Jeux Olympiques Tokyo 2020 : le point sur les équipements d’accessibilité
A cause du Covid-19, de nombreux événements ont dû être reportés en 2020, y compris les Jeux Olympiques d’été à Tokyo qui ont lieu du 23 juillet au 8 août 2021. Quant aux 4 400 athlètes paralympiques, c’est du 24 août au 5 septembre qu’ils pourront briller à leur tour. Tokyo a déjà connu l’effervescence liée à un tel évènement en 1964 et des travaux considérables avaient été entrepris. Pour les Jeux Olympiques de 2020, le but était d’accueillir près de 500 000 touristes censés venir du monde entier pour assister à cet événement unique et parmi eux plusieurs milliers de personnes en situation de handicap. Malheureusement, la ville est sous le coup de restrictions de par un état d’urgence. Ce qui signifie que dû à une augmentation des cas de Covid-19, il ne peut y avoir aucun spectateur dans les gradins pour encourager les athlètes !
Le budget global pour l’organisation des jeux était d’abord estimé au minimum à 3,4 milliards de dollars mais à cause du report d’un an, il est maintenant passé à 15,4 milliards de dollars. Soit une augmentation de 22%. Cet investissement colossal s’explique aussi par la mise en accessibilité des infrastructures de la zone olympique et de la ville puisque Tokyo était censée pouvoir accueillir des spectateurs. Même si la ville a installé des équipements d’accessibilité spécialement pour les Jeux Olympiques d’été, tous les citoyens et les touristes en situation de handicap vont en bénéficier, même après la fin des Jeux. Cela représente donc un investissement sur le long terme pour lever les obstacles liés à l’accessibilité !
Mais quels sont ces équipements qui favorisent l’accessibilité des Jeux ? Quelle est la réglementation nationale en vigueur relative à l’accessibilité ? Et quels sont les exemples d’application à ce jour des lois et des directives ? Nous verrons que l’organisation de cet événement est une belle vitrine en matière d’inclusion mais que des efforts certains restent encore à fournir. Néanmoins Tokyo montre l’exemple pour les prochaines villes qui vont héberger les Jeux Olympiques et donc accueillir des visiteurs et des athlètes en situation de handicap.
La réglementation locale en matière d’accessibilité
Le nombre de personnes âgées est en constante évolution au Japon. Plus la population vieillit et plus les besoins liés à l’accessibilité augmentent. En réponse à cette problématique croissante, le Ministère du territoire, des infrastructures et du tourisme a fait entrer en vigueur en 2008 la loi “barrier free” afin de permettre à tous et à toutes de se déplacer en autonomie dans les espaces publics tels que les gares, les pôles d’échanges, les aéroports, les ports mais aussi les centres commerciaux et les bâtiments publics.
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La mise en accessibilité des espaces publics s’est traduite par de nombreuses initiatives telles que l’installation de rampes, d’ascenseurs, de marquages tactiles au sol, d’emplacements réservés aux personnes en fauteuil roulant ou encore de mise à disposition d’informations en braille.
L’élection en 2013 de Tokyo en tant que ville hôte des Jeux Olympiques a permis d’accélérer le processus de mise en application de cette loi et de permettre au plus grand nombre de profiter de cet évènement sportif. Tous les lieux accessibles doivent être repérables par un autocollant bleu lors des Jeux.
Les directives d’accessibilité du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques
En collaboration avec les organisations gouvernementales compétentes, le gouvernement de Tokyo, les autorités municipales et les associations représentant les personnes en situation de handicap, le comité d’organisation de Tokyo 2020 a formulé des directives d’accessibilité pour les Jeux Olympiques qui ont été approuvées par le comité paralympique international.
Parmi les sites de compétition, 24 sont déjà existants, 10 resteront temporaires et 8 ont été construits spécialement pour les Jeux. Les autres espaces ciblés par les directives d’accessibilité regroupent les lieux d’hébergement ainsi que les transports existants et ceux créés pour l’occasion.
Les équipements d’accès et de circulation
Ces directives s’appliquent dans un premier temps à l’ensemble des équipements d’accès et de circulation tels que :
- Les voies d’accès et les zones de circulation qui doivent être libres de tout obstacles et d’une largeur minimum de 1,80m.
- Les rampes si un accès à la même hauteur au sol n’est pas possible (différentes inclinaisons en fonction des sites sont proposées dans le guide).
- Les escaliers dont les marches doivent être de hauteur et de profondeur uniformes en évitant les escaliers en colimaçon.
- Les surfaces au sol qui ne doivent présenter aucun risque de trébuchement et offrir des indicateurs directionnels fiables qui s’adaptent à tous les usagers. De plus, les cheminements extérieurs doivent être équipés de bande de guidage.
- Les comptoirs d’accueil, les entrées, les sorties doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite.
- Les portes doivent être conçues de façon à pouvoir être poussées par des personnes en fauteuil roulant, poussant une poussette ou portant des objets lourds.
- Les ascenseurs et escaliers mécaniques doivent être installés à proximité des lieux de passage.
Les équipements dédiés aux spectateurs
Concernant les équipements initialement dédiés aux spectateurs, le guide formule des préconisations également pour :
- Les places assises : au moins 0,50% du nombre total de places doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite. Le même ratio est applicable aux places dédiées aux accompagnateurs.
- Les toilettes et les vestiaires doivent être pensés pour pouvoir accueillir les personnes à mobilité réduite également. Un toilette unisexe destiné à pouvoir accueillir une personne en fauteuil roulant est obligatoire pour chaque bloc de sanitaires.
Pour plus de détails sur les spécificités techniques conseillées, reportez-vous au guide d’accessibilité des JO 2020 (disponible en anglais uniquement).
Un exemple d’application des directives d’accessibilité : le Village des athlètes des Jeux de Tokyo
Le concept du Village repose sur le principe de conception universelle. Un lieu conçu spécifiquement pour l’occasion et 100% accessible pour permettre aux athlètes de se détendre et de se concentrer.
Le Village se conforme entièrement aux directives d’accessibilité du comité. Chaque détail a été pensé pour accueillir les athlètes paralympiques afin de leur garantir un confort optimum en vue des compétitions.
Par exemple, le gouvernement de Tokyo a procédé à une étude pour s’assurer que la mise en configuration des ascenseurs réponde aux exigences spécifiques des Jeux de Tokyo 2020 ainsi qu’aux besoins à long terme. Aussi, des chambres doubles ont été converties en chambres individuelles pour que les athlètes à besoins spécifiques puissent bénéficier d’un espace suffisant.
Avec une pente maximale de 2,5 degrés, le site du Village olympique est géographiquement adapté pour héberger tous les visiteurs. L’accès au bord de mer a été conçu avec une pente légère. Aussi, la distance la plus longue à parcourir entre l’entrée des athlètes et les résidences est de 850 mètres.
Transports : une navette futuriste pour réduire les obstacles
Un autre exemple d’application concrète en matière d’accessibilité, cette fois lié aux transports, est la navette futuriste Accessible People Mover (APM) de Toyota. Partenaire olympique mondial, le constructeur automobile a mis au point un véhicule électrique pour les courtes distances. Les quelque 200 navettes pourront ainsi transporter les athlètes, le personnel et les visiteurs ayant des difficultés de mobilité sur les différents sites des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
Pour conclure
Si le Japon reste un exemple en matière d’accessibilité en Asie, il lui reste encore du chemin à parcourir pour égaler ses homologues européens.
Le président du Comité international paralympique Andrew Parsons reste notamment inquiet quant à l’accessibilité des chambres d’hôtel de la ville. Il y a peu, les hôtels de 50 chambres et plus étaient tenus de ne disposer que d’une seule chambre accessible. Le texte a été modifié récemment pour porter ce niveau à 1% du nombre total de chambres par hôtel. Cette réforme sera un héritage positif des Paralympiques.
De manière générale, le Japon garde une mentalité protectrice vis-à-vis de ses citoyens handicapés. En dépit des nouvelles réglementations et de l’amélioration globale de l’accessibilité des lieux publics, “vous ne voyez pas de personnes handicapées se déplacer, parce qu’il y a une barrière culturelle. On attend d’elles qu’elles restent à la maison”, dénonce Andrew Parsons.
Cependant, l’organisation des Jeux Olympiques reste une belle occasion pour changer les mentalités et les réglementations. En héritage des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, l’aéroport de Pékin compte désormais un parking spécialement adapté aux personnes handicapées. L’événement a aussi permis de construire des rampes pour fauteuils roulants dans les rues, les centres commerciaux et les attractions culturelles majeures.
Autre fait marquant à l’occasion des JO de Pékin, la ville a installé des feux sonores aux passages piétons pour assister les personnes malvoyantes.
Tous ces exemples démontrent que les équipements d’accessibilité initialement prévus pour héberger les Jeux Olympiques sont rentables sur le long terme. En effet, ils participent à améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap.
A l’instar de Pékin et des autres villes hôtes, laissons agir sur Tokyo la pression positive qui aidera la capitale nippone à faire sa transition vers une ville plus accessible, une véritable smart city !
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Mis à jour le 27 juillet 2021