Le guide complet de la bande podotactile d’éveil de vigilance
Un escalier descendant ou un quai de métro représente un risque de chute important pour les personnes aveugles ou malvoyantes. La bande podotactile d’éveil de vigilance a pour fonction de les alerter devant la présence d’un danger imminent. Comment choisir le bon dispositif podotactile ? Quelles sont les règles à respecter pour une installation efficace ? Quelles sont les meilleures techniques de pose pour une tenue durable et une satisfaction optimale du responsable et des usagers de l’établissement ?
Nous vous donnons dans ce guide complet de la bande podotactile d’éveil de vigilance toutes les clés pour une pose réussie et durable. Vous y trouverez des explications pour bien comprendre la fonction d’une bande podotactile, une liste des critères de choix, des conseils de pose issus de nos 28 ans d’expérience et tout ce que vous devez savoir sur la réglementation en fonction du lieu que vous devez équiper.
Ce guide complet est disponible en fichier PDF. N’hésitez pas à le télécharger pour l’avoir toujours à portée de main notamment lors de la pose d’une bande podotactile ! Vous y trouverez en bonus deux outils très pratiques pour faire votre choix parmi les produits du marché et calculer les quantités dont vous avez besoin.
Qu’appelle-t-on bande podotactile d’éveil de vigilance ?
Bande d’éveil de vigilance, BEV, dalle podotactile, toutes ces expressions désignent une surface composée de plusieurs lignes de plots en relief perceptibles au toucher par les pieds ou à l’aide d’une canne blanche. Selon la norme française NF P98-351, les plots sont bombés, en forme de dômes, et disposés en quinconce sur toute la surface podotactile. Ils peuvent être indépendants les uns des autres ou reliés entre eux par une semelle constituée du même matériau ou d’un matériau différent. On parle souvent de « clous » pour désigner les plots en relief et de « dalle podotactile » lorsque ces plots sont disposés sur une semelle.
Il existe plusieurs types de bandes podotactiles : la bande d’éveil de vigilance, la bande de guidage et la bande d’interception. Elles ont chacune leur propre fonction. Dans ce dossier, nous parlons uniquement de la bande d’éveil de vigilance.
Quelle différence entre bandes de guidage et bandes d’éveil de vigilance ?
A quoi ça sert ?
Pour se déplacer en sécurité, les personnes aveugles ou malvoyantes analysent constamment les indices tactiles et sonores présents dans leur environnement. Les bandes d’éveil de vigilance, autrement appelées BEV ou dalles podotactiles, ont pour fonction de donner l’alerte devant un danger comme :
- Un escalier descendant,
- Une marche isolée de hauteur importante,
- Un tapis roulant, un escalier ou un plan incliné mécanique,
- Des voies ferrées,
- Une chaussée empruntée par des véhicules…
L’obligation d’installer des bandes d’éveil de vigilance s’inscrit dans la réglementation accessibilité PMR. Pour que l’alerte fonctionne, la bande d’éveil de vigilance doit avoir un contraste tactile et visuel très prononcé avec le revêtement de sol environnant. Un contraste visuel, oui vous avez bien lu, car la plupart des personnes malvoyantes perçoivent malgré tout les différences de luminosité.
L’accessibilité aux aveugles et malvoyants – 8 idées reçues
Les bandes ou dalles podotactiles doivent également respecter des dimensions précises définies par la norme NF P98-351. En voirie, la largeur du dispositif dépend de la largeur du trottoir ou de l’îlot refuge. Elle varie entre 40 et 60 centimètres selon les cas. En haut des escaliers et sur les quais de transports en commun, on applique cependant une largeur fixe de 40 centimètres. La longueur des bandes podotactiles dépend quant à elle de l’obstacle à signaler.
Les bandes podotactiles d’éveil de vigilance ne doivent en aucun cas servir à l’orientation, au guidage, à l’information ou à la localisation de points d’intérêt. Ce code est strictement réservé à l’alerte devant un danger situé au sol. L’utiliser dans d’autres contextes perturberait le message et rendrait le dispositif totalement contreproductif.
Comment choisir le meilleur dispositif d’éveil de vigilance ?
Dalles, bandes ou clous podotactiles ? A coller, visser, sceller ? Aluminium, inox, laiton, caoutchouc, pierre, béton, matériaux polymères ou résine méthacrylate ? Les fabricants proposent une grande variété de produits pour assurer l’éveil de la vigilance des personnes aveugles et malvoyantes en voirie devant un passage piéton, en haut d’un escalier ou sur un quai de métro. Voici les critères à prendre en compte pour faire votre choix.
Respect de la norme NF P98-351 pour la bande podotactile
Choisir une bande podotactile qui respecte la norme NF P98-351 vous offre la garantie d’avoir un produit conforme en termes de dimensions, géométrie, glissance et durabilité. La norme indique également les règles à respecter concernant le contraste visuel et la résistance au feu. Les caractéristiques à vérifier impérativement sont les suivantes :
Forme des plots podotactiles
Les plots podotactiles doivent avoir une forme de dôme avec un diamètre de base de 25 mm et une hauteur de 5 mm. Les autres formes comme les troncs de cônes, les grains de riz ou les carrés, ne sont pas conformes à la norme française.
Disposition des plots podotactiles
Ils doivent être disposés en quinconce et espacés de 37,5 mm (mesurés de centre à centre).
Dimensions de la bande podotactile et nombre de lignes de plots
La norme NF P98-351 définit deux largeurs différentes selon le lieu d’implantation de la bande ou dalle podotactile. Elle varie entre 40 et 60 centimètres, soit 6 ou 8 lignes de plots.
La largeur est vérifiée entre deux règles tangentes aux bases des plots de la première et de la dernière ligne de plots.
Largeur de 60 centimètres :
Les bandes d’éveil de vigilance installées sur la voirie au droit des traversées piétonnes ou en haut des volées d’escaliers de 3 marches ou plus comportent 8 lignes de plots pour une largeur globale de la bande de 60 cm.
Plus exactement, la largeur hors tout de la surface podotactile, constituée par les lignes de plots, est de 587,5 ± 5 mm.
Largeur réduite de 40 centimètres :
La norme définit également une bande podotactile de largeur réduite comportant 6 lignes de plots pour une largeur de 40 cm. Celle-ci est implantée :
- Sur les quais d’accès aux transports collectifs guidés, maritimes et fluviaux ;
- Sur les trottoirs étroits, dont la largeur prise depuis la limite de chaussée est inférieure ou égale à 1,90 m ;
- Sur les traversées de chaussée avec îlot-refuge, lorsque la largeur de l’îlot est inférieure à 2,70 m ;
- En haut des volées d’escaliers situés dans les établissements recevant du public (ERP) et installations ouvertes au public (IOP).
Plus exactement, la largeur hors tout de la surface podotactile, constituée par les lignes de plots, est de 400 ± 5 mm.
Longueur de la bande podotactile :
La longueur d’une bande d’éveil de vigilance se calcule en fonction de la nature du danger pour lequel elle constitue une alerte.
- En haut d’une volée d’escalier, la longueur de la bande podotactile d’éveil de vigilance correspond au minimum à la largeur de l’escalier. Pour éviter les risques de chute lors d’une approche latérale, il est recommandé de prolonger la bande podotactile de part et d’autre de la première marche.
- Sur les quais d’accès aux transports collectifs guidés, maritimes et fluviaux (train, métro, tramway, bateau), la bande podotactile d’éveil de vigilance doit être implantée de manière continue sur toute la longueur du quai ou de l’embarcadère.
- Face à une traversée de voie routière ou ferrée, la bande podotactile d’éveil de vigilance doit être implantée sur toute la longueur de la partie du trottoir abaissée ou surélevée tant que la différence de niveau est inférieure à 5 cm. Quand il existe un marquage réglementaire du passage piéton, la longueur de la bande podotactile ne doit pas dépasser la longueur du marquage. Un dispositif de protection physique, comme une barrière ou une bordure émergente, peut être utilisé en complément de la bande podotactile.
En voirie, la longueur des dalles constituant la bande podotactile doit être au maximum de 1m de manière à permettre l’écoulement de l’eau.
Dimensions de la semelle
On appelle « semelle » la surface sur laquelle sont disposés les plots podotactiles et qui les relie entre eux. La semelle apporte une meilleure tenue grâce à sa surface d’encollage, et offre un meilleur contraste visuel avec le sol adjacent.
Pour les produits rapportés, la largeur et la longueur de la semelle, chanfrein compris, ne doit pas dépasser de plus de 10 mm la ligne tangentielle à la base des plots situés en périphérie de la surface podotactile. Son épaisseur ne doit pas excéder 3 mm. A partir de 2 mm d’épaisseur, ses rebords doivent être chanfreinés.
Pour les produits encastrés, intégrés ou incorporés, il n’existe pas de limite concernant la largeur, la longueur et l’épaisseur de la semelle. Du fait que la semelle doit être au même niveau que le sol environnant, avec une tolérance de seulement 1 mm, celle-ci peut avoir des dimensions plus étendues.
Contraste visuel
Le contraste visuel dépend du sol sur lequel est posée la bande podotactile. La norme NF P98-351 définit une méthode d’essai pour mesurer le contraste visuel d’une surface tactile par rapport à son support. Le contraste de luminance obtenu doit être d’au moins 70%.
En pratique, cela signifie que :
- Sur un sol de couleur sombre, il faut privilégier une bande podotactile dans un coloris clair, par exemple blanc ou gris clair ;
- Sur un sol de couleur claire, il faut privilégier une bande podotactile dans un coloris sombre, par exemple noir ou gris anthracite ;
- Sur un sol de couleur intermédiaire, il faut privilégier une bande ou des clous podotactiles bicolores, mixant un coloris sombre avec un coloris clair, de manière à ce que le contraste soit inclus dans le matériau lui-même. Il est possible de peindre le sol en blanc ou en noir pour faire ressortir les plots.
Pour être sûr de ne pas faire de faux-pas, veuillez vous reporter au tableau des contrastes ci-dessous.
Beige | Blanc | Gris | Noir | Brun | Rose | Violet | Vert | Orange | Bleu | Jaune | Rouge | |
Rouge | 78 | 84 | 32 | 38 | 7 | 57 | 28 | 24 | 62 | 13 | 82 | 0 |
Jaune | 14 | 16 | 73 | 89 | 80 | 25 | 75 | 76 | 52 | 79 | 0 | |
Bleu | 75 | 82 | 21 | 47 | 7 | 50 | 17 | 12 | 56 | 0 | ||
Orange | 44 | 60 | 44 | 76 | 59 | 12 | 47 | 50 | 0 | |||
Vert | 72 | 80 | 11 | 53 | 18 | 43 | 6 | 0 | ||||
Violet | 70 | 79 | 5 | 56 | 22 | 40 | 0 | |||||
Rose | 51 | 65 | 37 | 73 | 53 | 0 | ||||||
Brun | 77 | 84 | 26 | 43 | 0 | |||||||
Noir | 87 | 91 | 58 | 0 | ||||||||
Gris | 69 | 78 | 0 | |||||||||
Blanc | 28 | 0 | ||||||||||
Beige | 0 |
Stabilité à la variation de température
Les bandes podotactiles répondant à la norme NF P98-351 ont subi des tests pour garantir qu’elles restent stables en cas de variations extrêmes de la température : ni déformation, ni écaillage.
Résistance à la glissance
Les bandes podotactiles répondant à la norme NF P98-351 sont réputées non glissantes, ce qui garantit une meilleure sécurité pour les usagers en limitant le risque de chute.
Résistance à l’indentation
Pour répondre à la norme NF P98-351, les bandes podotactiles en matériau souple ne doivent pas présenter d’affaissement des plots après avoir reçu une lourde charge. Les méthodes d’essai sont décrites dans la norme.
Classement feu/fumée
La norme NF P98-351 décrit le classement des produits podotactiles en fonction de leur réaction au feu et de l’émanation de fumée. Les produits doivent être classés M0 à M3 quel que soit le lieu d’implantation. Pour une implantation en intérieur, ils doivent être classés F0 à F3, alors qu’aucune exigence n’existe en extérieur pour le classement fumée.
Contrôle de l’usure
La norme NF P98-351 propose une méthode d’essai pour le contrôle de l’usure des bandes podotactiles. Certains produits comportent un témoin d’usure, qui, dès qu’il est apparent, indique la nécessité d’un remplacement.
Environnement intérieur ou extérieur ?
En intérieur
Si la pose du dispositif d’éveil de vigilance a lieu en intérieur, vous pourrez presque tout vous permettre. Mais certains critères peuvent guider votre choix :
Classification feu :
Pour respecter la classification au feu imposée en intérieur, privilégiez les matériaux métalliques ou le caoutchouc. Les matières plastiques sont à éviter.
Esthétique :
Pour un résultat plus esthétique, privilégiez les clous podotactiles plutôt que les bandes avec semelle. Plus discrets et mieux intégrés à l’environnement, les clous podotactiles sont en général plus appréciés des architectes et des maîtres d’ouvrage que les bandes podotactiles avec semelle. Vous trouverez des clous ou plots podotactiles en matériaux polymères, acier, aluminium, laiton, etc. Veillez à choisir un coloris contrastant avec le revêtement de sol.
Nombre de visiteurs :
Pour un lieu à forte fréquentation, privilégiez des matériaux résistants à l’abrasion comme l’inox. Si vous souhaitez vous orienter vers une bande podotactile dans un matériau souple, sachez que le caoutchouc sera plus résistant qu’une matière plastique comme la résine méthacrylate.
Concernant la tenue au sol, les bandes podotactiles présentent de meilleures performances que les plots, en raison de leur large surface d’encollage. Si vous vous orientez vers des plots ou clous podotactiles, choisissez des produits à visser ou sceller.
Temps de pose :
Pour une pose rapide, privilégiez les bandes podotactiles plutôt que les plots ou clous qui devront être posés un à un à l’aide d’un gabarit. Les produits déjà adhésivés en atelier nécessitent peu de temps et permettent une remise en service rapide des locaux.
Remarque : Vous trouverez sur le marché des clous podotactiles à tête plate ou bombée. Sachez que seuls les clous bombés sont conformes à la norme NF P98-351. Cependant, l’application de cette norme ne s’impose pas en haut des escaliers situés en intérieur et les clous plats sont jugés plus confortables pour l’ensemble des usagers. Vous pouvez donc y avoir recours si le maître d’ouvrage autorise des variantes à la norme.
En extérieur
Si la pose du dispositif d’éveil de vigilance a lieu en extérieur, deux critères doivent absolument retenir votre attention : la tenue et la glissance.
Tenue au sol :
Pour une bonne tenue au sol, privilégiez les clous ou bandes podotactiles à visser ou à sceller avec un ajout de colle.
Dans le cadre d’un aménagement neuf, les dalles podotactiles à encastrer présentent l’intérêt de s’intégrer parfaitement à l’environnement sans risquer d’être arrachées par le passage de machines ou de véhicules. Vous en trouverez en béton, en pierre reconstituée ou en asphalte avec clous inox striés.
Glissance :
Pour une bonne résistance à la glissance, les meilleures performances seront atteintes par les produits en résine méthacrylate granité ou aluminium larmé. Évitez les plaques inox, qui, même si elles sont très résistantes, deviennent glissantes en cas de pluie.
Remarque : Les clous podotactiles en inox strié offrent de bonnes performances en termes de glissance à condition d’être posés sur un revêtement de sol lui-même non glissant.
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Découvrez en vidéos comment poser nos bandes podotactiles d’éveil de vigilance :
Bande d’éveil de vigilance Vigiligne Adhésive
Bande d’éveil de vigilance Vigiligne à Coller
Bande d’éveil de vigilance Vigiclou à Visser
Bande d’éveil de vigilance Vigiligne Inox Adhésive
Quel est le prix d’une bande podotactile d’éveil de vigilance ?
Dalles podotactiles, plots ou clous podotactiles, à coller, visser ou sceller, le prix d’une bande d’éveil de vigilance au mètre linéaire varie de 30 € à plus de 500 €. Tout dépend de la forme, du matériau et du volume de commande.
On peut schématiquement classer les matériaux du moins cher au plus cher :
- Matières plastiques, PVC, résine méthacrylate et polyuréthane,
- Caoutchouc,
- Granulat minéral sur résine méthacrylate,
- Béton et pierre reconstituée,
- Acier galvanisé,
- Aluminium,
- Inox,
- Laiton.
Le choix du matériau aura une influence directe sur la durabilité du produit. Question coût, pensez-y, un produit qui dure dix ans sera toujours moins cher qu’un produit qu’il faudra changer tous les ans.
Le prix varie généralement selon le mode de conditionnement : en lot ou à l’unité. Les frais de livraison sont dégressifs en fonction du nombre de pièces. N’hésitez pas à calculer vos besoins sur différents chantiers avant de passer commande. Et pensez bien à relever les références (réf) pour faciliter le traitement.
Les traitements de surface influencent également le prix du produit : traitement anti-UV, traitement anti-glissance, personnalisation des couleurs, etc.
Le mode de fixation est un autre élément capital à prendre en compte dans le calcul du coût d’une bande podotactile. De nombreux produits comportent à l’achat un adhésif longue tenue, d’autres en revanche doivent être collés, vissés ou scellés. Ceci implique l’achat de fournitures et accessoires complémentaires (colle, vis, gabarit de perçage, mèches, etc.) et augmente le temps de la main d’œuvre nécessaire.
Pensez également à prendre en compte le temps de séchage de la colle. L’immobilisation des locaux peut aussi générer des coûts cachés.
Comment installer un dispositif d’éveil de vigilance ?
Dalles, bandes, clous ou plots, la pose d’un dispositif d’éveil de la vigilance dépend bien sûr du produit choisi. Vous trouverez plus d’informations auprès du fabricant ou revendeur. Voici cependant les étapes incontournables d’une pose réussie.
1. Choisir les bons outils
Les outils et accessoires nécessaires dépendent des produits choisis, clous ou dalles, à coller ou visser, mais aussi du revêtement de sol sur lesquels ils sont posés. Percer du carrelage ou du parquet ne demande pas le même équipement.
2. Préparer le support
Afin d’optimiser la prise de la colle et la planéité du dispositif podotactile, la pose doit se faire sur un support sain, sec et débarrassé de tout résidu. Un nettoyage minutieux et une reprise éventuelle du matériau sont impératifs.
Si le sol n’est pas bien nettoyé alors la colle ne tiendra pas et vous devrez tout recommencer.
Pour les dalles podotactiles à encastrer, beaucoup utilisées en voirie, il est bien sûr nécessaire de prévoir une réserve de profondeur égale à l’épaisseur de la dalle. La semelle de la dalle podotactile doit se trouver à fleur du sol fini.
3. Sécuriser le chantier
Avant de commencer la pose, la première chose à faire est de protéger et baliser le lieu de votre intervention. Si vous intervenez en site occupé, vous devrez vous assurer que les usagers sont informés des travaux et qu’ils disposent d’un itinéraire alternatif correctement fléché. La protection devra rester jusqu’à la fin du séchage de la colle le cas échéant.
4. Définir l’emplacement de la bande podotactile
Selon la norme NF P98-351, la bande d’éveil de vigilance doit être posée à 50 cm de la zone de danger, de manière à laisser aux personnes aveugles ou malvoyantes le temps de ralentir. Or, en intérieur, il n’est pas toujours possible de respecter cette distance. Voilà pourquoi la réglementation permet de réduire le pas de freinage à la largeur d’un giron, soit 28 cm dans les ERP. Quelle que soit la distance choisie pour le pas de freinage, elle doit être homogène dans tout le bâtiment.
Pour une bande d’éveil de vigilance à coller, placez-la à l’endroit où elle doit être posée, collez du scotch sur la BEV en dépassant de 5 mm et retirez-la. Vous avez votre cadre prêt pour une pose réussie.
Il ne vous reste plus qu’à mélanger votre colle pour passer à la suite.
Vous trouverez plus de détails sur l’implantation des BEV dans le paragraphe suivant intitulé « Où installer les bandes podotactiles d’éveil de vigilance ? »
5. Réaliser la pose
Nous l’avons vu : la technique de pose dépend du produit choisi. Pour les clous ou les plots podotactiles, il s’agit, après avoir pris les mesures depuis le nez de la première marche, de positionner les gabarits, puis percer ou coller les clous selon les cas. Pour les bandes podotactiles avec semelle, la pose est beaucoup plus rapide. Faites bien attention à bien la positionner du premier coup, sans quoi il risque d’être difficile de rattraper les choses.
La plupart des fabricants intègrent des détrompeurs sur chaque dalle podotactile de manière à alterner correctement les lignes de plots.
6. Nettoyer la zone
Avant de quitter le chantier, veillez à ne rien avoir laissé sur place : consommables, emballages ou salissures, et à rendre la zone propre et nette. Non seulement votre client gardera un bon souvenir de vous, mais en plus, vous ne risquerez aucune pénalité vis-à-vis du nettoyage.
Pensez également à bien nettoyer vos outils dès la fin des travaux : spatules, malaxeurs… De cette façon, la colle restée sur vos outils et utilisée pour la pose de votre BEV n’aura pas le temps de durcir.
7. Prendre des photos
Prendre des photos de vos réalisations permettra d’attester la qualité de votre travail vis-à-vis du maître d’ouvrage et d’étayer le procès-verbal de réception.
Et pour mieux visualiser l’installation de votre dalle podotactile, rien de tel qu’une infographie reprenant les 6 étapes principales !
Si vous souhaitez en savoir plus, vous trouverez des explications plus poussées dans cet article :
Bande podotactile ou BEV : la pose en 7 points
où nous abordons la préparation des sols, le balisage, les différentes poses possibles (collé, vissé, adhésivé) ainsi que la préparation de la visite de fin de chantier.
Quelle colle choisir pour votre bande podotactile ?
On l’a vu, le matériau de votre bande d’éveil de vigilance dépend du lieu d’installation (extérieur, intérieur) mais aussi de la fréquentation des usagers.
Ces critères sont également à prendre en compte pour utiliser la colle adéquate : une colle capable de bien maintenir votre bande d’éveil de vigilance sur le revêtement de sol où vous l’installez.
Si vous avez suivi les étapes expliquées lors de la section précédente, vous avez mis du scotch pour délimiter l’emplacement de votre bande podotactile. Pour l’extérieur, privilégiez le ruban de masquage. Et maintenant, vous vous apprêtez à coller.
Vous pouvez avoir 2 types de colles différentes :
- Colle méthacrylate, appelée MTA, pour les bandes podotactiles en méthacrylate,
- Colle caoutchouc pour, vous l’avez deviné, les bandes en caoutchouc.
Ces colles offrent une même qualité de tenue. Ce sont des colles bi-composantes, c’est-à-dire que vous avez une partie résine et une partie durcisseur à mélanger lors de la pose. C’est le mélange de ces 2 composants qui permet d’avoir une colle solide qui se durcit.
Equipez-vous de gants et d’un masque à cartouche lorsque vous en êtes à cette étape mais aussi tout au long de la pose.
Pour obtenir un mélange homogène, utilisez un malaxeur.
En fonction de la quantité que vous avez à faire, vous pouvez effectuer la pose à 2 personnes : l’un de vous met la colle sur le support et l’autre pose la bande d’éveil de vigilance en appuyant pour qu’elle s’imprègne bien.
Soyez vigilant et assurez-vous de placer vos bandes podotactiles dans le bon sens avec le bon nombre de plots.
Chez Okeenea, nos poseurs n’utilisent que des pots de colle de 8 kg. Et on vous l’a dit, on privilégie les bandes d’éveil de vigilance en méthacrylate. A noter qu’un pot de colle de ce type vous permet de poser environ 6 et 10 bandes selon le support.
Vous pouvez enlever le scotch que vous avez mis au début pour délimiter l’emplacement de votre bande podotactile 15 minutes après la pose.
Sachez que si votre bande d’éveil de vigilance se situe en haut d’un escalier, le temps de séchage de la colle est de 2h. Si par exemple, les travaux effectués se déroulent en site occupé, cela signifie que passé ce délai les usagers et employés peuvent tout à fait réoccuper la zone et marcher sur la bande podotactile.
La colle caoutchouc
Elle a la particularité d’être de couleur caramel. Cela ne correspond peut-être pas à la couleur de votre support. Durant la pose, vous devez faire attention à ce qu’elle ne dépasse pas.
Si jamais cela arrivait, essuyez tout de suite le trop-plein donc avant qu’elle ne sèche et qu’elle ne durcisse complètement.
La colle méthacrylate
Cette colle est disponible en plusieurs coloris donc vous pouvez choisir celle qui se rapproche le plus du revêtement du sol.
Ici, vous pouvez donc la faire dépasser de quelques millimètres sur les bords de sorte à accroître l’adhérence.
La colle pour clous podotactiles
Il y a moins de question à se poser pour celle-là : utilisez simplement une cartouche de scellement chimique. C’est très pratique pour un travail précis lorsque vous installez des clous podotactiles.
Le revêtement de sol extérieur est irrégulier
Ce cas de figure est assez fréquent en extérieur : vous vous retrouvez à devoir poser une bande podotactile sur un sol non lisse qui comporte quelques irrégularités.
Veillez à bien utiliser une spatule dentée afin de bien faire pénétrer la colle dans les irrégularités. Forcément, vous en utiliserez plus que pour un sol lisse mais cela vous permettra de faire en sorte qu’elle atteigne tous les recoins du support et que la bande d’éveil de vigilance tienne bien.
Quels sont les lieux d’installation d’une bande podotactile d’éveil de vigilance ?
Selon la réglementation accessibilité PMR, les bandes d’éveil de vigilance sont obligatoires dans les cas suivants :
- Escaliers : en haut de chaque volée d’escalier comportant plus de 3 marches ;
- Tapis roulants, escaliers ou plans inclinés mécaniques : en amont et en aval de l’équipement mobile ;
- Quais des arrêts de transports guidés (métro, tram, train…) sauf si la hauteur du quai est inférieure à 26 cm ou qu’il existe un autre moyen de protection comme des façades de quai ;
- Passages piétons : à chaque extrémité d’une traversée piétonne matérialisée, que ce soit sur une voie de circulation automobile ou une voie ferrée.
Les caractéristiques techniques (matériaux, dimensions et géométrie) des bandes podotactiles d’éveil de vigilance sont fixées par la norme NF P98-351.
Pour les escaliers situés à l’intérieur des bâtiments, il est possible de déroger à cette norme, à condition que le dispositif d’éveil de la vigilance présente un contraste visuel et tactile. Afin de ne pas multiplier les codes podotactiles, ce qui les rendrait difficiles à interpréter pour les personnes déficientes visuelles, nous recommandons de suivre la norme quel que soit l’environnement.
Pour en savoir plus sur le contenu de la norme, nous vous invitons à lire cet article :
Bandes podotactiles : comprendre la norme NF P 98-351
Dans un escalier, doit-on équiper tous les paliers intermédiaires ?
Tout dépend de la classification du bâtiment dans lequel vous intervenez.
- Pour les établissements recevant du public (ERP), c’est oui. Tous les paliers intermédiaires des escaliers doivent être équipés d’un dispositif d’éveil de la vigilance, que le bâtiment soit neuf ou non.
- Pour les bâtiments d’habitation collectifs (BHC), il existe des exceptions. L’implantation d’un dispositif d’éveil de la vigilance n’est pas obligatoire sur les paliers intermédiaires des escaliers droits munis de mains courantes continues.
- Pour les locaux de travail ne recevant pas de public, rien n’est précisé dans la réglementation accessibilité PMR. Ce point est laissé à l’appréciation du maître d’ouvrage en tenant compte des risques liés à la sécurité. Les chutes restent l’une des principales causes d’accident dans l’environnement professionnel. En cas de doute, nous vous recommandons donc de suivre la même règle que dans les ERP.
Découvrez tout ce que vous devez savoir sur l’accessibilité ERP et l’accessibilité PMR dans ces guides :
Le guide complet de l’accessibilité PMR : des solutions inclusives pour tous les types de profils
Un dispositif podotactile homogène dans tout le bâtiment :
Les personnes déficientes visuelles enregistrent comme un automatisme la distance entre la BEV et le rebord de la première marche. Si celle-ci change constamment, le signal d’alerte ne fonctionne plus. La distance entre la BEV et le nez de marche doit être autant que possible la même dans tout le bâtiment. Cependant, s’il n’y a que quelques cas particuliers, on les traitera comme tels et on ne les généralisera pas sous prétexte d’harmonisation.
IMPORTANT :
Les escaliers les plus dangereux sont ceux qui se situent dans le cheminement. Dans ce cas, il est essentiel que la distance entre la BEV et la marche soit la plus grande possible, soit 50 cm. Les escaliers fermés sont moins dangereux, car ils sont en général protégés par une porte et l’acoustique y est particulière. Le pas de freinage peut donc être plus réduit.
Ne pas laisser de passage libre :
Les personnes aveugles ou malvoyantes, du fait de leurs difficultés à prendre des repères, n’abordent pas toujours les escaliers de face. Il peut arriver que, en arrivant de biais ou en se déplaçant trop près du mur, elles manquent le message d’alerte de la BEV. Il est donc nécessaire de protéger l’approche latérale.
Voici comment s’y prendre :
- Soit rapprocher la BEV de l’escalier : la réglementation autorise jusqu’à la largeur d’un giron, en général 28 cm,
- Soit prolonger la BEV de part et d’autre de l’escalier ;
- Soit réaliser un retour à 90° pour fermer la zone de danger ;
- Soit, dans un escalier demi-tournant, prolonger la BEV jusqu’à la main courante intérieure de la volée montante.
Remarque : Dans les escaliers hélicoïdaux ou balancés, la largeur du giron se mesure à 50 cm du mur extérieur.
Une bande podotactile peut-elle être utilisée pour signaler un obstacle en hauteur ?
Non, des clous podotactiles ou une bande d’éveil de vigilance ne peuvent pas servir à marquer l’emplacement d’un danger situé en hauteur comme le dessous d’un escalier, un abaissement du plafond ou une poutre trop basse. L’usage de ce dispositif se limite exclusivement aux cas que nous avons mentionnés plus haut : escaliers, quais et passages piétons.
Vous trouverez dans cet article des solutions alternatives à mettre en œuvre dans ces situations :
Comment signaler les obstacles en hauteur aux personnes malvoyantes ?
Ajouter un rappel tactile détectable avec une canne blanche à mi-hauteur, inciter à contourner l’obstacle par la présence d’un mobilier, d’une jardinière ou autre aménagement, installer des bandes de guidage pour marquer le cheminement sans obstacle, il existe bien des solutions en dehors de la bande d’éveil de vigilance, dont l’usage est strictement dédié.
Doit-on équiper les gradins de bandes podotactiles ?
Parce que les gradins sont avant tout faits pour que le public profite d’un spectacle, on ne peut pas leur appliquer strictement les mêmes règles qu’aux escaliers. Mais, pour éviter les chutes, on recommande de placer des bandes podotactiles d’éveil de vigilance tout en haut et à chaque fois que la largeur d’un palier intermédiaire le permet.
Les escaliers de secours sont-ils concernés par l’installation de bandes podotactiles ?
La réglementation impose un dispositif d’éveil de la vigilance sur les « escaliers ouverts au public dans des conditions normales de fonctionnement. » Les escaliers de secours ne sont donc pas concernés par l’installation de bandes d’éveil de vigilance si ceux-ci n’ont qu’une fonction d’évacuation. La même règle s’applique pour les escaliers techniques uniquement utilisés par le personnel.
Vous trouverez plus d’explications dans cet article :
Accessibilité : faut-il aussi équiper les escaliers de secours ?
Que faire si l’espace n’est pas suffisant pour poser une bande d’éveil de vigilance ?
La largeur d’une bande d’éveil de vigilance est de 40 cm. A cette dimension, il faut ajouter le pas de freinage de 50 cm, qui peut être réduit à la profondeur d’une marche, soit en principe 28 cm. Or, il arrive souvent qu’un escalier démarre directement après une porte. Afin que le dispositif d’éveil de la vigilance ne gêne pas le débattement de la porte, plusieurs solutions sont envisageables : rapprocher au maximum la BEV du nez de la première marche, raboter le bas de la porte, découper la BEV ou, en dernier recours, choisir un revêtement contrasté visuellement et tactilement ne créant pas de relief.
Vous trouverez plus d’explications en lisant notre article :
La bande d’éveil de vigilance bloque la porte, comment faire ?
Que dit la réglementation accessibilité PMR concernant les bandes podotactiles d’éveil de vigilance ?
Nous n’allons pas reprendre ici la réglementation accessibilité dans son intégralité. Nous vous proposons cependant quelques références réglementaires concernant les bandes d’éveil de vigilance dans les différents contextes. N’hésitez pas à vous y reporter pour plus d’informations.
Etablissements recevant du public (ERP) situés dans un cadre bâti existant
Arrêté du 8 décembre 2014, article 2 : cheminements extérieurs
« Toute volée d’escalier comportant trois marches ou plus répond aux exigences applicables aux escaliers visées à l’article 7-1, à l’exception des dispositions concernant l’éclairage. […]
Lorsqu’un cheminement accessible croise un itinéraire emprunté par des véhicules, […] le cheminement comporte au droit de ce croisement :
- un élément permettant l’éveil de la vigilance des piétons. »
Article 7.1 : circulations intérieures verticales
« En haut de l’escalier et sur chaque palier intermédiaire, un revêtement de sol permet l’éveil de la vigilance à une distance de 0,50 m de la première marche grâce à un contraste visuel et tactile. Pour une implantation plus efficace, permettant à une personne aveugle ou malvoyante de détecter cet éveil de la vigilance, cette distance peut être réduite à un giron de la première marche de l’escalier. »
Etablissements recevant du public (ERP) lors de leur construction
Arrêté du 20 avril 2017 : articles 2 et 7.1
Les prescriptions concernant l’éveil de la vigilance sont identiques aux ERP situés dans un cadre bâti existant mentionnées ci-dessus.
Article 8 : tapis roulants, escaliers et plans inclinés mécaniques
« Le départ et l’arrivée des parties en mouvement sont mis en évidence par un contraste de couleur ou de lumière. Un dispositif d’éveil à la vigilance est installé en amont et en aval de l’équipement. »
Logement : bâtiments d’habitation collectifs (BHC) lors de leur construction ou lors de travaux de rénovation
Arrêté du 24 décembre 2015, articles 2 : cheminements extérieurs
« Lorsqu’un cheminement accessible croise un itinéraire emprunté par des véhicules, […] le cheminement comporte au droit de ce croisement :
- un élément permettant l’éveil de la vigilance des piétons. »
Article 6.1 : circulations intérieures verticales
« En haut de l’escalier, un revêtement de sol doit permettre l’éveil de la vigilance à une distance de 0,50 m de la première marche grâce à un contraste visuel et tactile. Cette disposition ne s’applique pas aux paliers intermédiaires des escaliers droits munis de mains courantes continues sur ces paliers.
Cette distance peut être réduite à un giron de la première marche de l’escalier lorsque les dimensions de celui-ci ne permettent pas une installation efficace du dispositif à 0,50 m. »
Quais des arrêts de transport guidé situés sur la voirie
Arrêté du 15 janvier 2007, article 1 – 12° : Emplacements d’arrêt de véhicule de transport collectif
« Dans le cas d’un emplacement d’arrêt de transport guidé surélevé à plus de 26 centimètres de hauteur par rapport à la chaussée, une bande d’éveil de vigilance conforme aux normes en vigueur est implantée sur toute la longueur de l’arrêt. »
Passages pour piétons
Arrêté du 15 janvier 2007, Article 1 – 4° : Traversées pour piétons
« Une bande d’éveil de vigilance conforme aux normes en vigueur est implantée pour avertir les personnes aveugles ou malvoyantes au droit des traversées matérialisées. »
Vous savez maintenant tout ce qu’il y a à savoir sur les fonctions de la bande podotactile d’éveil de vigilance, les critères de choix des produits, la manière de les installer et la réglementation qui les concerne. Pour avoir ces informations sous la main à tout moment, nous vous invitons à télécharger ce guide complet en PDF. En bonus, vous y trouverez deux outils très pratiques qui vous aideront à choisir parmi les produits du marché et calculer les quantités dont vous avez besoin pour votre projet.
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Mis à jour le 12 septembre 2022