Tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir sur la mystérieuse écriture braille

Dans les ascenseurs, sur les boîtes de médicaments, sur les cartels des musées ou les plaques de portes…, vous avez déjà remarqué ces petits points en relief. Vous savez qu’ils servent aux personnes aveugles mais vous vous demandez comment ça marche ? Suivez le guide, on vous raconte !

Le braille, ce système d’écriture et de lecture tactile à points saillants utilisé par les personnes déficientes visuelles, existe depuis 1829. Son inventeur, Louis Braille, lui-même aveugle, a conçu cet alphabet tactile afin de pouvoir lire et écrire et ainsi accéder à une éducation comme tout le monde. Le braille représente un outil indispensable pour une personne aveugle pour s’instruire et donc être incluse dans la société. Si aujourd’hui le braille a évolué, le système de 1829 constitue la base de lecture pour les personnes aveugles et malvoyantes. Remontons le temps pour découvrir sa création et son usage à l’heure actuelle !

Systèmes utilisés avant le braille

Dès le XVIIème siècle, on comprend que le sens du toucher pour les personnes aveugles et malvoyantes est à exploiter pour leur apprendre à lire.

L’idée de toucher du relief vient du jésuite italien Francesco Lana de Terzi et son système éponyme en 1670. Avec le système Lana, on a des lignes et des points imprimés en relief sur du papier épais basés sur une grille spécifique de trois fois trois cases comprenant les lettres de l’alphabet. Il suffit donc d’apprendre cette grille pour utiliser ce système d’écriture.

papier écrit en braille

C’est ensuite au siècle suivant avec l’homme de lettres Valentin Haüy que l’instruction des personnes aveugles et malvoyantes est véritablement possible.

Il fait créer des caractères spéciaux en relief et mobiles afin que l’élève puisse toucher et donc lire ce qu’il a sous les doigts. Cette méthode de « relief linéaire » est appliquée à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles, l’école qu’a ouvert spécialement Valentin Haüy à Paris en 1785, aujourd’hui appelée Institut National des Jeunes Aveugles (INJA). L’Association Valentin Haüy qui a aussi émergé continue de promouvoir le braille.

Si les deux systèmes précédents ont été conçus spécifiquement pour répondre aux besoins des personnes aveugles et malvoyantes, le code de Charles Barbier de la Serre de 1808-1809 a d’abord été créé pour les officiers de l’armée afin qu’ils rédigent et transmettent des messages dans l’obscurité.

Appelé « écriture nocturne », ce système repose sur des sons et fonctionne avec des points en relief sur une grille. En 1819, Barbier le perfectionne pour le présenter à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles.

Louis Braille, alors élève de l’école, voit le potentiel du système mais aussi ses limites puisqu’il ne rend pas compte de l’orthographe des mots mais seulement de leur prononciation.

Il décide d’améliorer lui-même le système de Barbier puisque ce dernier n’est pas réceptif aux changements qu’il propose. Il a créé un code toujours utilisé aujourd’hui que ce soit sur papier ou bien dans des lieux publics comme les musées servant de signalétique aux visiteurs déficients visuels.

Son créateur lui a donné son nom : le braille.

Qu’est-ce que le braille ?

Louis Braille conserve les principes de base du système de Barbier à savoir le codage et les points saillants mais revoit deux éléments :

  • Il passe de 12 à 6 le nombre de points utilisés.
  • Il privilégie le codage des signes typographiques latins (lettres, ponctuation, notes de musique).

Là où une personne non déficiente visuelle voit un langage indéchiffrable, crypté et quasi extra-terrestre, une personne déficiente visuelle perçoit un langage à part, un code qu’elle décrypte et maîtrise pour lire et apprendre. Car on a tendance à l’oublier mais le braille c’est bien du code !

Rester sur un codage permet de conserver un système facile à appréhender : chaque caractère a sa cellule composée de points en relief. Dans une cellule, on retrouve donc les six points répartis sur deux colonnes. La numération des points permet de connaître leur position. Chaque caractère a donc une combinaison bien précise.

Le braille est un langage universel puisqu’il est utilisé par les autres langues latines pour les lettres de base mais il reste tout de même des éléments qui peuvent se distinguer selon les langues comme les lettres accentuées, les symboles et les signes de ponctuation.

Plus de 6 millions de personnes l’utilisent dans le monde selon la Fédération des Aveugles de France.

On a bien un code qui doit transcrire le sens de la langue employée : la signification des symboles n’est donc pas la même selon la langue. C’est la raison pour laquelle les brailles japonais, coréen et cyrillique ont des spécificités différentes du braille français.

Selon l’étude Homère sur la déficience visuelle en France, près de 80% des personnes aveugles dont la cécité est apparue à la naissance maîtrisent le braille. 

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Évolutions du code

Au fur et à mesure, le code a évolué et s’est répercuté dans d’autres domaines comme les mathématiques et la musique permettant ainsi aux personnes aveugles et malvoyantes de développer leurs compétences et/ou centres d’intérêt.

Il y a tout de même des limites car les formules mathématiques peuvent parfois être très longues une fois retranscrites en braille et donc être complexes à assimiler.

plage braille

Etant donné que le braille standard avec ses 6 points ne permet que 64 combinaisons, ceci oblige à coder certains signes comme les chiffres ou les lettres majuscules sur 2 caractères.

Lors de son passage à l’ère de l’informatique, la cellule braille a donc gagné 2 points. Grâce à ce braille informatique codé sur 8 points, 256 combinaisons sont désormais possibles, ce qui permet de transcrire tous les nouveaux symboles de l’ère digitale comme l’arobase en utilisant un seul caractère.

Un système tourné vers le futur

Les personnes déficientes visuelle peuvent aujourd’hui être facilement connectées au Web et donc au monde entier comme n’importe quel internaute. En évoluant, la technologie s’est véritablement mise à leur service.

Il n’y a pas que les smartphones qui leur permettent d’avoir une réelle autonomie. Grâce aux progrès faits, les personnes aveugles et malvoyantes peuvent :

  • Lire n’importe quel document sur le net avec un logiciel transcripteur en braille. Le texte est retranscrit automatiquement et peut même être imprimé en braille grâce à une imprimante spéciale appelée embosseuse.
  • Accéder à des documents en braille numérisés grâce à des bibliothèques numériques en braille.
  • Utiliser une plage tactile en braille sur laquelle un clavier en braille est incrusté. Les points se lèvent et s’abaissent en fonction des caractères à représenter. Cela permet de traduire un texte à l’écran directement sur la plage tactile.
  • Paramétrer une synthèse vocale qui énonce le texte à l’écran.
  • Se servir d’un logiciel de lecteur d’écran qui passe le texte à l’écran soit en une page en braille soit en un texte lu.

En se penchant sur l’histoire du braille et son évolution, on se rend compte que Louis Braille a véritablement changé la vie de millions de gens en leur donnant accès à une éducation, un droit fondamental. Il leur a littéralement donné les clés, enfin le code, pour vivre dans un monde plus inclusif avec une réelle autonomie. Son code permet aux personnes aveugles et malvoyantes de lire, d’écrire et d’apprendre comme n’importe quel citoyen et il est aujourd’hui décliné pour se plier aux exigences du monde numérique. De 1829 à 2020, il n’y a finalement que quelques clics…

Mis à jour le 22 février 2023 / Publié le 3 août 2020

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Carole

En tant que content manager chez Okeenea, j’écris des articles de fond sur l’accessibilité sous toutes ses formes et je passe à la loupe toutes les idées reçues liées au handicap.