Réseau de métro à Londres : l’accent mis sur l’accessibilité !
Avoir un réseau de métro accessible signifie prendre en considération les difficultés rencontrées par plusieurs catégories d’usagers comme ceux en situation de handicap. Nous avions déjà vu les obstacles à lever pour une meilleure accessibilité dans le métro dans un précédent article. A présent, attardons-nous sur un exemple très inspirant avec le métro de la ville de Londres !
Au niveau de l’accessibilité, Londres s’engage à servir au mieux les personnes en situation de handicap afin de faciliter leurs déplacements dans la capitale. Ouvert en 1863, le réseau de métro de Londres est maintenant composé de 11 lignes, 270 stations déployées sur 403 km et est utilisé au quotidien par environ 5 millions de personnes. Étant le 12ème réseau de métro le plus fréquenté au monde, le Tube doit constamment repenser son système dans sa globalité, comprenant des lignes de métro en surface et sous-terre, afin de répondre aux besoins de ses usagers en situation de handicap. Il se trouve que 45% de son système est localisé en surface, atteignant ainsi les banlieues limitrophes de la capitale.
Pourquoi le réseau de métro de Londres est-il l’exemple à suivre quand on parle d’accessibilité ? Comment les transports en commun peuvent-ils favoriser l’inclusion des usagers en situation de handicap ? Découvrons ensemble la réponse à ces questions !
Un réseau de métro accessible : qu’est-ce que ça implique ?
La mobilité des personnes en situation de handicap représente l’un des enjeux les plus difficiles à résoudre. Une chaîne du déplacement sans rupture est clé pour assurer plus d’autonomie aux usagers en situation de handicap, que ce soit lors d’une visite au musée, d’une séance shopping au centre commercial ou bien d’un déplacement en métro. A chaque étape, tous les maillons de la chaîne doivent être reliés entre eux pour permettre aux personnes en situation de handicap d’aller d’un endroit à un autre, quel que soit le nombre de maillons à relier entre les deux.
Bien que le métro puisse être la façon la plus facile et la plus rapide de se déplacer, il peut s’avérer difficile à appréhender pour les personnes en situation de handicap vu la foule qu’il y a dans un endroit si congestionné. Et cela surtout quand initialement il n’a pas été conçu pour les accueillir. Qu’est-ce que cela signifie pour les personnes en situation de handicap d’utiliser le métro ? Regardons 6 étapes principales :
1. Préparer son trajet : l’étape la plus importante pour les personnes en situation de handicap. Il est préférable qu’elles regardent leur trajet sur Internet ou via une application. Vérifier en amont quelles stations sont accessibles avec une information en temps réel sur la circulation des trains et le fonctionnement des escalators et ascenseurs leur permet d’avoir un trajet fluide du début à la fin.
2. Trouver l’entrée de la bouche de métro : cela peut être difficile pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Elles ont besoin d’avoir une signalétique efficace afin de trouver l’entrée exacte de la bouche de métro :
- Des balises sonores comme NAVIGUEO+ HIFI qui peuvent être activées à la demande grâce à une télécommande ou un smartphone avec l’application MyMoveo (disponible sur iOS et Android),
- Une signalétique visuelle contrastée,
- Des bandes de guidage,
- Des escaliers sécurisés : contremarches et nez de marche contrastés et antidérapants.
3. Acheter un ticket : ce serait plus simple pour les personnes en situation de handicap de le faire sur Internet ou directement à la station de métro soit avec l’aide d’un membre du personnel ou en utilisant le distributeur automatique. Des solutions existent pour les deux options :
- Un comptoir abaissé pour les usagers en fauteuil roulant,
- Un personnel formé à interagir avec les usagers en situation de handicap,
- Des boutons en relief ou du braille sur le distributeur automatique,
- Une présentation ou information simplifiée avec l’utilisation de pictogrammes.
4. Franchir les tourniquets : cela peut être stressant pour les usagers en situation de handicap quand ils manquent de temps pour les franchir et que d’autres usagers derrière eux se montrent impatients. Mais les opérateurs de réseaux de métro peuvent installer des solutions faciles pour les aider au mieux :
- Un sas dédié aux usagers en fauteuil roulant et aux femmes enceintes,
- Un comptoir abaissé pour valider son ticket,
- Une validation sans contact,
- Une signalétique visuelle contrastée et des pictogrammes pour différencier l’entrée et la sortie des tourniquets,
- Un détecteur de présence pour éviter que les mécanismes ne se referment trop rapidement.
5. Trouver le bon quai : certaines stations sont de grandes plateformes avec beaucoup de correspondances donc trouver ses repères peut être difficile pour les usagers en situation de handicap. Une signalétique qui fournit des informations audio et visuelles comme mentionné plus haut est nécessaire. Mais utiliser une application de guidage comme Evelity à l’intérieur du métro peut soulager le stress et représente un vrai plus. Cette application guide pas à pas les utilisateurs dans des environnements complexes et s’adapte à tous types de profils et de handicaps pour mieux les aider. Le métro de New York a même choisi Evelity pour la tester en conditions réelles !
6. Descendre à la bonne station : des annonces audio et visuelles à chaque station permettent aux usagers en situation de handicap de toujours savoir où ils sont et de se tenir prêts lorsqu’ils doivent descendre.
Comme on peut le voir, à travers toutes ces étapes, lever les obstacles liés à l’accessibilité est essentiel pour améliorer la mobilité des personnes en situation de handicap dans le métro. Des solutions existent pour leur permettre d’utiliser les transports en commun sans aide extérieure et donc de rester autonomes.
Comment le réseau de métro londonien renouvelle l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap
Afin d’accueillir les Jeux Olympiques de 2012, Londres a entrepris beaucoup de travaux pour être plus accessible pour les touristes et athlètes en situation de handicap. Cela a bien sûr impacté les réseaux de transports qui ont dû se renouveler afin de répondre au mieux aux besoins des personnes en situation de handicap. Le Tube démontre à quel point son réseau est révolutionnaire en plaçant de façon systématique l’accessibilité au centre de ses préoccupations. Jetons un œil à d’autres solutions complémentaires que le réseau de métro de Londres a installé pour la mobilité de tous.
Préparer son trajet
Le gestionnaire de réseau Transport for London (TfL) a mis en ligne une page dédiée à l’accessibilité fournissant les informations utiles aux personnes en situation de handicap. Grâce au planificateur de trajet et aux options d’accessibilité et de voyage, les usagers en situation de handicap peuvent planifier leur trajet en fonction de leurs besoins et de leurs préférences : le moyen de transport, l’utilisation d’escaliers ou d’escalators, plus ou moins marcher, gérer l’écart du quai lors de la montée dans le train…
De plus, des guides d’accessibilité et des cartes sont disponibles en ligne et peuvent même être téléchargées pour mieux aider les personnes en situation de handicap à se déplacer et ainsi profiter pleinement des transports en commun. Les personnes avec un handicap visuel ont donc une carte de tout le réseau de métro en couleur avec de gros caractères et les personnes à mobilité réduite ont une carte qui détaille quelles stations sont équipées d’escalators, d’ascenseurs et de rampes. Même les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA), pour qui se retrouver sous-terre dans le noir total peut être stressant, ont accès à une carte qui localise les tunnels souterrains.
Quel que soit leur handicap, les usagers ont tout ce dont ils ont besoin pour préparer leur trajet en amont.
Accéder à la station
Comme on l’a vu, les escalators et les ascenseurs sont indispensables pour les personnes à mobilité réduite et celles en fauteuil roulant. L’installation d’ascenseurs est appelée “accès sans marche” par le gestionnaire du réseau de métro. Il en est de même pour les rampes et les stations aux surfaces nivelées. Ces stations à l’accès sans marche permettent aux utilisateurs de ne pas avoir à utiliser les escalators ou les escaliers. Environ 100 stations sont équipées d’ascenseurs et sont donc qualifiées d’accès sans marche.
Même si cela fait plus de 150 ans que le réseau de métro de Londres a ouvert, son infrastructure lui a permis d’équiper des stations d’environ 426 escalators et 184 ascenseurs. Un nombre en augmentation dû à l’investissement fait tout au long des années pour rendre le métro accessible et adapté aux personnes en fauteuil roulant. Malgré le coût, le réseau de métro bénéficie de ce type d’équipement puisqu’au long terme, cela permet d’attirer et de fidéliser plus de clients : les clients en situation de handicap qui peuvent de cette façon profiter pleinement du métro et donc de Londres.
Pour que les usagers en situation de handicap visuel puissent avoir une bonne expérience, la plupart des stations de métro disposent de bandes de guidage, d’une signalétique aux abords des quai pour plus de sécurité, d’une signalétique visuelle contrastée et d’annonces audio, le tout afin qu’ils se repèrent facilement. Les usagers en situation de handicap auditif bénéficient d’informations et d’annonces visuelles.
Acheter un ticket
En 2003, TfL a développé un système de tickets sans contact appelé Oyster, devenant ainsi le premier réseau de transport au monde à l’implémenter. Ce système de paiement sans contact s’avère être la solution parfaite pour les personnes en situation de handicap : elles n’ont pas besoin d’utiliser un distributeur automatique de tickets ni de demander de l’aide au personnel. Cela signifie que les personnes avec un handicap visuel et celles à mobilité réduite ne bataillent plus pour trouver ou atteindre le distributeur automatique. Avec Oyster, elles peuvent facilement recharger leur carte depuis chez elles ou bien le faire directement sur leur smartphone.
Monter et descendre du train
Apporter de la sécurité à tous les utilisateurs est central pour n’importe quel réseau de métro. En 1968, le Tube a inventé la formule “Mind the gap” que l’on peut traduire par “Attention à la bordure du quai”. Cette phrase d’alerte est maintenant courante et utilisée dans d’autres réseaux de métro de villes du monde entier.
Afin d’offrir plus de trains accessibles, et faisant partie de son accès sans marche, TfL s’est employé à mettre en place des rampes à certaines de ses stations. Ces rampes sont opérées manuellement par le personnel. Bien que des intervalles entre le quai et le train sont présents dans la plupart des stations, des travaux sont en cours pour augmenter le nombre de stations avec accès sans marche. TfL a créé une carte avec la localisation de chaque station avec accès sans marche pour que les usagers sachent où ils peuvent monter dans le train en toute sécurité et sans difficultés.
Trouver un siège peut être difficile pour les usagers en situation de handicap, les personnes âgées ou bien les femmes enceintes. La plupart des trains du réseau de métro londonien ont au moins 2 places accessibles aux personnes en fauteuil roulant dans chaque wagon. De plus, les habitants en situation de handicap de Londres peuvent recevoir un badge “Veuillez m’offrir un siège”. De cette façon, les autres passagers savent qu’ils ont besoin de s’asseoir. C’est très pratique pour les personnes dont le handicap n’est pas visible puisque cela leur permet de ne pas avoir à demander et à se justifier.
Impliquer tout le monde dans l’accessibilité du réseau de métro
Afin de servir au mieux les besoins de ses clients en situation de handicap, TfL s’est concentré sur son personnel en ayant plus d’employés présents dans les stations pour qu’ils puissent conseiller et aider les usagers quand c’est nécessaire. Mais ce qui importe c’est d’avoir un personnel formé à interagir avec des personnes en situation de handicap. Lors de leur arrivée, tous les employés reçoivent une formation spécifique. Cela leur permet de prendre conscience des difficultés rencontrées par ces catégories d’usagers. Par la suite, les employés peuvent reconnaître le badge tournesol porté par les personnes ayant des handicaps invisibles. Le port de ce badge leur permet de demander de l’aide de façon discrète. Apporter un service d’assistance fiable aux usagers en situation de handicap est une bonne façon de fidéliser ses clients.
Si le Tube peut être un métro si efficace et accessible, c’est grâce à des experts en accessibilité de l’IDAG (Independent Disability Advisory Group). Ses membres se servent de toute leur expertise concernant le handicap pour faire en sorte que les transports en commun soient plus inclusifs et plus accessibles. Pour plus d’informations sur leur travail, vous pouvez consulter leur rapport de 2019 sur l’accessibilité des transports publics de Londres. Travailler en étroite collaboration avec des experts en accessibilité et profiter de leur expérience, c’est ce qui fait que TfL fournit un réseau de métro aussi novateur concernant l’accessibilité. C’est grâce à cela que TfL a pu trouver des solutions permanentes à la mobilité des personnes en situation de handicap et ainsi renouveler son système.
On constate que le réseau de métro de Londres fait figure de proue en matière d’accessibilité des transports publics. En repensant son système pour l’améliorer, le Tube a trouvé des solutions qui aident leurs usagers en situation de handicap à rester autonomes et à profiter de la ville.
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Publié le 15 mars 2021