La boucle à induction magnétique : solution efficace mais méconnue !

Pour bien commencer l’année, nous avons eu la chance de rencontrer Maud de Polymorphe Design qui a récemment publié une étude sur les boucles à induction magnétique (BIM) qui comme vous le savez est un sujet qui nous tient à cœur ! Nous lui avons donc proposé de résumer son étude et de nous apporter sa vision sur le sujet.

  1. Bonjour Maud, merci de votre venue, pouvez-vous nous dire en quelques mots qui êtes-vous et quelle est votre activité ?

Bonjour Christine, je suis Maud DUPUIS et je suis designer. Je travaille pour les lieux culturels et touristiques, comme des musées, des châteaux ou des sentiers nature. Ma mission consiste à rendre ces endroits accessibles aux publics handicapés ou en situation de handicap. Il ne s’agit pas seulement de mettre un ascenseur à la place d’un escalier ! Je travaille sur l’information et l’émotion… Car on ne fait pas du tourisme par hasard, on y va pour le plaisir ! Alors par exemple, je cherche les moyens de rendre une exposition de peinture intéressante et agréable pour une personne non-voyante, ou encore à rendre un site naturel accessible et confortable pour des personnes très âgées.

2. Vous avez récemment mené un enquête auprès de 5000 personnes sur les boucles à induction magnétique, pourquoi vous être lancée dans un tel projet ?

J’ai mené une enquête sur les boucles à un induction magnétique, car c’est un matériel qui est préconisé par la réglementation et par le label Tourisme & Handicap.  Mais j’avais l’impression d’entendre tout et son contraire à son sujet ! En particulier beaucoup de personnes concernées semblaient douter de son utilité. La loi imposant ce dispositif dans beaucoup d’établissements recevant du public, j’étais agacée à l’idée que de l’argent public serve à financer du matériel inutile… c’est donc ma  « bougonnerie » qui est à l’origine de tout ça !

3. Ce questionnaire a donc été reçu par 5000 personnes dont des professionnels du tourisme, du corps médical, et des usagers. Pouvez vous nous nous donner les principaux enseignements ?

J’ai envoyé ce questionnaire à 5000 personnes environ, principalement des acteurs du tourisme déjà en lien avec le tourisme adapté aux publics handicapés (en particulier le réseau de la marque nationale Tourisme & Handicap).

Mais surtout, ce questionnaire a été relayé ! Quand j’ai lancé cette enquête je ne savais pas si elle allait intéresser mes interlocuteurs. Mais très vite, je me suis rendu compte que les associations de personnes sourdes ou malentendantes, et surtout les audioprothésistes se sont accaparé le sujet et l’ont très fortement relayé.

C’était une très bonne chose car ça m’a permis d’avoir une vision globale : j’ai ainsi les résultats des sites touristiques, mais aussi des personnes qui utilisent les BIM et de ceux qui informent ces personnes (le domaine médical et en particulier les audioprothésistes).

Au total, j’ai obtenu plus de 550 réponses !

4. Qu’est-ce qui vous a le plus étonné ?

Dans les résultats, 2 choses m’ont particulièrement étonnée.

D’abord la méconnaissance du dispositif par des professionnels… qui auraient dû le connaître : d’une part des sites touristiques qui sont labellisées Tourisme & Handicap, et d’autre part des audioprothésistes qui devraient être force d’information auprès des publics concernés.

Mon 2ème étonnement, c’est l’unanimité des publics malentendants qui utilisent les BIM : quand ça fonctionne, c’est un réel confort pour eux ! (et ça, je finissais moi-même par en douter….)

5. Quel message souhaiteriez-vous donner aux différentes parties prenantes ?

Si j’avais un souhait, ce serait que les audioprothésistes, les MDPH et les associations s’emparent du sujet pour informer massivement les publics malentendants. Car c’est bien aux malentendants que sont destinées les BIM ! Et tant que ces personnes-là ne sauront pas que des BIM sont installées dans les lieux publics, elles ne s’en serviront pas. Quel gâchis !

6. Le mot de la fin ? 

Il y a beaucoup d’initiatives publiques ou privées dans le domaine de l’accessibilité. Souvent elles sont justes et efficaces ! Mais elles restent trop souvent sans effet notoire à grande échelle car l’information auprès du grand public manque, comme si le sujet de l’accessibilité était tabou ou exclusivement réservé aux titulaires de cartes d’invalidité !

Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !