Quelles initiatives pour l’accessibilité de la voirie et des espaces publics ? (1ère partie)
Mis à jour le 07/11/2017
Ce lundi 16 octobre se tenait à Paris La Défense le colloque « Recherche & Accessibilité : des applications pratiques en voirie et espaces publics » organisé par la Direction Ministérielle à l’Accessibilité (DMA). Evolution des matériaux urbains, des aménagements, des mobiliers et des technologies, les intervenants se sont succédés pour nous ouvrir de nouveaux horizons. Nous vous proposons un aperçu de ce que nous avons retenu de cette journée placée sous le signe de la mobilité inclusive.
Les espaces publics : des lieux qui concentrent la diversité des usages
Avant de rentrer dans le vif du sujet, Brigitte Thorin, déléguée ministérielle à l’accessibilité, a rappelé le contexte de cette journée. Malgré les avancées, il reste beaucoup à faire pour assurer l’accessibilité des espaces publics à tous.
« Nous devons faire preuve d’ouverture vers l’autre et son altérité pour construire ensemble une belle aventure humaine, a-t-elle déclaré. Aucune personne handicapée ne doit rester sur le bas-côté. »
En tant que grand témoin, fil rouge de cette journée, Marc Courbot, ingénieur territorial de Lille Métropole, a rappelé le chemin parcouru depuis la loi de 2005. A la parution des textes réglementaires concernant la voirie et les espaces publics en 2007, il a fallu que les différents acteurs s’approprient tous ces changements. Les échanges de bonnes pratiques entre les collectivités et le soutien du CEREMA par ses études et ses publications jouent un rôle essentiel dans cette prise en main. Aujourd’hui, des réflexes ont été acquis mais la route est encore longue pour « un espace public heureux. »
Il est indéniable que les usages se transforment. En plus de la nécessité de construire un espace inclusif pour toutes les personnes, quelles que soient leurs aptitudes physiques, sensorielles ou mentales, il faut aussi tenir compte de la diversification des modes de transports et de l’évolution des habitudes. Benoît Hiron du CEREMA a rapidement évoqué l’évolution des usages liés au mobilier urbain et les défis que cela pose pour l’avenir. Comment faire en sorte que les personnes à mobilité réduite puissent se reposer sur leurs trajets sans créer des zones de rassemblements sources d’insécurité ? Comment signaler efficacement les toilettes publiques ? Comment permettre aux personnes réfractaires aux nouvelles technologies de se localiser facilement ? Comment faciliter les achats dans les commerces de centre-ville ? Voilà quelques-uns des enjeux de la ville d’aujourd’hui et de demain !
Dunkerque : une concertation réussie entre techniciens et usagers
Valérie Schutt et Emmanuelle Sename de la Communauté Urbaine de Dunkerque Grand Littoral ont présenté le réaménagement de la rue Ronarc’h, désignée comme « rue martyre » pour expérimenter des solutions d’accessibilité universelle.
En 2012, la communauté urbaine de Dunkerque avait voulu créer un guide de bonnes pratiques pour l’accessibilité en collaboration avec les associations de personnes handicapées. En réalité, les associations avaient surtout pointé les aménagements qui posaient problème, ce qui a eu pour effet de vexer les techniciens qui en étaient à l’origine. Contreproductif !
Suite à ce malheureux épisode, il est devenu évident pour les personnes en charge de l’accessibilité qu’il fallait éduquer les techniciens et leur expliquer les raisons des exigences réglementaires au travers du vécu des personnes handicapées.
L’aménagement de la rue Ronarc’h s’est donc basé sur une démarche participative et a finalement donné lieu à un référentiel de bonnes pratiques rédigé cette fois par les techniciens et constamment mis à jour grâce à leur expérience.
Remise des prix des belles pratiques et bons usages en matière d’accessibilité
Parmi les autres sujets abordés lors de cette journée très riche, nous retiendrons également les avantages de l’asphalte et les innovations concernant ce matériau pour des aménagements accessibles, les initiatives de la ville d’Amiens pour améliorer l’appropriation des espaces par les personnes handicapées, les avancées en matière d’évaluation de la qualité des revêtements piétons ainsi que le projet de certification des dispositifs podotactiles (bandes d’éveil de vigilance et bandes de guidage). Sans oublier les nombreux projets de start-ups désireuses d’améliorer la qualité de vie des personnes handicapées.
Dernier temps fort de cette journée, Brigitte Thorin a remis les prix suite au troisième appel à projet du Recueil des belles pratiques et bons usages en matière d’accessibilité de la Cité portant cette année sur les aménagements des centres-bourgs de moins de 10 000 habitants. Ont ainsi été récompensées les communes de Savennières (Maine-et-Loire), Guinkirchen (Moselle), Assignan et son château Castigno (Hérault), La Verpillère (Isère) et Virey le Grand (Saône-et-Loire). La DMA a souhaité ajouter deux prix « Coup de cœur » pour saluer les efforts des communes de Lintot (Seine-Maritime) et Cap d’Ail (Alpes-Maritimes). Toutes ces petites communes prouvent avec brio qu’il est possible d’améliorer l’accessibilité pour tous avec peu de moyens et d’en profiter pour créer de nouveaux espaces de rencontre ouverts à tous les habitants !
Si vous souhaitez en savoir plus, les actes du colloque ainsi que les présentations des différents intervenants sont disponibles sur le site de la DMA.
Mis en ligne le 25 octobre 2017