Vis ma vie de malvoyant : partir en vacances avec ses enfants

Vis ma vie de malvoyant : partir en vacances avec ses enfants

Lorsqu’on part en vacances, c’est souvent synonyme d’une semaine de repos, durant laquelle on décompresse, quitte à organiser tout au dernier moment suivant l’humeur de chacun. La voiture est la meilleure amie pour nous amener à destination.

Une idée des vacances qui est totalement chamboulée lorsqu’on est déficients visuels avec deux enfants en bas âge.

Rencontre avec Yannick Bréavoine, déficient visuel et papa de deux jeunes enfants.

« L’année dernière nous sommes partis en vacance à la Baule avec nos deux enfants de 7 et 9 ans, ma femme et moi étant déficients visuels.

Yannick Bréavoine
Témoignage de Yannick, déficient visuel, sur ses vacances en famille

Et pour nous les vacances c’est avant tout synonyme d’organisation et d’anticipation.

La destination

Le lieu de vacances doit être accessible par un moyen de transport le plus simple possible avec le moins de correspondances voire direct. Ce qui est le cas de la Baule, qui est une station balnéaire desservie par la gare. Tout doit être à portée de main, petits commerces comme plage, surtout que sans voiture on se retrouve vite à faire beaucoup de kilomètres à pied en une journée, même avec tout à côté.  Je possède d’ailleurs un GPS pour mes déplacements et à la fin de la première journée, au total, j’avais parcouru 17km, et 12km le lendemain. D’autant plus utile que durant nos vacances, un de mes enfants a cassé ses lunettes. Heureusement, être proche des commerces nous a permis d’aller rapidement les remplacer chez l’opticien de la Baule. C’était donc l’endroit parfait, une station balnéaire avec tout ce dont on a besoin et la plage juste à côté.

L’hébergement

Ce n’est pas toujours simple de trouver une chambre familiale pour 4 personnes, alors une chambre familiale pour 4 personnes et deux chiens dans un hôtel avec des prix accessibles, c’est super complexe. Je dois appeler un par un tous les hôtels de la ville pour trouver un hébergement spacieux et qui accepte les chiens. Je fais mes premières recherches via Booking.com pour les avis, les listes de diffusion de mail pour échanger avec la communauté des déficients visuels et Facebook également, de plus en plus.

Les activités et sorties

Je contacte pour cela les offices de tourisme et organismes. Ils envoient des guides par courriers en braille ou gros caractères contenant un certain nombre d’informations. Il est vraiment important de tout préparer en avance, on ne peut pas vivre au jour le jour dans une ville qu’on ne connait pas, sans voiture, avec deux jeunes enfants.

Par exemple j’avais réservé un taxi en avance pour une journée pour aller visiter les marais salants à Guérande puis avons voulus nous arrêter au musée de l’aéronautique, qui n’était autre qu’un hangar avec trois/quatre avions, rien d’extraordinaire. Non seulement, ce n’était pas très intéressant mais du coup nous avons dû marcher 3km pour rentrer, avec nos deux jeunes enfants, là où des personnes avec une voiture auraient pu repartir aussitôt et simplement.

Notre handicap impose une certaine contrainte pour nos enfants mais cela leur permet également de gagner en autonomie : à 7 ans et 9 ans ils sont capables de lire les panneaux d’affichage en gare ou de savoir comment fonctionne le métro parisien. Ils ont pris des habitudes, ils aiment être autonomes et favoriser également notre autonomie mais nos enfants ne sont pas des auxiliaires de vie.

D’autres expériences ont été beaucoup plus catastrophiques. Il y a deux ans nous étions allés en Camping. Pensant nous faire plaisir en permettant à nos deux chiens d’avoir de l’espace, les responsables nous ont placés tout au fond du camping, à l’extrême opposé de l’entrée. Nous obligeant à marcher pas moins d’un kilomètre rien que pour sortir du camping. Et tout se trouvait à plus de 3km du camping. Mais il y avait des bus, donc nous nous sommes décidés un jour à aller à la plage. Sauf qu’en fait, le camping était très mal desservi… Après un périple de plus d’une heure pour y aller et une heure pour revenir, nous avons passé le reste de nos vacances enfermés dans le camping.

C’est ce qui peut arriver quand on organise mal nos vacances, je porte donc une grande importance sur les critères de proximité et de simplicité d’accès pour chaque départ en vacances.

Cette année encore nous comptons retourner à la Baule. Une fois qu’on trouve un endroit qui répond en tous points à nos attentes, on a tendance à y retourner souvent. Nous avons d’ailleurs rencontrés d’autres personnes déficientes visuelles ce qui montre que c’est un endroit qui correspond, en terme de praticité, à notre demande. »

Découvrez un autre témoignage sur ce webzine : Armelle, qui raconte son quotidien de personne malentendante.

Mis en ligne le 1er septembre 2015

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Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !