Application de mobilité pour personnes aveugles ou comment la technologie peut-elle remplacer les services d’assistance dans les aéroports ?

L’été est là et nous arrivons en pleine période de vacances. Des millions d’entre nous se pressent vers les aéroports pour prendre l’avion vers des destinations plus ou moins lointaines. Et parmi nous, des personnes aveugles ou malvoyantes aussi ! Comment font-elles pour rejoindre leur terminal de départ, se diriger dans ces espaces démesurés, atteindre leur comptoir d’enregistrement puis la porte d’embarquement ? Outre les services d’assistance humaine, les technologies offrent de plus en plus de possibilités pour se déplacer en autonomie et profiter des services d’un aéroport au même titre que tout autre passager aérien. A condition de bien prendre en compte les besoins spécifiques de chacun et c’est ce que nous allons aborder plus en détails dans cet article.

L’assistance aéroport pour les voyageurs handicapés ou à mobilité réduite

Lorsqu’une personne aveugle ou malvoyante prend la décision de voyager seule en avion, elle peut avoir recours à l’assistance aéroport. Il lui suffit de signaler son besoin d’accompagnement lors de sa réservation de vol ou en contactant directement le service d’assistance au minimum 48h à l’avance. 

Avec le règlement CE n°1107/2006 – « Droits des personnes handicapées et des personnes à mobilité réduite au cours d’un voyage aérien » du 5 juillet 2006, l’Union européenne a transféré la responsabilité de l’assistance humaine aux aéroports. Dans certains pays comme les Etats-Unis, elle reste cependant la responsabilité des compagnies aériennes, ce qui donne lieu à des niveaux de service très disparates. 

Le service d’assistance de l’aéroport prend en charge les personnes handicapées depuis le comptoir d’enregistrement jusqu’à l’intérieur de l’avion, et de même à l’arrivée. Les voyageurs aveugles ou malvoyants sont alors accompagnés pour passer les contrôles et se rendre jusqu’à leur porte d’embarquement.

Vous souhaitez tout savoir sur l'accessibilité ? Découvrez le dossier complet !

Atteindre le service d’assistance aéroport : une difficulté majeure pour une personne aveugle

Si la prise en charge commence au comptoir d’enregistrement, comment faire pour s’y rendre quand on a un handicap visuel ? Le trajet à parcourir entre le point de desserte en transports en commun ou le dépose-minute peut être long et semé d’embûches. 

Une solution consiste à installer des bornes d’appel à proximité de ces points d’arrêt afin que les voyageurs handicapés ou à mobilité réduite puissent signaler leur présence au service d’assistance. C’est d’ailleurs ce que préconise le règlement européen. Mais là encore, comment trouver ces bornes d’appel quand on ne voit pas ? Pour être facilement localisables, les bornes d’appel doivent :

  • Être contrastées visuellement par rapport à leur environnement,
  • Être repérables par une balise sonore activable à distance et
  • Etre signalées par une bande de guidage ou bande d’interception. 

Il faudra également veiller à la simplicité de leur fonctionnement : bouton d’appel bien visible et préhensible, retour sonore pour confirmer la prise en compte de l’appel, qualité audio pour la communication.

Des applications de guidage pour aveugles et malvoyants

Enregistrer ses bagages, passer le contrôle, se rendre à la porte d’embarquement puis dans l’avion, l’assistance humaine permet d’accomplir tout ce parcours facilement et sans stress. Mais les personnes aveugles et malvoyantes aspirent à profiter des mêmes services que les autres voyageurs : aller aux toilettes, se restaurer, faire des achats… Ceci est d’autant plus important lorsque la succession des vols leur impose une longue attente. Par ailleurs, le recours à l’assistance aéroport demande une anticipation qui n’est pas toujours possible (offres de voyage de dernière minute, déplacements professionnels non prévus, urgences familiales…).  Voilà pourquoi pouvoir se déplacer en autonomie dans un aéroport avec un handicap visuel est un enjeu capital.

De nombreux aéroports internationaux, comme à Paris, Copenhague ou Houston, proposent des applications de navigation indoor sur smartphone pour guider les voyageurs dans leur enceinte. Ces applications s’appuient en général sur des beacons Bluetooth disséminés dans le bâtiment, ces mêmes beacons qui transmettent de l’information contextualisée.

Mais contrairement à ce qui existe majoritairement aujourd’hui, pour guider les personnes déficientes visuelles, ces applications doivent prendre en compte leurs besoins spécifiques.

L’interface utilisateur :

L’application doit être totalement compatible avec les lecteurs d’écran (VoiceOver pour iOS et TalkBack pour Android) et les options de zoom et de confort visuel présentes sur les smartphones. Tous les boutons, listes et autres éléments de navigation doivent être soigneusement étiquetés avec un texte explicite.

Différents moyens de saisie doivent être disponibles : saisie classique, dictée vocale ou saisie braille à l’écran.

Les directions :

Les personnes déficientes visuelles n’ont généralement pas la possibilité de se référer à une carte ou à la signalétique visuelle. Les directions doivent donc être indiquées en fonction de la position de l’utilisateur, en utilisant au choix le cadran horaire ou les degrés. 

Les points de repères spécifiques :

Les personnes aveugles ou malvoyantes s’appuient sur des points de repère différents des autres voyageurs. Il s’agit essentiellement des repères tactiles, podotactiles ou sonores. Ainsi, les descriptifs d’itinéraires fournis par l’application doivent mentionner ces éléments de manière précise : bandes de guidage, bandes d’éveil de vigilance, balises sonores… Ces éléments physiques permettent par ailleurs de confirmer sa position et être rassuré sur le bon déroulement de l’itinéraire.

La précision du guidage :

beacon gps d'intérieur

S’il est possible pour une personne en pleine possession de ses moyens de rectifier l’imprécision de la navigation en jetant un coup d’œil à la signalétique et à son environnement, ceci est beaucoup plus compliqué pour une personne qui ne voit pas ou mal.

La précision de la localisation est donc un facteur important pour guider sur un itinéraire et atteindre la destination souhaitée. Mais ce n’est pas le seul !

Les technologies actuelles ne garantissent pas une précision de localisation au mètre près. Pour remplir les objectifs de mobilité des usagers, assurer un guidage précis et les mener vers leur destination, d’autres critères interviennent, notamment la précision des instructions délivrées. L’escalier est-il montant ou descendant ? Combien de paliers ? Droit ou tournant ? Y a-t-il une porte à franchir ? A ouverture manuelle ou automatique ?

L’implication des usagers dans le projet

Enfin, l’application doit être personnalisable, car les besoins et les préférences d’utilisation varient d’une personne à l’autre en fonction de ses capacités visuelles restantes, son vécu et ses aptitudes. Tout projet d’application de guidage doit faire l’objet d’une concertation des usagers pour bien cerner leurs besoins, mais aussi d’expérimentations in situ au cours du développement afin de valider le bon fonctionnement du système.

L’expertise acquise par les professionnels de la mobilité des personnes handicapées et la maturité des technologies permettent aujourd’hui d’envisager des solutions efficaces pour le guidage des personnes ayant un handicap visuel. C’est l’opportunité de leur offrir un accès équitable à tous les services et une liberté de choix dans leur vie quotidienne, de les rendre actrices de la vie économique et sociale. 

Pour en savoir plus : 

L’avancée de l’accessibilité dans les aéroports : où en est-on ?

Publié le 8 juillet 2019

Evelity, première solution de guidage tout handicap en intérieur

Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !