Série noire pour une canne blanche | Episode 6 : seule à l’hôtel (suite)

Série noire pour une canne blanche | Episode 6 : seule à l’hôtel (suite)

Si vous avez lu l’épisode précédent, vous savez que j’ai déjà dû surmonter bien des obstacles pour parvenir jusqu’à ma chambre d’hôtel. Vais-je enfin pouvoir me reposer ? Tout dépendra du nombre d’indices cachés et d’énigmes à résoudre pour prendre pleinement possession des lieux.

Que la lumière soit !

Mes yeux ont beau avoir une performance proche de zéro, j’apprécie un peu d’éclairage. Les sources lumineuses m’aident à m’orienter et créent une ambiance plus chaleureuse. Alors, quand je rentre dans une chambre d’hôtel, la première chose que je cherche, c’est l’interrupteur. Il se trouve en général tout près de la porte. Mais, ô surprise ! L’appui sur l’interrupteur ne déclenche aucune réaction. C’est que, de plus en plus souvent, l’alimentation électrique de la chambre est soumise à l’introduction de la carte magnétique qui a servi à son ouverture. La fameuse « carte magique » dont je parlais dans le dernier épisode, celle-là même qui recèle tant de mystères quand on ne voit pas dans quel sens il faut s’en servir.
Ca y est. Et la lumière fut ! Prochain défi : débusquer les différents interrupteurs pour créer l’ambiance lumineuse désirée. C’est alors qu’après m’être déchargée de mes bagages, je commence ma chasse le long des murs, une main devant le visage pour me prémunir des éventuels obstacles en hauteur. Comme les tablettes supportant les écrans de télé par exemple.

accessibilité hôtelsLes secrets des équipements de la chambre

La télé, tiens, parlons-en ! Certes, je ne vois pas grand-chose, mais j’apprécie tout de même de me détendre devant un bon film lorsque je n’ai rien d’autre à faire. Et à l’hôtel, il me prend souvent l’envie de profiter de cet objet de divertissement. Je me mets en quête de la télécommande, qui, heureusement pour moi, n’a généralement pas beaucoup d’imagination pour se cacher. Je la trouve alors près de l’écran, sur une des tables de chevet ou sur le bureau s’il y en a un. Reste à percer le mystère de tous ces petits boutons bien rangés en ligne… Après une bataille acharnée, qui peut durer plus ou moins longtemps selon mon énergie du moment, je finis par me contenter d’un documentaire animalier en allemand ou d’un talk-show américain dégoulinant de stupidité.

Dépitée, allongée sur le lit devant cette boite que je n’écoute que d’une oreille, je commence à trouver le souffle froid de la climatisation un peu désagréable. Il doit bien y avoir quelque part un thermostat. Mais où ? Nouvelle session d’astiquage des murs, cette fois un peu plus haut que pour les interrupteurs. Cependant, si ces derniers se trouvent presque toujours à proximité des cadres de porte, le boitier permettant de régler la température de la chambre a parfois un emplacement beaucoup plus original… Si jamais j’arrive à le trouver, il me faudra encore comprendre son fonctionnement sans le secours de l’affichage.

Les indispensables prises de courant

J’ai déjà astiqué les murs sur deux hauteurs différentes, je vais maintenant m’attaquer à la bande juste au-dessus du sol. Parce que, oui, comme tout le monde, je ne me déplace plus sans mon précieux smartphone. Dans l’épisode précédent, je vous ai expliqué comment je l’utilisais pour approcher le plus possible de ma destination avant de passer à la technique du « stop piéton » pour la localisation précise de la porte d’entrée. Et vous n’êtes pas sans savoir que ces chers petits compagnons sont très gourmands en énergie ! Alors, après quelques heures d’utilisation du GPS, il me faut absolument donner à manger à mon smartphone. Me voilà donc à quatre pattes par terre, baladant mes mains dans tous les recoins à la recherche d’une prise électrique. Après tous ces exercices, j’ai bien besoin d’une bonne douche !
Ne sachant pas s’il y a du vis-à-vis et ne tenant pas particulièrement à m’exhiber en petite tenue devant les fenêtres des voisins, je dois avant trouver le moyen de fermer les rideaux ou les volets. C’est parfois un jeu d’enfant mais ça peut aussi demander encore un moment de réflexion et de tâtonnement à la recherche d’un mécanisme caché, d’un bouton ou d’une mystérieuse télécommande. Après cela, je suis prête pour la découverte de la salle de bain ! L’emplacement des éléments, le fonctionnement de la douche, les petits flacons tous pareils au toucher, le papier toilette, certes à portée de main mais pas de la mienne…, je trouve encore dans ce lieu quantité de joyeuses devinettes.

Et en cas d’incendie ?

Je suis plutôt d’un naturel optimiste et l’idée de devoir évacuer ma chambre d’hôtel en urgence poursuivie par les flammes m’effleure rarement l’esprit. C’est peut-être aussi lié au fait que, les consignes de sécurité et d’évacuation affichées bien en évidence derrière la porte, je ne les vois pas. D’ailleurs, de toute ma vie, jamais personne n’a jugé utile de m’expliquer, au moment de me laisser seule dans une chambre, comment je devais sortir (ou pas) en cas d’urgence. J’espère simplement ne jamais avoir à le faire, car ce qui relève déjà du parcours du combattant en conditions normales risque de virer au cauchemar dans une situation moins confortable.

D’où l’importance de la formation du personnel et d’un minimum d’équipements !

En effet, ce n’est pas une fatalité. Toutes les mésaventures que j’ai décrites dans ces deux articles consacrés aux hôtels sont faciles à éviter. Comment ?

  1. Par la formation du personnel d’accueil : le personnel joue en effet un rôle essentiel ! S’il sait être à l’écoute des besoins des clients et se rendre disponible pour y répondre, c’est gagné !
  2. Par quelques précautions lors de l’aménagement des locaux : supprimer les obstacles en saillie, contraster visuellement les équipements comme les prises ou les interrupteurs…
  3. Par quelques équipements d’accessibilité comme des plaques de porte en relief et braille, des bandes de guidage dans les grands espaces, une balise sonore extérieure pour localiser la porte, des mains courantes…

L’accessibilité fait désormais partie des critères à respecter pour obtenir la reconnaissance d’un certain standing. Tant mieux, j’ai bien hâte d’aller tester les réalisations !

Et vous, avez-vous des anecdotes à raconter ? N’hésitez pas à partager vos expériences !

Mis en ligne le 24 janvier 2018

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Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !