Tisséo : l’engagement des transports en commun toulousains pour l’accessibilité !
Prendre les transports en commun est le quotidien de millions de Français, mais pour toute une partie de la population, ces trajets se transforment en un véritable parcours du combattant. Heureusement, les choses évoluent ! Cette semaine et la semaine prochaine, nous vous présenterons la démarche exemplaire de Tisséo, le réseau de transports en commun toulousain à travers le point de vue des responsables accessibilité Marie-Hélène Texier et Jean-Claude Bernard.
1- Bonjour à vous ! Avant tout, pouvez-vous nous présenter le réseau de transports en commun toulousain en quelques mots ?
Le périmètre des transports urbains toulousains est un des plus étendus de France avec 108 communes ! C’est le second après celui de l’Ile de France, ce qui n’est pas sans poser de problème du fait des zones très peu denses qu’il faut tout de même desservir. Aujourd’hui, le label Tisséo recouvre une autorité organisatrice et un exploitant :
– Tisséo collectivités est un syndicat mixte en charge de la politique de transport. Cette structure issue de 4 EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale) compte une centaine d’agents. Sa mission d’autorité organisatrice est l’organisation des mobilités de l’agglomération toulousaine dont elle confie l’exploitation à Tisséo Voyageurs.
– Tisséo voyageurs est en charge de l’exploitation du réseau métro tram bus. Cette structure compte 2800 employés (1400 conducteurs, agents de maintenance, agents commerciaux, personnel d’exploitation…).
Les responsables accessibilité de chacune de ces structures travaillent main dans la main avec la mission d’ouvrir les transports en commun à tous.
2- Vous êtes tous deux responsable accessibilité : quelles sont vos missions ? A quoi ressemble votre journée type ?
Pour ma part, je suis rattaché à la présidence du syndicat mixte. J’ai un rôle de conseil. En 2007, j’ai été en charge de l’élaboration du schéma directeur d’accessibilité qui a été mis en œuvre jusqu’en 2014, date à laquelle l’ordonnance de septembre a permis de prolonger le projet avec le schéma directeur d’accessibilité programmée (SDAP).
Aujourd’hui, nous sommes, ma collègue et moi, sur une mission de coordination et de suivi de projet pour mettre en œuvre dans les délais prévus les actions de ces schémas directeurs.
Dans le cadre de la loi de février 2005, nous avons mis en place une concertation avec les personnes en situation de handicap : toutes les mesures prévues sont présentées à la commission d’accessibilité dédiée aux transports que nous animons. afin de vérifier que ces actions répondent aux besoins de tous. Cette concertation est cruciale car elle permet de vérifier que les solutions proposées ne perturbent pas l’un ou l’autre handicap. Le président de Tisséo, Jean-Michel Lattes, particulièrement sensible aux questions d’accessibilité, a tenu à assurer lui-même la présidence de cette commission. Considérant qu’un réseau accessible à tous est un vecteur d’inclusion, de liberté, de mobilité et de vivre ensemble.
Selon moi, portage politique, culture de l’accessibilité, concertation sont les clefs de la réussite !
3- Toulouse est le deuxième réseau de transports en commun de France. Pouvez-vous nous parler de quelques-unes de vos actions pour l’accessibilité ?
Nous recherchons avant tout la qualité d’usage. Voici quelques exemples des dispositifs originaux que vous trouverez sur nos lignes :
– Une signalétique au concept unique permettant l’autonomie des personnes en situation de handicap cognitif dans le métro (article à paraitre !)
– l’audiodescription des stations pour les personnes déficientes visuelles.
– une borne de visio-interprétation pour les personnes sourdes ou malentendantes dans l’agence principale. C’est une plateforme qui permet le dialogue entre une personne sourde et un traducteur en ligne via un écran et une webcam.
– une formation aux bases de la langue des signes française (LSF) pour indiquer à une personne sourde comment se rendre au poste de traduction. Des agents volontaires suivent en plus une mise à niveau en LSF tous les ans, leur permettant ainsi d’aller bien plus loin qu’une simple réponse sur l’orientation.
– des lignes de contrôle des billets rendues encore plus accessibles avec un dispositif de validation de titre abaissé pour les personnes en fauteuil roulant. Même si elles respectaient les normes, ces bornes posaient de réels soucis à certaines personnes à mobilité réduite. Comme elles sont à 1,10m, il leur fallait lever le bras, poser la carte au bon endroit sur la cible pour valider leur titre, reprendre la carte pour poursuivre leur déplacement, toute une série de gestes impossibles pour certains voyageurs. Nous avons donc suivi le même schéma : concertation avec les parties prenantes (acteurs métier, associations, industriels…). Ce travail a donné naissance à un module avec une cible « abaissée » qui vient se positionner sur l’équipement existant : une première en France ! Aujourd’hui, cette innovation est proposée à toutes les autres entreprises de transport en commun dans la France entière.
4- Si j’ai bien compris, vous étiez aux normes mais vous êtes allés plus loin ?
Tout à fait. Certaines normes sont malheureusement insuffisantes pour offrir un vrai service à nos voyageurs en situation de handicap. Depuis que nous portons le projet accessibilité, nous nous sommes intéressés à la qualité d’usage. Nous ne parlons plus de handicap mais de mesures universelles. C’est au cœur de notre vision et de chacun de nos projets.
C’est pour aller toujours plus loin que nous nous sommes rapprochés d’associations de personnes en situation de handicap et d’experts tels que le CRIDEV. En complément, nous nous intéressons de très près au concept de Smart Cities qui se veulent inclusives (sans barrières) et durables.
Pour finir, nous observons de près le projet de balisage sonore de KEOLIS à Lyon. Il n’est pas exclu que ce soit notre prochain chantier.
5- Vous parlez de la ville inclusive. Travaillez-vous main dans la main avec la Métropole de Toulouse pour assurer la chaîne de déplacement ?
En effet, nous travaillons en partenariat étroit avec les services de la ville de Toulouse mais aussi avec ceux de la Métropole. Mais là aussi nous avons innové, nous sommes allés plus loin !
En 2012, nous avons créé un comité qui regroupe les responsables de l’accessibilité des différentes parties prenantes. Depuis, tous les mois, nous échangeons sur nos problématiques et surtout sur les actions à mettre en place pour favoriser la chaîne du déplacement. Comment assurer une continuité du guidage entre la voirie et les transports, par exemple. C’est grâce à ce travail et ces liens étroits que nous parviendrons à rendre inclusive la métropole.
Cette synergie est bénéfique pour tout le monde. Nous avons pu grouper des achats d’équipements, nous appuyer sur les ressources des uns et des autres avec toujours en ligne de mire : garantir une qualité d’usage au plus grand nombre.
La semaine prochaine nous vous livrerons la suite de cette interview qui portera sur un projet unique en France !