc à revoir pour une meilleure accessibilité : 

  • Etablir un couloir sonore pour guider l’usager tout au long de sa traversée
  • Synchroniser les répétiteurs de feux
  • Eloigner les répétiteurs sonores les uns des autres
  • Séparer les passages piétons
  • Mettre en place un îlot refuge

Mais l’accessibilité de la voirie ne concerne pas seulement les personnes ayant un handicap visuel. C’est vraiment l’affaire de tous.

Mobilité urbaine et inclusive : la sécurité de TOUS les piétons

Garantir la sécurité des piétons en situation de handicap représente un vrai défi pour nos villes. On a vu que l’installation de feux sonores mais aussi de bandes d’éveil de vigilance sécurisent nos passages piétons. 

Mais il y a bien entendu d’autres aménagements aux passages piétons pour fournir à tous des itinéraires continus, confortables et facilement identifiables :

  • Un ressaut convenant aux personnes en fauteuil roulant et aux personnes déficientes visuelles se servant d’une canne blanche
  • Un trottoir abaissé pour faciliter la traversée des personnes en fauteuil roulant
  • Un contraste visuel pour les piétons malvoyants…

Une accessibilité voirie réussie consiste à prendre en compte les besoins de tout le monde afin de promouvoir une mobilité urbaine et inclusive. C’est d’ailleurs le propre du design inclusif : se tourner vers l’humain pour créer des solutions qui conviennent à plusieurs profils d’utilisateurs. Besoins/problématiques = compréhension/solutions. 

Dans les zones de rencontre où piétons, cyclistes et véhicules se côtoient, là aussi il faut prendre en compte les besoins de chaque catégorie d’usagers. Ces espaces partagés doivent être confortables et accessibles pour tous.

Zones de rencontre : pour que ces espaces partagés soient partagés par tous !

La loi LOM : un pas de plus vers l’accessibilité

La loi d’orientation des mobilités, appelée LOM et promulguée en 2019, a été initiée par le mouvement des Gilets Jaunes dans un contexte de transition écologique. Son objectif est d’apporter des mesures concrètes pour améliorer la mobilité de tous, aussi bien dans nos villes que dans nos territoires ruraux, mais aussi plus d’investissement.

Pour les personnes handicapées, la loi LOM vise à :

  • Accompagner financièrement les usagers handicapés dans leur mobilité
  • Etablir des tarifs préférentiels pour les accompagnateurs de personnes handicapées dans les transports en commun
  • Favoriser l’accès aux services de transport adapté
  • Ouvrir les données relatives à l’accessibilité des services et des parcours
  • Garantir un accès aux bornes de recharge électriques
  • Offrir une plateforme unique d’assistance aux personnes handicapées dans les gares
  • Assurer une offre de transport par VTC (Véhicule de Tourisme avec Chauffeur)
  • Informer les usagers handicapés du niveau d’accessibilité des réseaux de transport par des rapports périodiques

Notre dossier intégral sur la loi LOM :

La loi d’Orientation des Mobilités : une réponse aux problématiques d’accessibilité

Retour sur le colloque de la DMA #1 : mobilités actives, LOM et ZFE

Retour sur le colloque de la DMA #2 : l’accessibilité au service de la mobilité de tous

Retour sur le colloque de la DMA #3 : une offre de mobilités pour tous les usages

Retour sur le colloque de la DMA #4 : LOM et ouverture des données d’accessibilité

Grâce aux engagements de cette nouvelle loi axée sur l’accessibilité, la mobilité inclusive ne peut être qu’en bonne voie. Les villes se réinventent, analysent nos façons de nous déplacer pour apporter plus d’accessibilité et de sécurité à tous.

Des piétons et une cycliste se croisent à un carrefour

Vision Zero : un mouvement mondial de sécurité routière

Rendre la ville plus tournée sur l’humain, c’est aussi ce sur quoi se focalise le mouvement mondial Vision Zero. Né en Suède en 1997, il vise à réduire à néant le nombre de tués et de blessés graves sur la route. D’autres pays ont sauté le pas comme le Canada, les Etats-Unis et l’Angleterre.

En quoi ça consiste exactement ? La sécurité routière porte sur 3 mesures essentielles qui concernent absolument tous les usagers : réduire la vitesse des automobilistes, sécuriser la voirie et sensibiliser les parties concernées. 

De façon plus précise, on retrouve des zones limitées à 30 km/h voire 20 km/h, la sécurisation des traversées piétonnes, l’activation des feux sonores via les dernières technologies, l’augmentation de la durée de la traversée pour les personnes à mobilité réduite, l’amélioration de l’éclairage…

L’essence de cette approche est donc de respecter la vie humaine en prenant en compte tous les acteurs que l’on retrouve en ville et en concevant une sécurité routière pensée pour tous les piétons, y compris les plus vulnérables comme les usagers en situation de handicap.

Vision Zero : une approche révolutionnaire pour la sécurité routière

Si la sécurité routière d’une manière générale vous intéresse, découvrez notre article Les smombies : nouvel enjeu de sécurité pour les villes du XXIe siècle

Penser la smart city de demain : accessibilité et inclusion 

Vous l’aurez remarqué, les villes se réinventent de plus en plus, repensent leur fonctionnement, cherchent à innover, se tournent vers l’accessibilité, l’inclusion… Le tout pour accommoder tous les citoyens, y compris ceux en situation de handicap qui sont en général laissés de côté, et leur donner la place qu’ils méritent. Car c’est aux villes de servir leurs citoyens et de s’adapter en fonction de leurs besoins et non l’inverse. C’est là que le concept de smart city entre en jeu. Un allié de taille pour aider les 1,2 milliard de personnes handicapées dans le monde à faire partie intégrante de la société. 

Si la smart city vient des Etats-Unis, les pays du monde entier sont séduits par sa promesse : améliorer la qualité de vie de tous les citoyens grâce aux nouvelles technologies. Cela concerne différents champs qui composent notre société comme l’éducation, les transports et donc la mobilité, l’environnement, la santé mais aussi la sécurité. 

On retrouve des solutions facilitant l’inclusion des personnes en situation de handicap :

  • Balises sonores NAVIGUEO+ HIFI installées aux points d’intérêt comme un établissement ou une gare et activées avec une télécommande normalisée ou l’application MyMoveo
  • Véhicules autonomes
  • Exosquelettes pour permettre aux personnes à mobilité réduite de marcher en toute autonomie
  • Feux sonores aBeacon : des feux connectés de troisième génération pour aider les personnes aveugles ou malvoyantes à traverser en sécurité
  • Maisons de retraite connectées pour faciliter l’autonomie des personnes âgées
  • Eclairage public intelligent pour sécuriser les piétons mais aussi économiser de l’énergie
Une femme aveugle traverse la rue grâce à aBeacon
Une femme aveugle traverse la rue grâce à aBeacon

Découvrez plus d’exemples d’initiatives alliant technologie et handicap dans notre article Et si le handicap était un moteur d’innovation de la Smart City ? 

Pour les décideurs publics, la smart city représente la clé vers l’accessibilité universelle : répondre aux besoins des personnes handicapées, quel que soit leur profil. La ville de demain est intelligente et connectée d’un point de vue des dernières technologies mais aussi d’un point de vue humain avec ses citoyens. Smart city, accessibilité et inclusion ne font qu’un !

L’accessibilité numérique : le digital au service du handicap

On vient de le voir, les technologies agissent en faveur du handicap et de l’inclusion. Raison pour laquelle nous allons à présent nous pencher sur le monde digital. On le sait tous, le digital prend de plus en plus de place dans nos vies et dans notre quotidien : on va sur Internet pour faire un virement bancaire, commander des livres, payer ses impôts… Et là aussi, les personnes en situation de handicap ne sont pas mises de côté : elles surfent sur le Web, téléchargent des applications, utilisent les réseaux sociaux, les applications de mobilité…, comme n’importe qui d’autre. Mais il faut mettre en place une véritable accessibilité numérique pour qu’elles puissent facilement surfer sur Internet.

Qu’est-ce que l’accessibilité numérique ?

L’accessibilité numérique consiste à donner accès à l’information d’une manière générale et à l’ensemble des fonctionnalités d’un outil numérique d’une manière plus précise à tous. Pour que les personnes handicapées puissent pleinement profiter du digital et de tout ce qu’Internet a à offrir, le bon comme le moins bon, à nouveau il faut prendre en compte les difficultés qu’elles peuvent rencontrer. 

Des difficultés différentes selon leur type de handicap : auditif, visuel, moteur, mental, psychique. Sur le Web, certains utilisateurs vont donc avoir du mal à lire un texte, à entendre les paroles d’une vidéo, à reconnaître des images, à repérer l’information importante ou bien encore à effectuer un geste précis. 

Comment les sites web peuvent-ils s’y prendre pour leur être accessibles ? Heureusement, il existe de nombreux guides regroupant toutes les bonnes pratiques à appliquer comme Web Content Accessibility Guidelines (WCAG) ou Accessibilité Microsoft.

Quelques exemples qui contribuent à rendre le digital accessible :

  • Faire attention au contraste visuel pour les utilisateurs malvoyants
  • Décrire les images avec un texte alternatif pour les personnes aveugles ou malvoyantes
  • Sous-titrer les vidéos pour les utilisateurs sourds ou malentendants
  • Instaurer des raccourcis clavier…

Selon l’étude Homère sur la déficience visuelle en France, 65% des personnes aveugles ou malvoyantes utilisent Internet presque tous les jours. Pour faire augmenter cette statistique en accord avec la loi handicap, il faut que le Web soit plus accueillant et accessible.

Vous trouverez plus de détails dans notre article Accessibilité numérique : pourquoi ? Pour qui ? Comment ?

Mais il n’y a pas que les sites web où l’accessibilité est nécessaire mais bien pour tous les outils du numérique : les logiciels, les documents type PDF, les bornes d’information, les appareils connectés, les applications de smartphone…

Le smartphone : l’outil du quotidien des personnes handicapées

84% des personnes en situation de handicap utilisent un smartphone et parmi eux, 70% se servent d’applications. Les fonctionnalités d’accessibilité des iPhone ou des Android permettent aux usagers handicapés de paramétrer leur smartphone en fonction de leur profil. Par exemple, une taille de police plus grande pour les personnes malvoyantes ou bien des raccourcis spécifiques pour celles ayant des troubles de la motricité.

personne aveugle avec un smartphone

Cela reste un fait méconnu mais les usagers déficients visuels utilisent bel et bien un smartphone comme tout le monde. Grâce aux lecteurs d’écran VoiceOver sur iOS et TalkBack sur Android, elles peuvent lire un mail ou un article et ainsi communiquer facilement avec les autres et s’informer. 

On a vu plus haut qu’elles pouvaient déclencher les feux sonores mais aussi les balises sonores avec l’application MyMoveo pour se déplacer en toute autonomie. Avoir une seule application pour une double utilisation, c’est sûr que cela améliore leur vie de tous les jours.

Le smartphone, une révolution pour les personnes aveugles et malvoyantes !

Communiquer avec les autres et se tenir informé de l’actualité représentent la base de l’utilisation du smartphone mais pour les usagers en situation de handicap, la technologie va plus loin : 

  • Des assistants virtuels par commande vocale comme Siri pour les iPhones ou Google pour les Android permettent aux usagers ayant des troubles de la motricité d’utiliser leur smartphone sans se fatiguer.
  • Des applications de transcription instantanée comme Ava ou RogerVoice aident les personnes sourdes ou malentendantes à suivre une conversation à plusieurs.
  • Des applications qui parcourent un texte pour le lire comme Seeing AI ou Lookout. Les usagers aveugles ou malvoyants peuvent scanner un billet de banque ou même leur courrier.

Le but derrière toutes ces applications ? Permettre aux personnes handicapées de conserver leur autonomie, aussi bien chez elles que dehors !

Retrouvez toutes les applications qu’utilisent les personnes ayant un handicap dans leur vie de tous les jours :

6 applications indispensables pour les personnes sourdes et malentendantes en 2020

11 applications indispensables pour les personnes handicapées moteur en 2020

12 applications indispensables pour les personnes aveugles ou malvoyantes en 2020

Focus sur les applications en faveur de la mobilité des personnes handicapées

On l’a vu, faciliter la mobilité des personnes en situation de handicap, les aider à mieux se repérer, à garder leur autonomie est une réelle problématique quand on s’attaque à l’accessibilité et l’inclusion. 

Mais là aussi, le smartphone et les nombreuses applications de navigation transforment la mobilité des personnes handicapées ! 

Quand on parle de mobilité, on pense au guidage et donc aux GPS piétons ! Et il y a des GPS pour l’extérieur, quand on se rend d’un lieu A à un lieu B, mais aussi pour l’intérieur d’un lieu complexe comme un hôpital. On vous en présente quelques-uns.

GPS piétons extérieurs

Figurez-vous que Google Maps est l’une des applications de navigation GPS les plus utilisées au monde. Elle sert aux personnes en situation de handicap à bien préparer leur trajet en fonction de leur profil :

  • Fonctionnalité “lieux accessibles” indique aux usagers handicapés quels établissements leur sont accessibles
  • Fonctionnalité “accessible en fauteuil roulant”
  • Des informations en temps réel sur le trafic pour savoir quel mode de transport privilégier
  • Fonctionnalité “street preview” pour que les utilisateurs de fauteuils roulants puissent voir où se situent les trottoirs abaissés
  • Possibilité de zoomer sur un lieu pour les usagers malvoyants…

Si Google Maps et Mappy font partie des GPS piétons utilisés par tous les types d’usagers, qu’ils aient un handicap ou non, il existe également des applications de navigation conçues spécialement pour répondre aux personnes handicapées. 

On retrouve par exemple Soundscape de Microsoft, créée pour les personnes aveugles ou malvoyantes. L’application leur décrit les rues et les carrefours qu’elles traversent. En fait, elle leur donne une représentation de leur environnement à travers une immersion sonore.

Focus sur les GPS adaptés aux déficients visuels !

32% des personnes aveugles ou malvoyantes qui ont participé à l’étude Homère utilisent un GPS pour leurs déplacements.

Une autre solution digitale qu’il nous faut présenter c’est MaaS, Mobility as a Service, née en Finlande. Il s’agit en fait d’une plateforme qui regroupe tous les moyens de transports de la ville mis à disposition des usagers. Cette plateforme révolutionne la chaîne du déplacement : 

  • Elle recense et digitalise tous les modes de transports
  • Elle permet une mobilité plus inclusive et plus durable
  • Elle apporte une réelle autonomie
  • Elle offre le meilleur parcours en fonction du profil des utilisateurs…

MaaS agit comme un assistant intelligent capable de connecter les usagers à leur ville afin de leur donner une mobilité inclusive. Elle facilite la vie des personnes en situation de handicap lorsqu’elles préparent leurs déplacements. La ville intelligente de demain est bel et bien là !

MaaS : une solution pour la mobilité de demain

GPS piétons intérieurs

De par les applications de navigation pour l’extérieur, on se dit qu’une grosse partie des problématiques des personnes handicapées est résolue.

Mais que se passe-t-il une fois arrivées à destination ? On l’a vu, de nombreux équipements et dispositifs permettent de concevoir une accessibilité du cadre bâti.

Pourtant, pour des lieux complexes, ayant un esthétisme spécifique à respecter ou un cadre bâti très ancien et trop compliqué pour entamer des travaux de rénovation, une solution digitale peut apporter un réel complément. Le tout pour améliorer l’orientation des usagers ayant un handicap.

Des applications innovantes révolutionnent la mobilité et le guidage des personnes ayant un handicap : 

  • Evelity : l’application de navigation conçue par Okeenea Digital s’adapte à ses utilisateurs, quels que soient leur profil et leur handicap, et leur offre un guidage pas à pas. Elle leur permet d’appréhender facilement un nouvel environnement et cela en toute autonomie. Actuellement, elle équipe le réseau de métro de la ville de Marseille, la station de métro Jay St-MetroTech à New York mais aussi la Fondation Luma à Arles. En plus d’orienter les visiteurs du musée, Evelity leur fournit de l’information quant au contenu culturel exposé. Un vrai outil de médiation culturelle !
  • NaviLens : l’application de guidage espagnole fonctionne avec des QR codes mis au sol tout au long du parcours de l’usager, parcours repérable grâce aux bandes de guidage. C’est en scannant le contenu que le guidage se fait. NaviLens est installée au réseau de transport en commun de Barcelone mais ne répond aux besoins que des personnes aveugles ou malvoyantes.
  • RightHear : si l’application est née en Israël où elle équipe quelques lieux, elle est surtout présente aux Etats-Unis. En France, on la trouve dans certains établissements. Au niveau de son fonctionnement, RightHear ressemble à Evelity mais comme NaviLens, elle ne répond qu’aux besoins des personnes ayant un handicap visuel.
Un usager non-voyant utilise Evelity dans le métro marseillais désormais accessible
Un usager non-voyant utilise Evelity dans le métro

Apporter une réelle autonomie, même au sein d’environnements complexes, est un défi de taille ! S’appuyer sur des solutions digitales facilite leur accessibilité.

Le guide complet de l'accessibilité PMR ! Je le veux !

Et s’il y a un lieu particulièrement complexe et stressant, où tout le monde a du mal à se repérer, c’est bien l’aéroport. Pour les voyageurs en situation de handicap, il peut s’avérer plus difficile à appréhender. Arriver à l’aéroport, s’enregistrer, déposer ses bagages, trouver sa porte d’embarquement ou les toilettes sont autant d’étapes qui peuvent être plus ou moins compliquées à effectuer lorsque l’on a un handicap. 

Les aéroports sont dans l’obligation de fournir à leurs voyageurs handicapés un service d’assistance. Ce qui signifie que les personnes ayant un handicap doivent se signaler au moins 48h à l’avance pour être prises en charge à leur arrivée par des personnes compétentes. Mais qu’en est-il de leur autonomie ? Et si elles souhaitent profiter des boutiques comme n’importe quel autre voyageur ?

Afin d’aider les voyageurs à se repérer facilement, de nombreux aéroports ont choisi de créer leurs propres applications de navigation comme Paris, Houston et Copenhague. Cependant, elles ne prennent pas en compte les besoins spécifiques des usagers ayant un handicap quand ils utilisent une application de navigation : 

  • Interface facile à utiliser
  • Compatibilité avec les lecteurs d’écran pour les utilisateurs aveugles ou malvoyants
  • Contraste visuel pour les utilisateurs malvoyants
  • Indication sur la présence d’équipements physiques (bande de guidage, balise sonore…)
  • Localisation et guidage précis…

On ne peut qu’espérer que les aéroports misent sur des applications de guidage conçues spécialement pour les personnes handicapées ou bien qu’ils intègrent des profils d’utilisateurs dans leurs applications existantes… 

De plus, choisir une solution digitale leur permettrait de réduire les coûts d’un service d’assistance. 

La technologie d’assistance pour le handicap peut-elle complètement remplacer l’aide humaine ?

Pour plus d’informations sur ce dont aurait besoin un voyageur aveugle ou malvoyant pour se déplacer en toute autonomie à l’aéroport, découvrez notre article Applications de mobilité pour personnes aveugles ou comment la technologie peut-elle remplacer les services d’assistance dans les aéroports ?

L’intelligence artificielle ou quand le futur est déjà là

Peut-être que l’image que vous avez de l’intelligence artificielle vient du film de Steven Spielberg, A.I. Intelligence artificielle, film dont vous n’êtes pas sûr d’avoir aimé ou non. Certes, nous n’en sommes pas encore là mais le futur est bel et bien à notre porte grâce à cette technologie innovante ! L’IA, faite d’algorithmes et de machines intelligentes, prend de plus en plus d’ampleur dans notre société. Et elle a un impact significatif sur la vie des personnes en situation de handicap. 

C’est quoi l’intelligence artificielle au juste ? Et bien, c’est une technologie qui utilise des algorithmes pour effectuer des tâches cognitives habituellement réalisées par les humains. Figurez-vous qu’on s’en sert tous et cela tous les jours ! Notamment avec les assistants vocaux intégrés dans nos smartphones, Siri et Google.

Qu’est-ce que l’IA change pour le handicap ? Elle lève tout simplement les obstacles liés à l’accessibilité. Ce n’est pas de la magie mais presque ! Prenons l’exemple d’une personne ayant des troubles de la motricité ou une faible dextérité et qui vit seule. Comment peut-elle régler le thermostat de son chauffage ? Allumer son four ? Ou même appeler les secours ? C’est là que l’intelligence artificielle entre en jeu avec des assistants virtuels de type Amazon Echo avec Alexa ou Google Home avec Google Assistant. Des assistants à commande vocale qui relèvent donc de l’IA. Un allié de taille pour conserver son autonomie !

Vous n’êtes pas encore impressionné ? Attendez de voir comment l’intelligence artificielle appliquée au domaine de la santé peut révolutionner la vie des personnes handicapées ! Il existe des exosquelettes qui permettent à des personnes tétraplégiques de se lever et de marcher ! Une innovation qui a un coût exorbitant, de l’ordre de 200 000 euros, mais qui contribue à bouleverser l’industrie médicale, ses possibilités et le handicap par la même occasion. 

Intelligence artificielle : quand la technologie révolutionne le handicap

C’est réellement tout l’univers de l’accessibilité et du handicap qui est chamboulé grâce à l’IA. Si certaines solutions relèvent de l’acquis à présent, comme la reconnaissance biométrique ou l’utilisation du moteur de recherche Google, on ne se rend pas forcément compte qu’elles changent profondément nos vies. Et cela résonne encore plus pour les personnes en situation de handicap !

Comment l’accessibilité et l’inclusion sont-elles perçues dans le Monde ?

Vous connaissez sans doute le mythe de la tour de Babel : tous les êtres humains utilisaient la même langue et les mêmes mots, ne formant ainsi qu’un seul peuple et par conséquent un seul mode de pensée identique. Et puis, vient la diversité des langues et la confusion qui s’ensuit. Plus personne ne se comprend, tout le monde a des opinions divergentes et donc plusieurs modes de pensée se créent.

Alors forcément, les cinq continents, et surtout les pays qui les composent, n’ont pas la même perception de l’accessibilité que nous en France. Et au final, ils adoptent une autre mentalité quant à l’inclusion. 

Car plusieurs éléments sont à prendre en compte : l’histoire du pays, son développement économique, sa culture… Pour arriver à une accessibilité universelle, il faut donc comprendre tous les modes de pensée qui existent autour du handicap, de l’accessibilité et de l’inclusion et surtout abattre les barrières, les stéréotypes et autres idées reçues pour progresser tous ensemble. 

Faisons un petit tour du monde éclair, et non exhaustif, pour comprendre l’état d’avancée de l’accessibilité et de l’inclusion !

Personnes sourdes signant pour communiquer et faire preuve d'accessibilité

L’Afrique : mieux comprendre le handicap

Il y aurait plus de 80 millions de personnes avec un handicap en Afrique selon les Nations Unies. Malheureusement, elles rencontrent beaucoup de discrimination et sont exclues de la société.

Au Libéria ou au Zimbabwe, les personnes handicapées ne sont pas considérées comme des citoyens à part entière. Beaucoup d’entre elles doivent mendier car elles ne reçoivent pas d’aide financière.

On note également un accès très difficile à l’éducation. Les écoles sont financées par les églises mais il n’y a pas suffisamment d’investissements pour permettre aux enfants en situation de handicap de s’instruire. Par conséquent, très peu d’entre eux vont à l’école. 

De même, les fauteuils roulants ou les appareils auditifs coûtent cher et ne sont pas à la portée de tout le monde.

Dans le domaine de l’emploi, les salariés ayant un handicap sont sous le joug de stéréotypes tenaces quant à leurs compétences et leurs capacités. Même si certains pays comme le Kenya et l’Afrique du Sud ont changé leur législation pour leur permettre d’avoir un travail, le problème est qu’il n’y a pas de véritables sanctions s’ils ne la respectent pas. 

En Afrique occidentale, le handicap est particulièrement mal compris et dans des pays comme le Bénin, le Sénégal ou le Togo, on retrouve cette idée selon laquelle une personne se retrouve handicapée à cause d’une sanction divine. On s’attache à trouver la source du handicap pour essayer de le justifier : est-ce que le culte des ancêtres a été bafoué ? La honte face au handicap et le sentiment de culpabilité sont encore très présents. 

Afin de stopper toute discrimination, de plus en plus d’interventions se créent pour éduquer les gens au handicap. Le comprendre, c’est déjà un pas vers l’inclusion. Certes, la route est longue mais il y a déjà eu des avancées grâce à des organismes mondiaux qui promeuvent les droits des personnes handicapées et à un cadre législatif de plus en plus présent.

Au Maghreb, l’un des principaux défis à relever est la prise en compte du handicap. Les gouvernements n’accordent pas toujours d’importance au handicap et à l’accessibilité. C’est plutôt aux familles de “s’occuper des leurs” même si les personnes handicapées peuvent également s’appuyer sur les organisations caritatives. 

Les femmes handicapées au Maghreb peuvent subir plus de discrimination que les hommes : elles sont encore plus invisibles et mises à l’écart de la société.

La méconnaissance du handicap et l’absence de législation claire sur le sujet ne permettent pas de placer l’accessibilité au centre des préoccupations. De plus, certains pays manquent de moyens pour développer leur accessibilité.

L’Amérique : un continent avec une accessibilité inégale 

En se penchant sur ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique, on observe de grands écarts entre le Canada, les Etats-Unis et les pays d’Amérique du Sud.

Le Canada : une accessibilité à déployer

Commençons par l’Amérique du Nord avec le Canada. On constate que l’on tend de plus en plus vers l’accessibilité mais qu’elle n’est pas encore tout à fait établie.

Si on prend l’exemple des feux sonores qui permettent aux piétons déficients visuels de traverser en sécurité, en France c’est la loi qui impose aux villes de les mettre en place tandis qu’au Québec, on donne seulement aux villes des lignes directrices. Elles ne sont donc pas dans l’obligation d’équiper leurs carrefours de modules sonores. Cela signifie que les feux sonores sont encore très peu déployés…

La réglementation concernant l’accessibilité est en fait arrivée très tardivement au Canada. En effet, la loi canadienne sur l’accessibilité a été adoptée en 2019. Cependant, il y a un réel engagement pour supprimer les difficultés rencontrées par les personnes handicapées.

Le Canada s’est même fixé un objectif ambitieux : éliminer tous les obstacles liés à l’accessibilité d’ici 2040. Cela lui donne du temps pour rattraper son retard, notamment en ce qui concerne l’emploi, l’éducation, la communication, les transports… 

D’ailleurs, le métro de Montréal a également élaboré un plan d’action pour faciliter les déplacements de ses usagers handicapés. Première étape : rendre les entrées des stations accessibles aux personnes à mobilité réduite dont les personnes en fauteuil roulant. Cela implique de les équiper d’ascenseurs et d’escalators.

Découvrez toutes les initiatives que le réseau va déployer dans notre article : Le métro de Montréal sur la voie de l’accessibilité universelle

Escalators d'une station du métro de Montréal installés pour favoriser l'accessibilité du réseau

Même si le Canada a du retard en matière d’accessibilité, ses actions démontrent un réel désir d’apporter plus d’inclusion à ses citoyens ayant un handicap. Un pas dans la bonne direction donc.

Les Etats-Unis : une accessibilité bien ancrée

C’est sans doute le pays du Monde le plus avancé au niveau de l’accessibilité. Et la ville de New York est l’une des métropoles les plus accessibles. D’ailleurs, la loi en faveur des droits des personnes handicapées, appelée Americans with Disabilities Act (ADA), date de 1990. Autrement dit, ils se sont penchés sur la question bien plus tôt que nous en France.

Ce qui a conduit les Etats-Unis à prendre en compte les besoins des personnes handicapées plus tôt que d’autres, c’est en fait toutes les guerres auxquelles le pays a participé. Avec la guerre du Viêt Nam, qui pour rappel a duré vingt ans, de nombreux vétérans sont revenus mutilés… Cela a continué avec la guerre d’Irak et celle d’Afghanistan.

Mais le pays a développé son accessibilité pour les accueillir et leur rendre la place qui leur revenait de droit. Les vétérans ayant un handicap ont pu devenir des membres actifs de la société, parce que justement elle les a inclus, ce qui a permis de changer le regard que la société avait sur eux.

La question de l’accessibilité est prise très au sérieux aux Etats-Unis, notamment au niveau des procédures et de la législation. Si un établissement ou un réseau de transport n’est pas suffisamment accessible, les usagers peuvent facilement le signaler et même porter plainte. Cela peut conduire à de graves sanctions contre les lieux qui ne respectent pas les normes d’accessibilité. 

Si l’accessibilité est bien développée, il n’en reste pas moins que les personnes handicapées rencontrent des difficultés dues aux stéréotypes et aux idées reçues qui persistent encore. Le handicap met encore mal à l’aise. De nombreuses personnes n’ont pas envie d’être confrontées à d’autres qui ont un handicap. 

L’Amérique du Sud : une accessibilité contrastée

Le Mexique a également adopté une loi en faveur des personnes en situation de handicap en 2005. D’un point de vue économique, il dépend beaucoup du tourisme. Le pays se concentre donc sur l’accessibilité physique de ses lieux touristiques pour attirer des personnes qui se déplacent en fauteuil roulant. 

Mais le Mexique étant un État fédéral, chaque entité dispose d’une législation qui lui est propre au niveau du handicap et de l’accessibilité. Malgré son désir de développer l’accessibilité de ses infrastructures, les choses avancent lentement. 

Et encore une fois, les personnes handicapées sont discriminées du fait d’une méconnaissance du handicap.  

Si on s’attarde sur l’exemple du Chili, on peut saluer le métro de Santiago : 71% de son réseau est accessible. Par contre, quant aux bus de la capitale, seulement 28% d’entre eux sont accessibles aux utilisateurs de fauteuils roulants. 

Même si l’inclusion est encore à développer, elle est tout de même une des préoccupations du pays. En effet, le Chili a créé un label d’inclusion destiné aux entreprises privées et aux institutions publiques qui remplissent ces trois critères : l’accessibilité des bâtiments, l’accessibilité de leur site internet et l’emploi de salariés ayant un handicap.

L’Asie : une avancée vers l’accessibilité mais du retard sur l’inclusion

S’il y a un pays de l’Asie dont on a entendu parler ces derniers temps, c’est bien le Japon. Normal, puisque Tokyo a hébergé les Jeux Olympiques. Initialement prévus l’année dernière, ils ont dû être reportés à cause de la crise sanitaire. Les athlètes n’ont pas pu bénéficier de l’enthousiasme du public puisqu’il lui était impossible d’être présent vu le contexte. 

La capitale nippone était censée accueillir 500 000 touristes dont des personnes en situation de handicap. Tokyo s’était tenue prête et a même accéléré sa mise en accessibilité. Afin d’accueillir les touristes et les athlètes ayant un handicap, la ville a revu sa réglementation concernant ses espaces publics avec la mise en place notamment d’ascenseurs, de marquages tactiles au sol, de comptoirs d’accueil accessibles… Grâce aux JO, chaque hôtel a augmenté le nombre de chambres PMR afin d’accueillir plus de personnes ayant un handicap.

Bonne nouvelle : ces équipements sont conservés même après la fin des JO. Ils vont servir à la fois aux citoyens ayant un handicap mais aussi à ceux âgés, une population en augmentation.

Jeux Olympiques Tokyo 2020 : le point sur les équipements d’accessibilité

Mais si vous avez suivi tout ce que nous avons dit jusque-là, vous savez que l’accessibilité n’entraîne pas automatiquement l’inclusion des personnes handicapées. Et c’est justement ce qui se passe au Japon : si les infrastructures publiques sont accessibles, ce n’est pas le cas des lieux de travail. L’entreprise reste difficile d’accès aux personnes handicapées.

Par ailleurs, le Japon, comme d’autres pays, se focalise trop sur le handicap au lieu de l’humain. Dans une interview, Miki Matheson, une athlète paralympique ayant reçu trois médailles d’or en course de vitesse sur luge sur glace, a déclaré : “Je suis souvent traitée comme une personne handicapée lorsque je reviens au Japon. Au Canada, je vis sans remarquer que j’ai un handicap.”

Mais Miki Matheson garde espoir et a même monté des ateliers auprès d’enfants et d’adolescents pour changer le regard que la société japonaise porte sur le handicap. Oui, elle utilise un fauteuil roulant mais elle peut travailler comme tout le monde et gagner des médailles aux Jeux Paralympiques (bon, peut-être pas comme tout le monde). 

On ne peut qu’espérer que les Jeux Olympiques de Tokyo marquent le début d’une société japonaise plus inclusive. Et que d’autres pays, de n’importe quelle autre partie du monde, en fassent de même.

L’Europe : des modes de pensée disparates

Pour le Vieux Continent, on note deux systèmes de pensée qui “s’opposent” lorsque l’on parle de lever les obstacles liés à l’accessibilité : l’assistance humaine perçue comme ayant le plus de valeur et l’émergence des technologies pour gagner en autonomie.

Lors d’une séance autour de l’accessibilité de la mobilité organisée par Futura-Mobility, Muriel Larrouy, chargée de mission accessibilité des transports au ministère de la Transition écologique et solidaire l’a très bien expliqué : “En France on est une nation d’ingénieurs qui demande à ce que ce soit les machines qui pallient aux besoins.” Mais pour des pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre, “on pense que l’individu a plus de valeur et qu’une intervention humaine peut être bien plus qualitative”, a-t-elle poursuivi. 

A travers l’aide humaine, en ressort les notions d’entraide, de solidarité et de bienveillance : nous restons des êtres sociables qui avons besoin de vivre en société. L’appui sur les technologies, quant à lui, met en avant notre besoin d’autonomie, d’indépendance, de ne dépendre de personne. Une liberté de mouvement et de circulation. Pourquoi un tel écart de pensée ? Peut-être que les sociologues ou les philosophes pourront nous éclairer…

Ce qui est certain, c’est qu’en France il nous reste encore beaucoup à faire au niveau de l’accessibilité mais elle est tout de même en bonne voie. Notre réglementation très technique ne correspond pas toujours totalement à l’usage. Heureusement, certains vont au-delà et privilégient les besoins des usagers handicapés pour leur offrir la meilleure solution possible. Encore une fois, il faut comprendre le handicap, les capacités et besoins des personnes, pour arriver à une véritable accessibilité et donc à une inclusion. L’ensemble doit être fluide et naturel. Que l’on gère un établissement, un réseau de transport ou une ville, on doit systématiquement prendre en compte les besoins de tout le monde.

carrefour, suppression feux

Si on prend à nouveau l’exemple de l’Angleterre, on constate que l’accessibilité et l’inclusion y sont très ancrées. Toute discrimination est sévèrement réprimée. D’ailleurs, les Anglais respectent scrupuleusement les places de stationnement réservées aux personnes à mobilité réduite alors qu’en France, ce n’est pas encore le cas…

Autre fait étonnant, c’est la place qu’occupent les personnes handicapées à la télévision britannique : la présentatrice de la chaîne pour enfants CBeebies, Claire “Cerrie” Burnell, a un handicap de naissance (son bras droit se termine en dessous du coude), le journaliste politique Sean Dilley de la chaîne Sky News est aveugle et bon nombre d’émissions ont dans leur public des personnes handicapées et les font participer.

Donner de la visibilité aux personnes ayant un handicap permet de déconstruire notre perception erronée du handicap. C’est donc une avancée vers l’inclusion.

A noter que chaque pays européen a sa propre législation concernant le handicap. Mais l’Acte législatif européen sur l’accessibilité adopté en 2019 permet de faire avancer les pays et de les mettre au même niveau même s’il ne sera pas instauré tout de suite. Son but est d’améliorer l’accessibilité numérique dans des domaines très variés : les ordinateurs et les smartphones bien entendu, les bibliothèques avec des livres numérisés pour les personnes aveugles, l’information voyageur dans les réseaux de transport, les services bancaires…

Le métro de Bruxelles a déjà mis en place l’information voyageur mais c’est encore très compliqué pour les usagers en fauteuil roulant de prendre le métro en toute autonomie. En effet, l’infrastructure du réseau n’est pas optimal au niveau de l’accessibilité puisque les personnes en fauteuil roulant doivent demander à ce qu’il y ait une rampe à chaque fois qu’elles ont besoin de monter ou de descendre du train.

Dernier tour européen avec la ville de Varsovie. L’année dernière, c’était elle la gagnante de l’Access City Award, le prix récompensant les villes les plus accessibles. Après la Seconde Guerre mondiale, Varsovie a été reconstruite sans que l’accessibilité ne soit prise en compte. Mais depuis, elle a grandement amélioré ses réseaux de transport en rendant son métro et son tram accessibles aux personnes handicapées. La capitale polonaise investit de plus en plus d’argent pour justement continuer à améliorer son accessibilité.

L’Océanie : l’accessibilité des grandes villes d’Australie et de Nouvelle-Zélande

Étant donné que l’Océanie est surtout composée de petites îles sauf pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande, nous allons surtout nous concentrer sur ces deux dernières.

L’Australie est très ouverte au niveau de son accessibilité. Pour les citoyens en situation de handicap, il leur est très facile d’échanger avec les politiciens au sujet de leurs difficultés et besoins. Les grandes villes comme Sydney, Perth et Melbourne sont exemplaires quant à leurs réseaux de transports. En effet, ils sont bien accessibles aux usagers handicapés. Mais dans un pays qui compte 2 habitants par km², vous vous doutez bien que les régions les plus reculées ne sont pas forcément accessibles.

En revanche, tout comme le Mexique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande misent sur l’accessibilité de leurs lieux touristiques : rampes d’accès, prêt de fauteuils roulants, signalisation des randonnées accessibles… Même si bien évidemment, certaines zones restent difficilement accessibles de par leur topographie.

Wellington, la capitale de la Nouvelle-Zélande, prête même aux personnes à mobilité réduite des “mobility scooters” gratuitement durant 4h, l’idéal pour explorer la ville en toute sérénité. 

Niveau inclusion, on peut dire que la Nouvelle-Zélande a frappé fort en instaurant la langue des signes comme la troisième langue officielle du pays en 1996. Les villes les plus grandes du pays disposent même de Disabilities Resource Centres. Il s’agit d’une organisation dédiée à améliorer la qualité de vie des personnes en situation de handicap, quel qu’en soit le domaine.

Vous l’aurez compris à travers ces nombreux exemples, d’une manière générale, l’accessibilité progresse même si beaucoup reste à faire. Elle avance plus rapidement que l’inclusion qui elle a encore tout à construire. S’il y a bien un même objectif commun à tous les pays du monde entier, c’est de sensibiliser au handicap, jusqu’à ce que cela ne soit plus nécessaire. 

Pour conclure : nous sommes tous concernés par l’accessibilité

A présent, vous disposez de connaissances solides en matière de handicap, d’accessibilité et d’inclusion. La question qui se pose alors est de savoir quelle sera votre prochaine étape pour que vous aussi, quel que soit votre champ d’action, et à votre échelle, participiez à l’accessibilité et l’inclusion des personnes handicapées. 

Comme vous vous en êtes aperçu, l’accessibilité est nécessaire dans tous les domaines de notre vie quotidienne. Chaque acteur peut impacter sur le confort de la vie des 1,2 milliard de personnes qui ont un handicap dans le Monde. Peut-être qu’aujourd’hui vous êtes en bonne santé et que vous-même n’avez pas besoin des solutions présentées dans cet article, mais peut-être qu’un jour, vous allez être dans une situation temporaire ou permanente qui va diminuer votre mobilité.

On ne le répétera donc jamais assez : nous sommes tous concernés ! Nous pouvons tous avoir besoin d’accessibilité à un moment ou l’autre de notre vie. Et ce qui est bénéfique aux plus vulnérables l’est également pour tous les autres

Retenez bien nos trois conseils essentiels :

  1. N’hésitez pas à échanger directement avec des personnes ayant un handicap. Vous verrez que ce sont des êtres humains comme tout le monde avec des défauts et des qualités. Et puis, ce sont elles les mieux placées pour exprimer leurs problématiques et leurs besoins.
  2. Lisez, regardez des vidéos, suivez les réseaux sociaux d’activistes des droits des personnes handicapées, bref informez-vous de la façon qui vous arrange le mieux pour comprendre le handicap.
  3. Si vous êtes gestionnaire d’un réseau de transport, d’un musée, d’un hôpital, d’une ville, et si vous voulez vraiment aller plus loin et apporter à vos usagers l’accessibilité qu’ils méritent, faites-vous accompagner par des experts qui connaissent la réglementation mais aussi l’usage. Là aussi, renseignez-vous directement auprès des entreprises que vous avez identifiées. En matière d’accessibilité, la confiance est primordiale.

Sources indispensables : 

Site de la délégation ministérielle à l’accessibilité (DMA)

Site de la réglementation accessibilité bâtiment

 

Mis à jour le 3 avril 2023 / Publié le 20 septembre 2021

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Carole

En tant que content manager chez Okeenea, j’écris des articles de fond sur l’accessibilité sous toutes ses formes et je passe à la loupe toutes les idées reçues liées au handicap.