8e Assises Nationales de l’Accessibilité #3 – Des transports au service de mobilités plus solidaires

Développé dans notre précédent article sur les 8e Assises Nationales de l’Accessibilité, le constat de l’insuffisance de la réglementation pour atteindre une réelle qualité d’usage touche aussi le domaine des transports collectifs. L’accessibilité ne se limite pas à installer des ascenseurs dans les gares ou des palettes dans les bus. Le 3ème atelier des assises visait à mettre en lumière les freins qui limitent l’accès aux transports publics pour les personnes handicapées, mais surtout les leviers à actionner pour y remédier. Autour de Bruno Lemaire de l’UNAPEI (Union nationale des associations de parents et d’enfants handicapés mentaux), grand témoin, se sont réunis de nombreux acteurs du secteur : autorités organisatrices des transports (AOT), conseils départementaux, associations, think tanks et entreprises.

Des obstacles physiques et humains

Première constatation : le frein principal à l’accessibilité aux transports publics pointé par les personnes handicapées n’est pas lié aux transports mais à la voirie ! Trottoirs encombrés, absence d’abaissés, travaux…, le cheminement pour atteindre les points d’arrêt des réseaux de transports en commun présente de multiples obstacles souvent vécus comme insurmontables.
Mais une fois ces obstacles franchis, l’accessibilité au véhicule proprement dit n’est toujours pas  garantie. Même des véhicules neufs sortant d’usine ne répondent malheureusement pas aux normes d’accessibilité. Le manque de standardisation de ces véhicules peut aussi représenter une gêne dans la mesure où ceci entraîne une perte de repères.
De même que dans les établissements recevant du public, le manque de formation des agents à l’accueil de personnes handicapées reste un problème important. Il arrive encore que certains conducteurs refusent l’accès des personnes en fauteuil roulant faute de formation sur le maniement des équipements dédiés. Et concernant les handicaps invisibles, la méconnaissance est encore plus grande. Ainsi, selon un témoignage, une personne ayant un handicap cognitif s’est vu infliger une amende alors qu’elle était parfaitement en règle. Elle n’avait tout simplement pas compris l’expression « titre de transport » que le contrôleur avait employée pour lui demander son ticket. Un témoignage de plus qui prouve l’importance de simplifier le langage utilisé par le personnel.

 

Formation, signalétique et équipements, quelques solutions éprouvées

Parmi les leviers pour remédier aux difficultés d’accès, l’éducation des usagers est un moyen qui a déjà fait ses preuves. Emprunter les transports collectifs est en effet une tâche complexe qui nécessite de multiples compétences. Pour les personnes ayant un handicap mental, des ateliers de mise en situation leur permettent de s’approprier ce mode de déplacement et réduire leurs craintes bien légitimes.

Voici quelques initiatives qui ont fait leurs preuves :
Créer une synergie sur l’ensemble de la chaîne de déplacement est également un élément clé, comme l’atteste la démarche de la ville de Lyon, primée cette année aux Access City Awards. Voir notre article ! Dans sa démarche de mise en accessibilité, tous les domaines sont pris en compte : voirie, réseaux de transports collectifs, transports à la demande et accès aux services publics.
A Paris, la RATP a choisi la labellisation « Cap’Handéo Service de mobilité » pour l’accueil des personnes en situation de handicap mental, psychique, visuel ou auditif. L’adaptation des équipements et la formation des agents de stations permettent un meilleur accueil de ces publics à chaque étape de leur voyage.
StCyprien_quai métro, signalétique pour handicap cognitif-minLa ville de Toulouse a aussi une démarche exemplaire en associant chaque nom de station à un pictogramme bien identifiable. Ce pictogramme se retrouve sur l’ensemble de la signalétique de la station et facilite l’orientation des personnes ayant un handicap mental, psychique ou cognitif, et plus généralement de tous les voyageurs. Découvrez l’ensemble de la démarche dans notre article : Une signalétique pensée pour les personnes en situation de handicap cognitif, une 1ère en France ! La norme NFP
Autre initiative intéressante : à Grenoble, les nouvelles rames de tramway sont équipées d’un système qui permet aux personnes aveugles et malvoyantes de commander l’ouverture automatique des portes avec la télécommande normalisée des feux sonores. Ceci leur évite d’avoir à chercher le bouton d’ouverture, au risque que la rame reparte avant qu’elles l’aient trouvé !
Un autre levier à actionner absolument est la remontée d’informations de la part des personnes handicapées elles-mêmes. Cependant, beaucoup d’entre elles éprouvent une certaine lassitude devant les obstacles et adoptent des stratégies de contournement plutôt que de formuler des réclamations auprès des services de transports. Pourtant, c’est un réel besoin des décideurs, qui, sans informations du terrain, ne peuvent faire évoluer les choses. Faciliter les retours par tous les moyens s’avère donc indispensable.

Avec de nombreux exemples à l’appui, ce 3e atelier des Assises Nationales de l’Accessibilité a permis de faire le point sur les difficultés rencontrées et a mis en lumière des initiatives exemplaires. Gageons que celles-ci se propagent sur tout le territoire !

Mis en ligne le 3 juillet 2018Renvoi vers le site okeenea digital

Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !