La Cité Universelle : un projet manifeste d’envergure et symbole d’inclusion – Interview de Najoua ARDUINI-ELATFANI
Des projets immobiliers hors normes voient le jour régulièrement, mais rares sont ceux qui mettent l’inclusion au cœur de leur démarche. Aujourd’hui, nous allons vous parler de la Cité Universelle – pour cela nous avons le plaisir de donner la parole à Najoua Arduini-Elatfani, Directrice de développement promotion chez GA Smart Building, l’une des grandes actrices du projet.
1- GA Smart Building a remporté un appel à projets urbains innovants lancé par la Mairie de Paris pour la Cité Universelle. Un projet manifeste d’envergure et symbole d’inclusion. Qu’est-ce qui selon vous a fait la différence ?
Les cahiers des charges lancés par la mairie de Paris dans le cadre de Réinventer Paris ont tous la même idée d’entrée : l’innovation et ce, sur différents volets tels que le critère environnemental, financier, sociétal, architectural etc.
Chez GA Smart Building, nous avons fait le pari fort de l’innovation sociétale en mettant le sujet du handicap et de l’inclusion au cœur du projet. C’était notre donnée d’entrée. Nous sommes partis du besoin et de la nécessité des personnes en situation de handicap pour construire ce projet basé sur l’inclusion.
C’est une vraie première en France et c’est, ce qui selon moi, a fait la différence.
2 – Pour mener à bien ce projet vous avez collaboré avec Ryadh Sallem, athlète de haut niveau, militant associatif, entrepreneur de l’Économie Sociale et Solidaire et Ambassadeur Paris 2024. Pourquoi cette collaboration ? Quel était son rôle ?
L’idée initiale émane de Ryadh Sallem. Son constat : quand on est un sportif professionnel, handicapé en France, c’est très compliqué.
Premièrement car la professionnalisation n’est pas encore effective. De fait quand on a besoin de s’entraîner pour atteindre un haut niveau, il faut que des lieux et salles de sport accessibles existent et il y en a très peu à Paris.
Deuxièmement, quand la France accueille des compétitions européennes ou internationales et donc plusieurs équipes de sport paralympiques, on ne peut pas les loger dans le même hôtel car la réglementation impose 2% de chambres dites « PMR » (NdR : PMR – Personne à mobilité réduite). Ce manque de chambres accessibles donne lieu à ce qui ressemble fort à un « ramassage scolaire » car les athlètes sont dispersés dans tout Paris.
Avec le concours de nos architectes – les agences Inédit Architecture et Baumschlager Eberlé – nous avons imaginé une salle événementielle omnisports à laquelle est attenante une résidence hôtelière ouverte au plus grand nombre. Notre projet prévoit donc un hôtel avec 50% des chambres parfaitement accessibles PMR et l’autre moitié visitables en fauteuil. De même, nous avons intégré au projet un pôle santé dédié à accueillir un cabinet médical 100% accessible.
Ryadh a conçu la base du projet avec nous. Il nous a ensuite accompagnés sur toute la durée de l’appel d’offres afin d’affiner notre compréhension des besoins des personnes handicapées avec le concours d’Handigo, architecte accessibilité.
Actuellement, nous sommes en phase de dépôt de permis de construire mais il sera de nouveau sollicité lors de l’aboutissement des plans et de la phase de construction. Il aura le rôle de « maître d’usages » c’est à dire l’un des garants de la qualité d’usage. Nous sommes persuadés chez GA qu’il n’y a rien de mieux que l’implication des usagers dans un projet pour être certains de répondre à leurs besoins.
3 – Quels sont les principaux enseignements d’une telle expérience ? A-t-il fait évoluer votre façon d’appréhender vos projets pour plus d’inclusion ?
Aujourd’hui chez GA, on ne pense plus un immeuble sans penser inclusion. Nous avons à cœur notre rôle de promoteur, celui de construire la ville de demain en incluant toutes les personnes qui vivent la ville.
La Cité Universelle n’est pas une cité pour les personnes handicapées mais bien pour tout le monde y compris les personnes handicapées. Quand on imagine des usages pour les personnes en situation de handicap, c’est en fait à un très large public que l’on s’adresse.
Par exemple, en intégrant une rampe pour les personnes en fauteuil, on sait qu’elle sera utile à une personne âgée, quand on imagine des dispositifs pour les personnes sourdes, on touche des personnes malentendantes et par ricochet certains seniors…
Nous avons découvert une multitude de technologies assez simples et pas très coûteuses comme des alarmes incendies, des tablettes de guidage adaptées à des personnes non-voyantes … et l’on se dit « pourquoi ne pas le déployer sur d’autres immeubles ? ». C’est, selon moi, le principal enseignement que nous avons tiré de cette collaboration.
4- La Cité Universelle est un projet d’envergure qui va certainement impacter le quartier et plus encore. Comment avez-vous impliqué l’écosystème dans ce projet (habitants, potentiels visiteurs, transports en commun ..) ?
Globalement nous avons fait une très large concertation à la fois avec les habitants du quartier, avec ceux de l’arrondissement, avec les associations sportives, avec les associations locales… nous avons essayé d’être les plus exhaustifs possible sur le sujet.
De son côté, Rhyad Sallem nous a accompagnés dans la mise en relation avec les associations du milieu du handicap.
Toutes ces actions nous ont permis d’engager des discussions (qui continuent actuellement d’ailleurs) avec les pouvoirs publics. L’idée étant qu’ils puissent être acteurs du projet et nous accompagner sur des questions sur lesquelles nous n’avons aucune emprise telles que : les jours de compétition, comment faire stationner des bus sur la voie publique ? Comment retravailler l’espace public pour faciliter l’accès aux visiteurs qui seront là ? La question de l’accessibilité des transports (*) …
Aujourd’hui on peut clairement dire que les pouvoirs publics ont très envie de participer. C’est la première fois en France qu’un promoteur propose un projet qui part de la dimension inclusive pour déployer un immeuble.
(*) Au niveau des transports, nous sommes à proximité :
- de deux stations de métro (même si nous sommes conscients que le métro n’est pas forcément accessible aux PMR),
- d’une station de tram (au pied de l’immeuble) parfaitement accessible…
- et de plusieurs stations de bus
5- Quel a été l’impact pour GA Smart Building ?
Cette notion d' »inclusion » s’intègre parfaitement à la stratégie de l’entreprise. Nous avons à cœur de penser notre développement de manière durable et responsable et l’accessibilité est devenue centrale dans l’appréhension de nos projets. Nous n’avons pas vraiment été pris de court, ni surpris de nous rendre compte que nous avions déjà toutes ces valeurs en nous. Ce ne fût pas un bouleversement. En effet, chez GA, nous croyons beaucoup dans la valeur humaine, ce sont les collaborateurs qui portent ces sujets sociétaux… et ce bien au-delà d’une réglementation, d’une loi.
J’ai particulièrement apprécié le fait qu’on nous laisse le champ libre. Je suis arrivée avec cette idée de projet inclusif suite à ma rencontre avec Rhyad Sallem. Je ne suis pas tombée face à des dirigeants qui m’ont dit « c’est trop compliqué, le risque est trop grand, c’est trop nouveau ». Bien au contraire ! Ma direction s’est montrée très ouverte. GA c’est une entreprise qui a envie d’innover, de se démarquer et qui a envie de « faire vivre » ses valeurs.
En savoir plus
– La Cité Universelle –
La Cité Universelle est un postulat architectural à l’accessibilité universelle, né sous l’impulsion de l’athlète de haut niveau avec Rhyad Sallem
Situation : Porte de Pantin, dans le 19ème arrondissement de Paris
Description :
- Pôle Sportif d’une surface de 4 000 m²
- Pôle Work’In avec 15 000 m² de bureaux ; un Coworking de 1 500 m² et un fitness de 700 m² ; des commerces de 2 000 m² et un forum de 1 500 m²
- Pôle Santé de 600 m²
- Pôle Hospitality avec 109 chambres
- La Préfourrière de 4 500 m²
En savoir plus : Page dédiée au projet sur le site officiel de GA Smart Building
– Najoua ARDUINI-ELATFANI –
Ingénieur de formation, après plus de cinq ans passés sur des chantiers comme ingénieur Travaux, Najoua ARDUINI-ELATFANI devient Ingénieur commerciale durant deux ans, avant d’être appelée à occuper la fonction de Directeur de développement au sein d’une filiale du Groupe VINCI.
Depuis 2017, elle occupe le poste de Directrice de développement Promotion au sein de GA Smart Building.
Parallèlement à cela, membre du Club XXIe Siècle depuis 2007, et administratrice depuis 2012, elle l’a présidé 2014 à 2016.
– GA Smart Building –
Acteur de référence de la construction hors-site, GA Smart Building propose depuis 140 ans des bâtiments et durables intelligents ainsi que des solutions smart, design et connectées.
En savoir plus : site officiel de GA Smart Building
Mis à jour le 14 octobre 2020 / Publié le 11 septembre 2019