Les Eurockéennes : un festival citoyen et engagé ! 2ème partie
Dans la 1ère partie de son interview Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes de Belfort nous a expliqué l’ensemble du dispositif et sa vision de l’accessibilité. Aujourd’hui, nous vous proposons d’aller un peu plus loin et de découvrir la genèse du projet, ses actions de communication pour informer le public cible et enfin ses souhaits pour les prochaines éditions. Inspirant !
Mais c’est une véritable stratégie d’accessibilité que vous avez mise en place. Pouvez-vous nous raconter la genèse du projet ?
A nos débuts, lors des visites de sécurité, il faut avouer que l’accessibilité était la cinquième roue du carrosse. Les représentants de l’état présents ne pouvaient être que dans la recommandation et non dans l’obligation réglementaire. Nous n’avions donc qu’une option : prendre la chose à bras le corps et être en adéquation avec nos valeurs. Pour cela il fallait mettre tout le monde autour d’une table et que chacun soit acteur. Nous n’avions pas besoin de « juges » ou donneurs de leçons.
Nous avons commencé avec un tout petit cercle dont j’ai été à l’initiative. Puis, petit à petit, le nombre de personnes a augmenté, tout le monde y a trouvé de l’intérêt. On a essayé d’être rigoureux intellectuellement et honnêtes avec nous-mêmes pour éviter les fausses promesses.
Et aujourd’hui ? Un bilan ?
La plus belle des récompenses : voir des gens de 40 ans qui n’avaient jamais vu un concert s’éclater ! Cela finit de me convaincre que nous devons continuer dans cette voie.
Nous avons reçu des encouragements de la part de nos mécènes, du public et de l’état qui avait vu dans la signature de notre charte handicap un engagement fort !
Aujourd’hui, notre volonté est que toute cette démarche soit invisible et que toute personne puisse venir aux Eurockéennes en parfaite autonomie.
Vous avez mis en place de nombreuses infrastructures et actions pour l’accessibilité. Comment et par quels moyens avez-vous communiqué sur votre démarche auprès des personnes en situation de handicap ?
La 1ère étape a été de rendre notre site internet accessible. Aujourd’hui il est labellisé Opquast. Pour optimiser son accessibilité, notre webmaster a été formé. Nous avons alors découvert les contraintes : le choix des photos, des formats… que nous nous appliquons désormais à respecter !
La 2ème étape : nous appuyer sur des associations très actives comme l’APF (association des paralysés de France), la maison départementale des personnes handicapées…, bref sur des gens du milieu à même de relayer notre démarche.
Le 3ème levier : nos ambassadeurs ! GRÉGORY CUILLERON, cuisinier globe-cooker sur France 5 et ambassadeur de l’Association pour la Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées (AGEFIPH) est ambassadeur de l’accessibilité pour tous aux Eurockéennes de Belfort. Pour la troisième année consécutive, il accompagne le festival pour favoriser l’accès à la culture pour tous. PASCAL ANDRIEUX, Directeur de l’Action Sociale à Malakoff Médéric, accompagne le festival depuis 2013 dans sa démarche d’accessibilité. Le groupe de protection sociale a notamment participé à la mise en accessibilité des sites internet des Eurockéennes. En 2016, Malakoff Médéric devient le principal partenaire de l’espace ALL ACCESS.
Notre communication a bien fonctionné puisque l’année dernière, nous avons réalisé plus de 900 accueils spécifiques !
Des bénévoles interviennent donc lors de l’accueil des personnes en situation de handicap. Sont-ils formés et si oui, comment ? Par qui ?
Bien évidemment, nos bénévoles suivent une formation ! Elle est donnée par les associations partenaires. Par exemple, pour l’accueil des personnes déficientes visuelles, c’est l’association des Aveugles et Amblyopes d’Alsace et de Lorraine qui en sera en charge.
A noter que les volontaires reviennent d’année en année. Ce sont généralement des salariés (et non des étudiants comme souvent). Ils s’aguerrissent aux bonnes pratiques au fil du temps. De plus ils sont encadrés sur le temps du festival par des professionnels issus des associations.
2018 : des idées ? des souhaits ?
Pour réussir à mettre en œuvre ces démarches, nous avons dû faire appel à des mécènes comme General Electric ou Malakoff Mederic avec qui nous partageons les mêmes valeurs. Leurs actions prennent des formes différentes : participation financière ou mise à disposition de compétences. Par exemple, des volontaires sont mis à disposition pour tenir les zones d’accueil dédiées aux personnes empêchées. Notre souhait ? Continuer à travailler avec de tels partenaires !
Comme je vous le disais précédemment, grâce à notre charte handicap, nous avons été reconnus et aidés financièrement par le Ministère pour acquérir le container d’équipements adaptés en 2014. Bornes d’accueil, cheminements éclairés…, Ce container est prêté à différents festivals de la région. Nous souhaiterions que ce container soit enrichi et le prêter encore plus souvent.
Un autre souhait : préserver l’espace ALL ACCESS et pouvoir proposer de nouveaux concepts chaque année. Tous les projets nous intéressent : petits, gros, multi ou mono-handicap… Que notre promesse soit toujours en adéquation avec notre capacité à accueillir.
Bien évidemment : que les conditions climatiques nous soient favorables cette année et les années à venir !
Pour finir, chaque année dans notre camping, des personnes en situation de handicap vont s’installer le temps du festival. Pas vraiment d’infrastructures adaptées ni de personnel encadrant mais des voisins, des festivaliers toujours prêts à donner un coup de main. Mon dernier souhait serait de faire passer ce message au plus grand nombre : Il n’y a pas que les règles qui rendent possible l’accessibilité, c’est encore la solidarité qui fonctionne le mieux !