Comment la Smart City peut-elle faciliter la vie des personnes handicapées ?

Comment la Smart City peut-elle faciliter la vie des personnes handicapées ?

Les technologies numériques ont apporté ces dernières années des progrès indéniables qui facilitent la vie de tous. A l’heure où ces technologies sont au cœur de la construction de nouvelles villes intelligentes, ou « Smart Cities », comment faire en sorte qu’elles n’aggravent pas les situations de handicap mais les allègent ? Comment faire en sorte que les besoins spécifiques de chacun soient pris en compte ? En résumé, comment rendre la Smart City inclusive ? 

Découvrons-en plus sur ce thème ô combien stratégique pour les années à venir !

Qu’est-ce qu’une Smart City ?

smart city, une ville plus inclusive ?Une Smart City, ou « ville intelligente » en français, est une ville qui utilise pleinement les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour répondre aux enjeux du développement durable. Ce concept a pour origine l’idée que l’usage des technologies numériques va améliorer la vie des êtres humains. Concrètement, la Smart City est essentiellement fondée sur un réseau de capteurs, d’objets connectés et de systèmes de gestion des données, qui recueillent et transmettent constamment des informations sur le climat, la pollution de l’air, les flux de circulation, la consommation d’énergie, etc. Ces données sont alors analysées en temps réel pour faciliter les décisions des collectivités publiques, des entreprises, et même des simples citoyens.

De nombreuses villes et métropoles dans le Monde ont entamé leur mouvement vers une ville plus intelligente et connectée. Qualité de l’air, fluidification de la circulation, économies d’énergie, optimisation des espaces publics, facilitations des déplacements et des mobilités actives…, tous ces défis sont au cœur de leur démarche.

En résumé, créer une Smart City est simplement un nouveau moyen de concevoir la ville. L’utilisation des technologies numériques s’ajoute aux infrastructures physiques pour apporter le meilleur service à tous les habitants et usagers.

Et si le handicap était un moteur d’innovation de la Smart City ?

Singapour : la ville la plus intelligente

Singapour est considérée comme la ville la plus intelligente et donc le modèle de smart city le plus réussi au monde. Pourquoi ? De par la digitalisation des services publics de la cité-Etat, Singapour offre une qualité de vie supérieure à ses citoyens. Son but ? Tout fluidifier pour faciliter leur quotidien. 

Mais elle va plus loin en faisant participer activement ses citoyens à la création et à l’amélioration des services de la ville. On note par exemple l’accès aux citoyens à un outil de design en ligne pour concevoir à quoi ressemblera une des zones aéroportuaires de l’île mais aussi une cartographie des activités culturelles de Singapour obtenue grâce à l’analyse des données provenant des réseaux sociaux.

Singapour l’a bien compris : pour répondre aux besoins de ses citoyens et leur correspondre entièrement, elle doit être façonnée à leur image. Par conséquent, même si la technologie est au centre de la smart city, elle reste gérée, modifiée, contrôlée par l’humain.

Comment faire pour que les personnes handicapées profitent aussi des avancées de la Smart City ?

Les métropoles engagées dans ce mouvement conçoivent généralement la Smart City comme le vecteur d’une ville plus écologique et plus humaine. Il existe par ailleurs un véritable engouement pour la construction d’une Smart City inclusive, à voir le nombre de projets d’étudiants, d’ingénieurs ou de start-ups qui proposent des solutions technologiques pour les personnes handicapées. Mais à ce jour, les exemples de réalisations concrètes sont peu nombreux et souvent limités. Soit les solutions proposées sont basées sur une technologie prometteuse mais négligent les besoins et les usages réels des personnes à qui elles s’adressent. Soit elles sont basées sur des besoins et des usages concrets mais leur pérennité est mise en péril par l’absence d’un modèle économique viable.

Pour que les personnes ayant un handicap puissent elles aussi profiter des avancées de la Smart City, il est nécessaire que leurs besoins spécifiques soient pris en compte dès l’origine des projets. A l’image de l’accessibilité physique de la voirie et des bâtiments, le coût de l’accessibilité numérique est quasi insignifiant lorsque celle-ci est intégrée dans les cahiers des charges dès le départ. Encore faut-il que toutes les parties prenantes soient sensibilisées !

Reprenons à nouveau l’exemple de Singapour : son espace public est l’un des plus accessibles au monde. De même pour ses réseaux de transports, ses lieux culturels comme les musées et même ses établissements sportifs qui sont adaptés au handisport. L’accessibilité n’est pas prise à la légère par la cité-Etat et l’inclusion non plus !

Singapour a créé “Enabling village” : un concept d’expérimentations autour du handicap, de l’accessibilité et de l’inclusion en faveur des personnes handicapées. Axé sur la conception universelle, ce village inclusif s’attache tout spécialement à la formation et l’emploi des personnes ayant un handicap.

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Des freins à lever pour une Smart City inclusive

Selon une étude de 2016 réalisée par Smart Cities for All, le manque de prise en compte des handicaps et de l’accessibilité dans  les démarches de conception et d’innovation était un des principaux freins à la « Smart City inclusive » identifiés par les experts du monde entier.
Application Smartphone de déclenchement de dispotifs d'accessibilité pour les déficients visuels, accessibilité ERPD’autre part, le temps nécessaire à l’appropriation des nouvelles technologies par les usagers représente également un obstacle. Les personnes âgées, qui sont les plus souvent concernées par un handicap, sont aussi celles qui ont le plus de mal à s’adapter à de nouveaux outils. La libre circulation des données suscite par ailleurs des peurs parfois irrationnelles. La pédagogie faite autour de ces différentes solutions représente donc un enjeu capital.
Quand on se place du côté des décideurs, laisser la place à l’innovation n’est pas  toujours une évidence. Tout particulièrement en France, où la réglementation et les normes définissent en grande partie l’espace urbain. Consacrer des fonds publics à l’expérimentation de nouvelles technologies apparaît généralement comme très risqué. Cette décision ne peut résulter que d’une volonté politique affirmée.

Enfin, construire une ville accessible, ou inclusive, nécessite de respecter la continuité de la chaîne du déplacement. Pour une Smart City inclusive, il faut en plus veiller à la continuité de la chaîne d’information. Or, la gestion des espaces urbains est partagée entre de nombreux acteurs publics ou privés : commune, intercommunalité, département, région, opérateurs de transports, entreprises, particuliers, etc. De même qu’une personne en fauteuil roulant ne pourra pas pénétrer dans un bâtiment accessible si le trottoir n’est pas abaissé devant l’entrée, elle sera incapable de poursuivre son déplacement si la chaîne d’information est rompue.

Les nouveaux services à l’attention des habitants et usagers des villes de demain seront tous créés à partir de la même matière première : les données. Loin de s’épuiser comme c’est le cas pour les énergies fossiles, la quantité de données connaît au contraire une croissance exponentielle de 40% par an. L’enjeu aujourd’hui est de les rendre homogènes, publiques et ouvertes, de manière à permettre la création de nouveaux services. Sans cela, cette richesse colossale ne pourra être utilisée. Un autre enjeu directement lié aux données concerne leur durée de vie. Les données doivent pouvoir être mises à disposition en temps réel, et celles qui sont obsolètes doivent disparaître le plus vite possible pour ne pas brouiller le message. Plusieurs comités techniques dédiés aux Smart Cities ont déjà été mis en place dans différents organismes de normalisation nationaux et internationaux.

Maintenir l’humain au cœur de la démarche pour relever le défi !

Si les données représentent la matière première et la Smart City le carburant, la finalité n’est autre que de faciliter la vie des êtres humains dans toute leur diversité. L’analyse des besoins et des usages spécifiques est donc une étape indispensable pour atteindre l’objectif d’une Smart City inclusive. La transmission de l’information doit pouvoir se faire dans une modalité adaptée selon les capacités ou limitations physiques de chacun. Leur sélection doit également se faire selon ces critères et tenir compte du contexte de la personne.

Enfin, quand on pense « smart », on pense « digital ». Or, nos villes sont bien réelles, avec leur histoire, leur géographie, leurs modes de vie. Relier le monde digital au monde physique, ce qu’on appelle aussi le « phygital », est un élément-clé pour construire des villes intelligentes réellement inclusives. On le constate aujourd’hui, la communication d’informations concernant l’accessibilité physique des lieux manque cruellement. D’autre part, l’accessibilité à l’information est indissociable de l’accessibilité aux lieux afin d’obtenir un véritable accès aux services pour tous. Les acteurs de la ville devraient par conséquent traiter conjointement les questions d’accessibilité physique et d’accessibilité numérique.

Vous l’aurez compris, la Smart City est une merveilleuse opportunité de rendre la société plus inclusive. A condition toutefois qu’on ne se borne pas à développer des services pour la masse, en oubliant les besoins spécifiques des minorités. Volonté politique, moyens financiers, appétence pour l’innovation technologique, mais surtout expérimentations et recueil des retours d’usage, sont les ingrédients essentiels d’une Smart City inclusive.

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Mis à jour le 14 septembre 2021 / Publié le 10 octobre 2018

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Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !