Le métro de Montréal sur la voie de l’accessibilité universelle

Avec 1,36 million de voyageurs par jour, le métro de Montréal est le premier réseau du Canada et le troisième d’Amérique du Nord derrière New York et Mexico. Entré en service le 14 octobre 1966 et exploité par la Société de Transport de Montréal (STM), le réseau compte 68 stations réparties sur 4 lignes. En 2009, la STM s’est engagée sur la voie de l’accessibilité universelle. Même si le chemin à parcourir reste encore long, de nombreuses initiatives méritent d’être mises en avant. Installation d’ascenseurs, adaptation des infrastructures, formation du personnel, amélioration de l’information voyageur et de la signalétique, modernisation du système de vente de billets…, toutes les étapes du parcours voyageur font l’objet de projets en vue d’améliorer la prise en compte des besoins spécifiques des personnes en situation de handicap ou à mobilité réduite. Puisque le partage des initiatives positives est selon nous un excellent moyen de faire avancer l’accessibilité pour tous, nous vous proposons de poursuivre notre tour du Monde des métros dans la plus grande ville du Canada.

Qui sont les usagers handicapés ou à mobilité réduite dans le métro de Montréal ?

L’accessibilité universelle permet à tous d’accéder à une station de métro, de s’y orienter et de s’y déplacer convenablement afin d’utiliser pleinement l’ensemble des services offerts à la population. L’Enquête québécoise sur les limitations d’activités, les maladies chroniques et le vieillissement (EQLAV) 2010-2011 a permis d’estimer la population vivant avec une limitation d’activités qui découle d’un état, d’une condition ou d’un problème de santé physique ou mentale de longue durée. Les chiffres compilés par l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) pour la région de Montréal, permettent d’établir que : 

  • Près du tiers des 1,6 million de Montréalais de 15 ans et plus ciblés, vivant dans un ménage privé ou institutionnel, ont une incapacité, soit 528 385 personnes. Il s’agit d’une incapacité légère pour la majorité d’entre eux (67 %) ; 
  • Le taux d’incapacité augmente avec l’âge, surtout à partir de 50 ans ; 
  • Les incapacités liées à l’agilité et à la mobilité sont les plus fréquentes.

Cependant, la Société de Transport de Montréal (STM) ne possède pas de statistiques concernant les usagers de son réseau de métro en situation de handicap ou à mobilité réduite. Les seules données connues concernent les personnes qui ont recours au service de transport adapté (TA). 73% d’entre elles ont une déficience motrice, ce qui montre que ce sont les plus pénalisées dans l’accès au réseau de transport régulier. 

L’accès aux stations du métro de Montréal pour les personnes à mobilité réduite

Accéder aux stations de métro depuis la rue reste aujourd’hui une difficulté majeure pour les personnes en situation de handicap moteur. En juillet 2020, Omer Juma, un entrepreneur engagé pour une ville plus inclusive, a lancé le projet « 4 jours 4 lignes »,  un audit complet de l’accessibilité verticale aux stations du métro de Montréal. Il a parcouru en 4 jours les 68 stations et plus de 8 600 marches. Ses résultats, qu’il partage volontiers au grand public, montrent que :

  • 76% des stations (52) ne disposent pas d’ascenseur à au moins une de leurs entrées ;
  • 47% (32) d’entre elles ont au moins une entrée sans escalator ;
  • 26% (18) d’entre elles ont une entrée avec un escalier doublé d’un escalator montant mais aucun dans le sens de la descente.

Escalators d'une station du métro de Montréal

Une seule station sur les 68 du réseau de métro offre la possibilité d’un cheminement continu du niveau supérieur jusqu’au quai en empruntant les escaliers mécaniques. Dans 58 d’entre elles, même si les escaliers mécaniques sont présents, il existe toujours une rupture du cheminement, où les voyageurs doivent franchir des marches. Enfin, les 9 autres stations ne comportent aucun escalier mécanique.

En 2017, la Cour supérieure avait autorisé un recours collectif de 1 milliard de dollars contre la Société de transport de Montréal (STM), l’Agence métropolitaine de transport (AMT) et la Ville de Montréal au nom de personnes qui avaient vu leur accès au transport en commun restreint en raison de leur handicap.

Un plan de développement de l’accessibilité universelle pour le métro de Montréal

En vertu de l’article 67 de la Loi canadienne assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale, la STM a mis en place dès 2007 son premier plan de développement de l’accessibilité universelle. Le 3e plan pour la période 2016-2020 fixant les objectifs pour 2025 s’articule en 3 volets :

  • Consolider l’implantation de l’accessibilité universelle ;
  • Accélérer la mise en accessibilité des stations du métro ;
  • Élargir les champs d’intervention de l’accessibilité universelle.

L’équipe dédiée à l’accessibilité universelle évolue au sein de la direction Planification et développement des réseaux. Elle travaille en étroite collaboration avec trois comités : le sous-comité, le comité associatif et le comité technique en accessibilité universelle.

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41 stations de métro équipées d’ascenseurs en 2025

A l’origine de la construction du métro en 1966, les ascenseurs n’étaient pas prévus. C’est aujourd’hui un défi de les intégrer en entravant le moins possible le service aux voyageurs. Il est souvent nécessaire d’acquérir de nouveaux terrains, modifier les bâtiments existants, déplacer des équipements… Plusieurs chantiers sont en cours pour atteindre le nombre de 41 stations équipées en 2025. Aujourd’hui, elles sont 16 à être équipées, dont 9 sont totalement accessibles.

Les installations d’ascenseurs sont priorisées en fonction de différents critères afin d’optimiser le rapport entre le coût et le service rendu. Ces critères sont :

  • La complexité technique de l’installation ;
  • La répartition géographique des stations équipées afin de desservir équitablement les différents quartiers de Montréal ;
  • La catégorie des stations : la priorité va aux stations de correspondance ou terminus ;
  • La proximité d’écoles, d’institutions de santé ou de pôles d’échanges ;
  • La possibilité de jumeler l’installation d’un ascenseur avec d’autres travaux d’infrastructure.

25 stations supplémentaires seront équipées d’ascenseurs d’ici 2025, dont les 5 nouvelles de la ligne bleue. Par ailleurs, les 26 stations du Réseau Express Métropolitain (REM) qui sera mis en service partiellement à partir de 2022 seront toutes équipées d’ascenseurs et bénéficieront d’une accessibilité universelle totale.

Les ascenseurs sont ouverts à tous les passagers : personnes à mobilité réduite, mais aussi personnes âgées, parents avec enfants en bas âge, passagers chargés de bagages encombrants… Les utilisateurs de fauteuil roulant peuvent solliciter l’aide du personnel pour les utiliser et cheminer dans la station. L’état de service des ascenseurs est accessible en temps réel sur la page d’accueil du site web de la STM. 

Des portes-papillon motorisées

Typiques du métro de Montréal, les portes-papillon sont conçues pour limiter l’effet piston et par conséquent les courants d’air liés à la circulation des rames dans les tunnels. Ces portes doubles pivotant sur un axe étaient à l’origine fabriquées entièrement en acier inoxydable, ce qui les rend difficiles à ouvrir pour les personnes handicapées ou à mobilité réduite. Des modèles plus légers ont été introduits à partir de 2010. En 2020, 22 stations de métro étaient équipées de portes-papillon motorisées munies d’un bouton poussoir pour en commander l’ouverture. La STM prévoit de doubler ce nombre d’ici 2025. Un modèle de porte-papillon motorisée élargie a été conçu pour équiper les entrées disposant d’ascenseurs afin de permettre le passage des poussettes et des fauteuils roulants.

Des portes palières pour la sécurité de tous

L’ensemble des quais du métro de Montréal est équipé de bandes podotactiles afin de prévenir le risque de chute, en particulier pour les personnes aveugles ou déficientes visuelles. Les portes palières, aussi appelées façades de quai, sont des portes vitrées installées le long des quais de métro, qui s’ouvrent automatiquement une fois que la rame est à l’arrêt. Déjà présentes sur les réseaux de Paris, Londres ou Tokyo, ces portes palières augmentent la sécurité des voyageurs en évitant le risque de chute sur les voies. Elles préviennent aussi l’effet « piston », à savoir le courant d’air causé par le passage rapide du métro en station, qui peut être à l’origine de déséquilibres, voire de chutes chez les passagers attendant sur le quai.

D’ici 2026, des portes palières seront installées sur la ligne orange du métro de Montréal. Les nouvelles stations du REM en seront également toutes équipées. 

Des solutions accessibles pour l’achat des titres de transport

Proposer plusieurs options pour l’achat de titres de transport est le meilleur moyen pour que les personnes à besoins spécifiques en trouvent une qui leur convienne. La STM propose à sa clientèle différents moyens d’acquérir des titres de transport : depuis son domicile avec un lecteur en ligne, sur son smartphone, auprès des commerçants partenaires, auprès des agents de station, sur les distributeurs automatiques et bornes de rechargement. 

Les distributeurs automatiques de titres (DAT) et les bornes de rechargement (BR) sont équipés d’un système de navigation sonore. Le clavier bancaire est muni de repères tactiles et l’écran présente un contraste et une lisibilité améliorés. 

D’ici 2025, la STM prévoit de diversifier encore les possibilités d’achat de billets et de faciliter l’accès des points de vente aux personnes handicapées.

L’information voyageur pour tous

Depuis fin 2014, des écrans d’information MétroVision sont installés sur les quais de toutes les stations. Ils informent les voyageurs en temps réel sur les horaires des prochains départs, la météo et l’actualité de la STM. Un nouveau système de sonorisation a été implanté dans les stations pour améliorer l’audibilité des annonces. L’annonce vocale de la prochaine station dans les rames de métro est automatisée. L’actrice Michèle Deslauriers est actuellement la voix du métro de Montréal.

Toute la signalétique du métro a été revue en tenant compte des principes d’accessibilité universelle : contraste visuel, polices de caractères bien lisibles, utilisation de couleurs, symboles et pictogrammes.

La STM mène par ailleurs plusieurs projets visant à mettre l’information voyageur à disposition de sa clientèle sur un maximum de plateformes : web, mobile, papier, téléphone, etc. En plus de l’information sur les horaires, les correspondances et les perturbations du réseau, la STM entend également fournir toute l’information nécessaire à la planification d’un itinéraire tenant compte des besoins spécifiques des voyageurs. L’information en temps réel concernant le fonctionnement des ascenseurs, des escaliers mécaniques et des portes-papillon motorisées devrait être disponible sur l’ensemble des plateformes dans les années à venir.

Des nouvelles rames plus accessibles

L’aménagement des nouvelles voitures de métro AZUR mises en service en 2018 prend en compte les principes d’accessibilité universelle :

  • Contraste des couleurs pour faciliter l’identification des objets,
  • Sièges plus ergonomiques,
  • Suspension ajustable pour s’adapter au niveau des quais,
  • Portes plus larges,
  • Espaces réservés aux fauteuils roulants dans chaque voiture,
  • Information visuelle et sonore automatisée indiquant les stations, les correspondances, l’ouverture et la fermeture des portes,
  • Interphone accessible.

Intérieur d'un train du métro de Montréal avec un seul passager

Dans les trains MR-73, seule la voiture de tête de chaque ensemble de trois voitures possède un espace réservé aux fauteuils roulants. L’information sonore existe dans toutes les voitures et l’information visuelle des correspondances dans presque toutes. 

D’ici 2025, un système d’appel d’urgence accessible à tous devrait être présent dans tous les trains. Les annonces sonores et visuelles feront aussi l’objet d’un travail pour les rendre faciles à comprendre.

Des mesures d’accompagnement pour les personnes handicapées 

Les utilisateurs de fauteuil roulant ainsi que les personnes ayant un handicap visuel ou intellectuel peuvent demander à être accompagnées d’un agent de la STM pour faciliter leurs déplacements dans les stations. Dans la plupart des stations, il reste difficile pour une personne se déplaçant en fauteuil roulant de franchir l’écart entre le quai et la rame en autonomie. L’aide d’un agent est alors nécessaire pour déplier la rampe d’accès. 

Des agents formés à l’accessibilité universelle

Les programmes de formation du personnel de la STM intègrent des modules consacrés à l’accessibilité universelle, à l’accueil et à l’accompagnement des personnes handicapées. Les employés sont notamment initiés à la manipulation des équipements d’accessibilité comme les rampes d’accès. 

La carte d’accompagnement

Les personnes ayant un handicap visuel ou intellectuel qui éprouvent des difficultés à accéder seules au réseau régulier de la STM peuvent demander une carte d’accompagnement. Celle-ci permet à la personne qui les accompagne de voyager gratuitement sur l’ensemble du réseau. 

Les chiens guides d’aveugles ou chiens d’assistance sont bien sûr admis gratuitement dans les stations et à bord des véhicules de transport.

Des ateliers pour apprendre l’utilisation du métro

Afin d’améliorer l’autonomie et la sécurité des voyageurs, les équipes de la STM assurent des ateliers de sensibilisation et de formation à l’utilisation du réseau. Ces ateliers s’adressent à des groupes scolaires, nouveaux arrivants, personnes âgées, personnes handicapées, etc. En 2015, plus de 42 000 personnes avaient assisté à un de ces ateliers. Les personnes ayant un handicap visuel ont également accès aux ateliers dispensés par l’Institut Nazareth et Louis Braille (INLB) ainsi que du Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal Métropolitain (RAAMM). Cet apprentissage intégré dans un parcours de réadaptation permet le repérage et la mémorisation des cheminements pour une utilisation en autonomie par la suite. 

Malgré l’absence de prise en compte de l’accessibilité universelle lors de la construction du métro de Montréal en 1966, il ne fait aucun doute que des efforts considérables sont menés depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, les normes et critères d’accessibilité universelle sont inscrits dans tous les projets de conception et de rénovation du métro. Ceci passe aussi par le rehaussement des quais, des bandes jaunes sur les nez de marche des escaliers, des mains courantes à double hauteur, des appuis ischiatiques, des sièges avec accoudoirs, des bornes d’appel, etc. Une certitude : le métro de Montréal avance bien sur la voie de l’accessibilité universelle !

 

Publié le 5 avril 2021

 

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