Voies de tram : comment les rendre accessibles et sûres pour les personnes déficientes visuelles ?

Voies de tram : comment les rendre accessibles et sûres pour les personnes déficientes visuelles ?

Les voies de tram peuvent provoquer un fort sentiment d’insécurité chez les personnes aveugles ou malvoyantes. Surtout au moment où elles les traversent car elles ne se sentent pas totalement en sécurité.

Au fur et à mesure, les trams sont devenus de plus en plus silencieux. C’est donc difficile pour les usagers ayant un handicap visuel de se fier à l’environnement sonore.

Comment leur offrir plus d’accessibilité et une meilleure sécurité ? On décrypte 7 problématiques que les personnes déficientes visuelles rencontrent quand elles prennent le tram. Et on vous explique les solutions à mettre en place.     

1. Traverser les voies de tram

C’est la situation qui crée le plus de stress pour les personnes ayant un handicap visuel car c’est là qu’elles doivent être le plus vigilantes. 

Concrètement, où l’accessibilité et la sécurité doivent-être présentes ?

Utiliser les feux sonores

La réglementation accessibilité veut qu‘à terme tous les feux de signalisation soient équipés de modules sonores. 

C’est grâce aux feux sonores que les personnes aveugles ou malvoyantes traversent la rue en toute autonomie. Et en sécurité. 

Elles n’ont qu’à appuyer sur le bouton de leur télécommande pour activer les feux sonores.

Des feux sonores équipent la traversée piétonne d'une voie de tram

Bien entendu, les traversées pour piétons des voies de tramways sont concernées. Il s’agit des feux de signalisation R25.

Le guide complet des feux sonores : réglementation, usage, historique…

Quand installer des signaux R25 ?

Privilégiez les signaux R25 dès qu’il y a une voie réservée à un service régulier de transports en commun. Le mieux est d’avoir des îlots refuges pour gérer la traversée en plusieurs temps.

Grâce aux signaux R25, vous : 

  • Limitez le risque de confusion visuelle.
  • Offrez de l’information sonore aux personnes aveugles ou malvoyantes.
  • Leur apportez une meilleure accessibilité et sécurité. 

La réglementation des feux sonores décryptée, téléchargez-la !

2. Se déplacer sur le quai

La bande d’éveil de vigilance installée le long du quai sert à signaler aux personnes déficientes visuelles qu’il y a un risque de chute. 

Cette bande podotactile amène plus de sécurité aux usagers. Ses clous leur indiquent sa présence.

C’est grâce à la bande d’éveil de vigilance qu’ils peuvent se représenter la longueur du tram. 

Une bande d'éveil de vigilance installée tout le long de l'arrêt de tram

3. Acheter son titre de transport

Pour une personne déficiente visuelle, avoir de l’autonomie c’est conserver sa liberté, ne pas dépendre des autres. En bref, se débrouiller.

Comment lui redonner de l’autonomie lorsqu’elle doit acheter son titre de transport ?

  • Installer une balise sonore au-dessus du guichet automatique : elle lui indique où il se situe au juste.
  • Mettre du braille sur le guichet automatique.
  • Vocaliser le guichet pour lui permettre de suivre chaque étape : de la sélection du titre de transport à son achat.

4 recommandations pour adapter votre signalétique en braille

4. Accéder à l’information voyageur à l’arrêt de tram

Comment un usager qui ne peut pas s’appuyer sur la vue peut-il savoir le temps d’attente ? Ou bien si le trafic sur la ligne du tram est perturbé ?

C’est grâce à la borne d’information voyageur (BIV) installée à chaque arrêt de tram. 

Elle est vocalisée pour justement donner de l’information aux personnes déficientes visuelles, la même information qu’ont les personnes voyantes. 

Comme pour les feux sonores, les usagers ayant un handicap visuel activent la borne d’information voyageur avec leur télécommande.

Elle agit comme une balise sonore : c’est un repère pour les usagers aveugles ou malvoyants.

5. Monter dans le tram

Comment savoir où les portes du tram s’ouvrent ? 

Là aussi, pour privilégier l’autonomie des personnes aveugles ou malvoyantes, vous pouvez simplement installer des dalles podotactiles. Elles marquent l’endroit où les portes du tram s’ouvrent. 

C’est ce qu’a fait la gare routière de Roanne pour indiquer aux usagers où se situe la montée dans le bus. 

6. Accéder à l’information voyageur à bord du tram

Comment un usager déficient visuel peut-il savoir à quel arrêt il doit descendre ? Et savoir ce qui se passe quand le tram s’arrête soudainement ?

Mettez en place un doublage sonore pour toutes les informations données à bord du tram. 

C’est le moyen le plus simple pour aider vos usagers. De cette façon, leurs besoins sont pris en compte.

Un conseil : donnez l’information au bon moment. C’est-à-dire ni trop tôt ni trop tard. 

Si vous annoncez que le tram arrive au prochain arrêt trop tôt, l’usager se prépare à descendre du tram. Si le freinage se fait trop brutalement, il risque de chuter.

Et si vous l’annoncez trop tardivement, il risque de ne pas avoir le temps de rassembler ses affaires, se lever et se diriger vers les portes.  

Et on vous offre un deuxième conseil : répétez l’annonce avec des intonations différentes. Une fois avec une intonation montante et une deuxième fois avec une intonation descendante.

Cela interpelle les usagers. Et s’ils ont loupé la première annonce, ils peuvent quand même avoir l’information avec l’annonce répétée.

7. Repérer les voies de tram en dehors des arrêts

Si déjà traverser les voies aux passages piétons engendre un fort sentiment d’insécurité chez les usagers aveugles ou malvoyants, dites-vous qu’il est décuplé en ce qui concerne les voies en dehors des arrêts.

A un arrêt de tram, la bande d’éveil de vigilance est là pour alerter les usagers. Hors station, il n’y a rien du tout. 

Que faire alors pour leur apporter plus de sécurité ?

Il faut mettre en place une dénivellation de 4 cm en chanfrein.

Des voies de tram à Paris où l'on voit une dénivellation au niveau de la traversée piétonne

Elle permet : 

  • Aux personnes aveugles ou malvoyantes de repérer les voies de tram.
  • Aux personnes à mobilité réduite dont celles se déplaçant en fauteuil roulant de facilement traverser les voies. 

Le Gabarit Limite d’Obstacle

Dans l’accessibilité de la voirie, cette dénivellation est là pour indiquer où commence le Gabarit Limite d’Obstacle (GLO) : 

“Se dit au sujet d’un mode guidé, ferroviaire ou non : volume enveloppe maximal dans lequel s’inscrit le véhicule, en tenant compte des divers débattements dynamiques possibles” (Guide d’aménagement de voirie pour les transports collectifs, Certu, 2000)

En fait, le GLO représente un volume : il s’agit du tram en lui-même et tout ce qui se développe le long du tracé des lignes.

Autrement dit, le Gabarit Limite d’Obstacle prend en compte l’espace que prend le tram mais aussi ce qui est naturellement vide lorsqu’il ne circule pas. 

Plusieurs voies de tram se croisent à Montpellier avec de nombreux piétons qui les traversent

C’est un élément très important pour la sécurité des usagers notamment au niveau des virages.

Pour aller plus loin, reportez-vous à ce document du CEREMA : 

Tramway et piétons : matérialisation du Gabarit Limite d’Obstacle (GLO)

Bien entendu, les personnes aveugles ou malvoyantes doivent rester vigilantes lorsqu’elles se déplacent. Mais vous avez ici tout en main pour leur apporter plus d’accessibilité et de sécurité. Et au final, plus d’autonomie dans leur mobilité. 

Vous voulez faciliter la mobilité des usagers aveugles ou malvoyants ? Découvrez nos articles : 

Transports publics : comment rendre l’information voyageur accessible aux personnes handicapées ?

Quelles solutions pour une signalétique sonore efficace pour les personnes aveugles ou malvoyantes ?

Comment assurer une chaîne du déplacement sans rupture à vos usagers ?

Publié le 3 avril 2023

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Carole

En tant que content manager chez Okeenea, j’écris des articles de fond sur l’accessibilité sous toutes ses formes et je passe à la loupe toutes les idées reçues liées au handicap.