Retour sur le colloque de la DMA #4 : LOM et ouverture des données d’accessibilité

La Direction Ministérielle à l’Accessibilité (DMA) organise chaque année un grand colloque réunissant tous les acteurs de l’aménagement urbain pour faire le point sur les enjeux de mobilité et accessibilité aux personnes handicapées. Intitulée « Les mobilités en mouvement : une opportunité pour une cité inclusive », l’édition 2019 a fait la part belle aux apports de la loi d’orientation des mobilités (LOM) récemment adoptée. Si vous n’avez pas eu la chance d’y assister, nous vous invitons à suivre notre série d’articles résumant les présentations et les débats. En voici le dernier volet, consacré aux apports du numérique pour optimiser l’accessibilité. Collecte et ouverture des données d’accessibilité, cas concrets d’applications, retrouvez ici le résumé de cette table ronde !

L’ouverture des données d’accessibilité : le cadre légal

Usagers dans un train du métro parisien

Les collectivités locales et les gestionnaires des réseaux de transport investissent depuis de nombreuses années pour améliorer l’accessibilité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite. Malgré tous leurs efforts, l’accessibilité n’est toujours pas garantie sur l’ensemble de la chaîne de déplacement. D’autre part, les données aujourd’hui disponibles sur l’accessibilité sont parcellaires, hétérogènes et rarement mises à jour. Les personnes handicapées ne peuvent donc pas s’y fier pour construire leurs parcours. L’obligation de collecter et mettre à disposition les données d’accessibilité sur les réseaux de transport et la voirie environnant les points d’arrêt prioritaires a pour objectif de faciliter le calcul et la préparation des itinéraires des usagers en situation de handicap, et par conséquent de rentabiliser les investissements déjà réalisés pour créer des aménagements accessibles. 

Bernard Schwob, de la MINT (Mission Innovation Numérique et Territoires de la DGITM NDLR), a commencé par exposer les domaines concernés par cette nouvelle obligation. En évoquant les données des réseaux de transport, on parle bien de toute l’information multimodale, qui comprend :

  • Les services de transports réguliers (horaires théoriques et en temps réel, tarification…) ;
  • Les taxis et VTC ;
  • Les services de covoiturage et auto-partage (disponibilité des véhicules…) ;
  • Les cheminements piétons, routiers et cyclables autour des points d’arrêt des réseaux de transport.

Pour les 8 métropoles françaises à rayonnement international que sont Paris, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg et Nice, la collecte des données d’accessibilité des réseaux de transport doit être réalisée avant le 1er décembre 2021. Les autres réseaux ont jusqu’au 1er décembre 2023. L’enjeu principal consiste à rendre ces données homogènes afin que les opérateurs et prestataires de services publics ou privés puissent les utiliser. Des travaux de normalisation sont actuellement menés dans ce but. Par ailleurs, la plateforme data.gouv.fr est mise à disposition pour le partage de ces données. Autre enjeu important : s’assurer qu’elles seront de qualité et toujours d’actualité. Des données erronées ou obsolètes risqueraient de mettre à mal tout le système. Dans un premier temps, et jusqu’à ce que des solutions efficaces soient développées, les utilisateurs seront les principaux garants de ces critères.

L’obligation de collecte des données d’accessibilité dans les transports et en voirie

C’est l’article 27 de la LOM qui décrit le périmètre de l’obligation de collecter les données d’accessibilité, a expliqué Julia Zucker, chargée de mission de la DMA. En plus des réseaux de transport, la collecte des données concerne la voirie dans un rayon de 200 mètres autour des points d’arrêt prioritaires (gares, stations de métro et tramway, bus et cars). L’objectif est d’assurer une continuité de l’information pour les calculateurs d’itinéraires. 

Il s’agit de créer un langage commun entre toutes les parties prenantes : gestionnaires, exploitants, techniciens et usagers. Par exemple, qu’entend-on quand on parle d’un « carrefour accessible » ? Trottoirs abaissés, bandes d’éveil de vigilance, feux sonores…, tous ces éléments doivent être minutieusement catégorisés.

Gros plan sur un trottoir

Les AOM se sont déjà engagées dans la construction de bases de données sur l’accessibilité. Un profil accessibilité, très orienté « qualité d’usage », a été créé sous NeTex, le modèle de données européen permettant de décrire l’ensemble des caractéristiques des réseaux de transport collectifs et des nouveaux modes de déplacement. Par ailleurs, le CEREMA anime des groupes de travail avec les services d’information des villes ayant déjà élaboré des bases de données sur l’accessibilité. Le Centre National d’Information Géographique (CNIG) a créé le logiciel libre CHOUETTE qui permet de saisir, gérer, mettre à jour et partager les données relatives aux transports. La société Wegoto propose également une solution d’acquisition et de traitement des données de mobilité géolocalisées. 

Enfin, le projet Access-4-All, porté par la Fabrique Numérique, aspire à devenir une plateforme collaborative pour l’accessibilité. La plateforme permettra à la fois aux exploitants de consigner les données d’accessibilité et mettre en valeur leur offre, tandis que les usagers handicapés pourront les consulter et les mettre à jour.

 

 

 

Des données d’accessibilité pour les calculateurs d’itinéraires et GPS piétons

Pour conclure cette partie du colloque sur la collecte des données d’accessibilité, quoi de mieux que de rentrer dans le concret avec 3 exemples d’utilisation ? Les 3 start-up Streetco, Aurizone et Okeenea Digital ont donc chacune pu présenter leur projet dans le domaine de la mobilité des personnes handicapées.

Streetco est une application collaborative qui propose des cartes adaptées aux utilisateurs selon la catégorie d’obstacles qu’ils ne peuvent pas franchir. L’application fournit également des informations sur les lieux accessibles (places de parking PMR, commerces, restaurants…) constamment mises à jour par les utilisateurs. Streetco est aussi un outil qui peut aider les collectivités à avoir en temps réel un état des lieux de l’accessibilité de la voirie et des ERP. 

Aurizone est une application de guidage en intérieur basée sur le design universel. Elle permet de traiter sur plusieurs canaux des informations de mobilité. Aurizone a été conçue en partenariat avec les 3 grandes associations représentant les personnes déficientes visuelles. L’application fournit des informations à l’intérieur des bâtiments pour en repérer les différents points d’intérêt.

Site du guidage Evelity

Evelity, la solution développée par Okeenea Digital, part du principe que le handicap est une situation d’hypersingularité qui nécessite une approche centrée sur l’usager. Evelity s’adresse aujourd’hui essentiellement aux personnes aveugles ou malvoyantes mais est progressivement adaptée aux différents handicaps, plus précisément aux différentes contraintes de mobilité. Cette solution est déjà en place sur une partie du réseau de métro de Marseille. A l’échelle de la RTM, les données existent. Les plans des stations sont intégrés dans le back-office pour servir de base au guidage. Une plateforme digitale est à la disposition du maître d’ouvrage pour mettre à jour les informations en fonction de l’évolution des lieux (travaux, pannes d’ascenseurs, fermeture temporaire d’une zone…). L’application augmente l’accessibilité physique. Le guidage est aujourd’hui basé sur des beacons, ou balises numériques selon la terminologie choisie, mais la technologie est amenée à évoluer si l’expérience prouve que ce n’est pas la meilleure. 

Comme nous avons pu le voir au fil de ce colloque, la LOM instaure de nouvelles obligations pour les collectivités locales et autorités organisatrices de la mobilité. Nous y reviendrons plus en détails dans nos prochains articles afin de vous accompagner sur ces sujets complexes et néanmoins incontournables pour construire une mobilité inclusive.

Découvrez les autres épisodes du colloque de la DMA :

Retour sur le colloque de la DMA #3 : une offre de mobilités pour tous les usagers

Retour sur le colloque de la DMA #2 : l’accessibilité au service de la mobilité de tous

Retour sur le colloque de la DMA #1 : mobilités actives, LOM et ZFE

Publié le 2 mars 2020

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Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !