Cécité, malvoyance, quelles sont les différentes formes de handicap visuel ?

1,7 million de Français sont touchés par un handicap visuel et pas moins de 253 millions de personnes dans le Monde. Qui sont-elles ? Quels sont leurs besoins ? Comment peut-on faciliter leur participation sociale ?

On parle de handicap visuel à partir d’un certain seuil de déficience. Mais l’OMS considère que 2,2 milliards de personnes souffrent d’un trouble de la vision à l’échelle mondiale. Autre fait notable, ce chiffre devrait doubler d’ici 2050. Nous allons voir dans cet article que le handicap visuel recouvre une grande variété de profils et de causes dont les répercussions sur la vie quotidienne diffèrent d’une personne à l’autre. Mais il existe des grands principes d’accessibilité à respecter pour faciliter l’accès à vos services pour tous ces publics !

Cécité, malvoyance, déficience visuelle, c’est quoi au juste ?

Chez l’être humain, 80% des informations transmises au cerveau le sont par les yeux. Les fonctions principales qui déterminent la qualité de la vue sont :

  • L’acuité visuelle,
  • Le champ visuel,
  • La vision binoculaire,
  • La vision des reliefs,
  • La vision des couleurs,
  • La sensibilité à la lumière et
  • La perception des contrastes.

L’acuité visuelle est la capacité à distinguer les détails d’un objet à la plus grande distance possible. Elle se mesure en 10e. On estime que l’acuité visuelle normale est de 10/10e, mais celle-ci fluctue au cours de la vie. A partir de 45 ans, il est fréquent que l’acuité visuelle soit réduite en vision rapprochée. Il s’agit de la presbytie, un trouble lié au vieillissement naturel du cristallin. 

Le champ visuel correspond à l’espace visible devant soi lors de la fixation d’un point sans bouger. Le champ visuel normal s’étend de 180° en largeur et de 130° en hauteur. Ainsi, tous les éléments qui entrent dans le champ visuel (mouvement, lumière, couleur, forme) sont susceptibles d’attirer le regard, même si la perception des détails reste le point fort de la vision centrale. Le champ visuel périphérique est réduit chez les enfants de moins de 8 ans et les personnes âgées. Certaines pathologies comme le glaucome ou la rétinopathie pigmentaire réduisent aussi considérablement le champ visuel.

La vision binoculaire est la capacité à coordonner les deux yeux pour que le cerveau fabrique une seule image à partir de ce que chaque œil lui envoie. Elle joue un rôle capital dans la vision des reliefs et l’appréciation des distances. Un défaut d’alignement ou de coordination des deux yeux, appelé strabisme, peut amener à la perte de la vision sur un œil s’il n’est pas pris en charge dès la petite enfance.

La vision des couleurs est en général très performante chez l’être humain, bien plus que chez la plupart des animaux. Cependant, les anomalies de la vision des couleurs sont fréquentes. A savoir : le daltonisme touche 8% de la population masculine.

On parle de déficience visuelle lorsqu’une ou plusieurs de ces fonctions sont altérées.

La malvoyance, ou basse-vision, est définie par une acuité visuelle située entre 1/20e et 3/10e ou un champ visuel inférieur ou égal à 20°. L’acuité visuelle prise en compte s’entend après correction (par des lunettes ou lentilles de contact) et au meilleur œil. 

La cécité correspond quant à elle à une absence totale de vision. On parle de cécité légale ou cécité fonctionnelle lorsque les capacités visuelles de la personne sont insuffisantes pour être utilisées. Les personnes ayant une acuité visuelle inférieure à 1/20e (au meilleur œil et après correction) ou un champ visuel inférieur à 10° rentrent dans la catégorie « cécité ».

Quelle accessibilité pour le handicap visuel ?

Comme les autres handicaps, le handicap visuel se manifeste sous différentes formes et à des degrés divers. Les personnes aveugles ont recours à l’utilisation de leurs sens valides : l’ouïe, le toucher, l’odorat, mais aussi la perception des masses, des courants d’air, des différences de température, etc. Les personnes malvoyantes fonctionnent de manière un peu différente dans la mesure où elles exploitent au maximum leur potentiel visuel. 

Les difficultés rencontrées par les personnes aveugles ou malvoyantes dans l’espace public concernent :

  • La lecture des informations,
  • Le repérage et l’orientation dans l’espace,
  • La capacité à traverser la rue en sécurité,
  • La capacité à distinguer les dangers…

Afin d’améliorer l’accès à l’environnement et aux services pour les personnes avec un handicap visuel, il convient d’appliquer les préconisations suivantes :

  • Une signalétique visible et lisible, utilisant des gros caractères et des couleurs contrastées,
  • Des feux sonores sur les traversées piétonnes,
  • Des balises sonores pour repérer les points d’intérêt importants,
  • Le doublage sonore des informations visuelles, notamment des annonces dans les transports,
  • Des bandes de guidage pour s’orienter dans les grands espaces,
  • Des bandes podotactiles d’éveil de vigilance pour alerter devant un danger comme un escalier descendant, une voie de transports en commun ou une traversée piétonne, 
  • Des mains courantes continues, des contremarches et nez de marches contrastés pour utiliser les escaliers en sécurité,
  • Des indications en braille et en relief dans les ascenseurs,
  • Des plans utilisant des couleurs contrastées, des gros caractères et des indications en braille et en relief,
  • Un éclairage homogène et non-éblouissant,
  • Des couleurs contrastées et des revêtements de sol différents pour structurer l’espace,
  • Un personnel formé à l’accueil des publics en situation de handicap visuel,
  • Des services numériques respectant les normes d’accessibilité.

Plusieurs degrés de handicap visuel

Parce que la vue est un sens complexe, pour lequel de nombreuses fonctions interviennent, il existe autant de manières de mal voir qu’il existe de personnes malvoyantes. 

Cécité et malvoyance selon l’OMS

L’OMS distingue dans sa classification internationale des maladies (CIM) cinq catégories de déficience visuelle numérotées de I à V. Cette classification tient compte de l’acuité visuelle corrigée au meilleur œil et du champ visuel de la personne.

En France, on compte :

  • 560 000 malvoyants légers,
  • 932 000 malvoyants moyens et
  • 207 000 malvoyants profonds ou aveugles.

81% des personnes concernées par une cécité ou une déficience visuelle moyenne ou sévère ont plus de 50 ans. 

4 formes de malvoyances

On distingue également quatre grands types de malvoyance, qui entraînent des répercussions différentes sur la vie quotidienne. Parfois, ces formes peuvent se combiner. 

L’atteinte de la vision centrale

La partie centrale de la rétine concentre les cellules responsables de l’acuité visuelle. Elle permet la perception des formes et des couleurs, mais surtout des détails. 

Les personnes ayant une atteinte de la vision centrale éprouvent des difficultés pour lire, écrire et réaliser des travaux de précision. La reconnaissance des visages devient également délicate. Elles conservent en revanche la perception des espaces et du mouvement, ce qui leur permet généralement de se déplacer sans aide.

L’atteinte de la vision périphérique

Chez les personnes ayant une atteinte de la vision périphérique, le champ visuel se rétrécit. On parle alors d’une vision tubulaire, en tunnel ou en canon de fusil. L’acuité visuelle centrale est préservée mais la vision se limite à ce qui se trouve autour du point de fixation. 

Ce type de malvoyance est souvent déstabilisant pour l’entourage. En effet, les personnes dont la vision périphérique est détériorée peuvent être capables de lire les petits caractères d’un journal mais se heurter l’instant d’après contre un poteau, aussi coloré soit-il. Elles n’ont pas de perception globale de leur environnement et sont incapables de suivre un objet en mouvement. Ce type de malvoyance est très handicapant pour les déplacements.

La vision floue

Ce type de malvoyance s’apparente au fait de regarder au travers d’une vitre dépolie. La luminosité se diffuse et rend les contours des objets imprécis. Les personnes ayant une vision floue ne perçoivent que des formes vagues et des masses, ce qui rend les contrastes, les reliefs et les distances difficiles à apprécier. La lumière, surtout quand elle est vive, peut devenir insupportable.

Ces personnes sont particulièrement gênées pour la lecture, l’écriture et les travaux de précision. Mais elles éprouvent également de grandes difficultés lors de leurs déplacements, car il leur est impossible d’évaluer le danger et de se repérer dans l’espace.

Les atteintes visuelles d’origine cérébrale

Les troubles visuels causés par un traumatisme ou une lésion du cerveau sont variés et souvent associés à d’autres perturbations comme les troubles de l’attention, de la mémoire ou du comportement.

Dans la plupart des troubles visuels d’origine cérébrale, ce n’est pas la fonction visuelle proprement dite qui est altérée, mais la capacité du cerveau à analyser l’information. 

personne aveugle traversant la rue

De nombreuses causes à l’origine du handicap visuel

Le handicap visuel peut apparaitre à n’importe quel âge de la vie, en raison d’une anomalie congénitale, d’une maladie ou d’un accident.

Dans le Monde, plus de 80% des déficiences visuelles sont évitables ou guérissables. Ceci signifie qu’un meilleur accès à l’hygiène et aux soins médicaux, notamment dans les pays défavorisés, contribuerait largement à faire baisser le nombre de personnes aveugles ou malvoyantes. 

Dans les pays occidentaux, les principales causes de handicap visuel chez les personnes âgées sont la cataracte, le glaucome et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Les rétinopathies diabétiques sont des complications fréquentes du diabète.

Certaines maladies génétiques comme la rétinite pigmentaire ou la neuropathie optique de Leber peuvent se déclarer dès l’enfance.

La malvoyance ou la cécité sont aussi parfois provoquées par une malformation des yeux, une privation d’oxygène à la naissance ou un accident au cours de la vie. Les lésions du nerf optique sont irréversibles.

Dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, les maladies infectieuses, la myopie et la cataracte comptent parmi les principales causes de handicap visuel. 

En conclusion, gardons à l’esprit que le handicap visuel se manifeste sous des formes variées. Toutes les personnes porteuses d’une canne blanche ne sont pas nécessairement plongées dans le noir. Si vous avez la charge de l’aménagement d’un espace public ou d’un bâtiment, gardez à l’esprit que l’éclairage, le contraste visuel, les repères podotactiles, tactiles et sonores sont indispensables à l’autonomie des personnes aveugles ou malvoyantes. Leur nombre devrait doubler d’ici 2050, il est important d’agir dès maintenant.

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Publié le 21 février 2022

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Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !