Sensibilisez les plus jeunes à l’architecture et à la ville durable avec Chic de l’Archi !
On ne le répétera jamais assez : la ville de demain sera durable, intelligente et inclusive. Faire de ce concept une réalité passe par la compréhension des enjeux par chacun d’entre nous et notamment par ceux qui vont la vivre et prendre la relève : les enfants ! Marine Simoes, architecte et créatrice de Chic de l’Archi prend la parole pour présenter cette association pas comme les autres qui s’est donné comme mission de sensibiliser les plus jeunes d’entre nous. Un excellent moyen de valoriser vos démarches d’accessibilité notamment.
Bonjour Marine, je vous remercie de bien vouloir nous accorder cette interview. Pouvez-vous présenter Chic de l’Archi en quelques mots ?
Chic est une structure associative qui fêtera son 4ème anniversaire en janvier prochain. À l’origine, il s’agit d’un petit groupe d’architectes bénévoles qui souhaitaient parler aux enfants d’architecture et d’urbanisme dans les écoles, à travers l’organisation d’ateliers ludiques et créatifs.
C’est toujours une des missions de l’association aujourd’hui, mais nous avons élargi notre champ d’actions en répondant aux sollicitations des aménageurs, des collectivités et des bailleurs sociaux.
En 2016, nous avons pu nous adresser à environ 400 enfants à travers une cinquantaine d’ateliers et balades urbaines, sur des temps scolaires, périscolaires ou libres.
De mon côté, j’ai eu mon diplôme d’architecte en 2007. J’ai exercé en agence jusqu’en janvier 2014, date à laquelle j’ai décidé de créer l’association. J’y travaille aujourd’hui à mi-temps avec Stéphanie Cagni, qui m’a rejoint fin 2015. Nos deux profils sont complémentaires puisque Stéphanie est diplômée en communication et a notamment travaillé pour des architectes et des aménageurs lyonnais.
Comment est née l’idée de sensibiliser les plus jeunes à la culture architecturale ? Pourquoi les jeunes ?
Lorsque je travaillais en agence, je trouvais assez surprenant de devoir expliquer à des adultes le rôle d’un architecte et la valeur ajoutée de nos métiers sur notre cadre de vie. Notre société donne peu de valeur à notre mission, mais il me semblait trop compliqué d’en parler aux adultes. Pour moi, la seule façon de changer les choses était de sensibiliser les générations futures. Et bien que l’architecture soit inscrite aux programmes scolaires, dans la réalité peu d’enseignants se sentent légitimes pour aborder cette discipline. Ils pensent ne pas avoir les ressources nécessaires.
Comme vous le savez nous avons aussi une mission de sensibilisation mais sur l’accessibilité. Est-ce une thématique que vous abordez avec votre jeune public ?
Nous ne l’avons jamais abordé directement en consacrant un atelier à l’accessibilité, mais la question est sous-jacente, en permanence. Lorsque nous travaillons sur la question de l’espace public et de la ville durable, nous leur expliquons que cette ville doit être pensée et dessinée pour toutes et tous, quels que soit son âge, sa condition sociale ou physique.
Comment réagissent-ils ? La prise en compte du handicap dans la conception des bâtiments, de la ville leur parait-elle naturelle ?
Cette ville inclusive est finalement assez naturelle et évidente pour eux. Encore une fois, je pense qu’il est plus simple de sensibiliser les enfants que les adultes à ces questions.
Nous avons mené récemment une concertation avec des élèves de CM1 de Villeurbanne pour définir les espaces de leur future école (il s’agit du groupe scolaire Rosa Parks) : sur la question de l’aménagement des espaces de circulation, la plupart des groupes de travail demandaient l’installation de bancs devant les salles de classes. Cette proposition leur semblait évidente pour soulager une de leur camarade qui venait de se casser une jambe et marchait pour quelques semaines avec des béquilles. L’architecte a répondu à leur demande en installant quelques assises devant chaque classe, alors que cet élément n’était pas forcement prévu sur le cahier des charges initial.
Revenons à Chic de l’Archi : quelles sont vos grosses actualités du moment ?
Après avoir beaucoup travaillé à Lyon intra-muros, nous démarrons des cycles d’ateliers en périscolaire sur de nouveaux territoires, et notamment à Vaulx-en-Velin et le quartier de la Soie.
Nous participerons également, mi-octobre aux JNAC, les journées nationales de l’architecture dans les classes.
A quoi va ressembler Chic de l’Archi demain ?
Au-delà de notre mission de sensibilisation et de médiation culturelle, nous aimerions développer la question de la concertation avec le jeune public, et notamment sur des projets d’espaces publics. Aujourd’hui la ville est peu pensée pour les enfants, et le meilleur moyen d’y remédier serait d’intégrer leur expertise d’usage aux réflexions des urbanistes, paysagistes et architectes.
Mis en ligne le 18 octobre 2017