L’accessibilité aux aveugles et malvoyants – 8 idées reçues

De  quoi les personnes ayant un handicap visuel ont-elles besoin ? Pourquoi la réglementation accessibilité prévoit de telles contraintes sur les contrastes visuels et tactiles, la prévention des risques de chutes et la signalétique ? Nous vous offrons dans cet article quelques réponses pour donner du sens à vos projets d’aménagement. N’oublions jamais que, au-delà de la réglementation, c’est l’inclusion des personnes handicapées qui est en jeu !

image d'une canne blanche1- Des malvoyants ? Il n’y en a pas dans ma ville.

En France, il y a environ 1,7 million de personnes aveugles ou malvoyantes, soit l’équivalent de l’agglomération lyonnaise. Ça fait du monde ! Il y a donc de fortes chances pour que certaines d’entre elles vivent à côté de chez vous.
On considère qu’une personne est malvoyante en dessous d’un certain seuil : une acuité visuelle inférieure à 4/10. Selon l’OMS, leur nombre devrait doubler d’ici 2050.
D’autres causes peuvent aussi nous mettre en situation de déficience visuelle temporaire : Perte de lunettes, opération des yeux, panne de courant, soleil éblouissant, etc. !

2- Les aveugles ne voient rien.

Les aveugles complets n’ont en effet aucune perception visuelle, pas même celle de la lumière. Ils représentent environ 70 000 personnes en France, soit à peu près 4% des personnes déficientes visuelles. Mais les malvoyants profonds sont considérés comme aveugles du moment que leur acuité visuelle est inférieure à 1/20 ou leur champ visuel à 10°.
On compte alors en France 207 000 personnes dont les capacités visuelles sont insuffisantes pour être exploitées. Celles-ci ont globalement les mêmes besoins que les personnes totalement aveugles mais la perception de la luminosité, de certaines formes ou couleurs, pourra les aider ponctuellement. Un bon contraste visuel et un éclairage de qualité leur seront bien utiles.
Alors, ne vous étonnez pas si un aveugle vous demande d’allumer la lumière !

3- Qu’elles soient aveugles ou malvoyantes, les personnes déficientes visuelles ont toutes les mêmes besoins.

Ni plus ni moins que dans la population générale, les personnes déficientes visuelles sont toutes différentes. A chacune ses aptitudes, son vécu, ses atouts et ses faiblesses.
Malgré tout, il y a heureusement des points communs.
Quel que soit leur niveau de déficience visuelle, les personnes aveugles et malvoyantes apprécient les repères tactiles, podotactiles (pour les pieds) et sonores.
Celles à qui il reste un peu de vision sont en plus sensibles à un éclairage de qualité, à de bons contrastes visuels et à une signalétique bien lisible.

4- Mes escaliers n’ont pas besoin d’être accessibles puisque j’ai un ascenseur.

A moins qu’elle ait aussi une difficulté motrice ou qu’elle soit particulièrement chargée, une personne déficiente visuelle préfère généralement prendre les escaliers. C’est un gain de temps et passer par les escaliers lui permet d’avoir une meilleure représentation de son environnement.
Pour qu’elle puisse le faire en sécurité, pensez aux bandes d’éveil de vigilance, contremarches et nez de marches contrastés (en savoir plus sur les produits d’accessibilité des escaliers) !

5- Mon établissement est accessible aux aveugles : j’ai mis du braille sur toutes mes plaques de portes.

C’est déjà très bien de l’avoir fait ! Mais avez-vous pensé à comment une personne aveugle arrivera jusqu’à la porte ? Et comment elle trouvera l’inscription en braille si elle n’est pas au courant qu’il y en a une ?
Sans compter que les personnes aveugles qui lisent le braille sont peu nombreuses. Celles-ci apprécieront néanmoins beaucoup de pouvoir confirmer leur destination en lisant une inscription sur une plaque de porte. Très utile dans les grands couloirs des écoles, des universités ou des hôpitaux par exemple.
Mais pour qu’elles puissent parvenir jusqu’à ces portes, et pour que toutes les autres personnes déficientes visuelles puissent s’orienter aussi, pensez à traiter l’accessibilité dès l’entrée du bâtiment ! Guidage tactile au sol, balisage sonore, signalétique lisible et contrastée…, toutes ces solutions se combinent pour une accessibilité efficace.

DV traversant une rue
Concevoir des espaces publics et des voiries accessibles est un objectif partagé et une obligation réglementaire.

6- En France, il n’y a que très peu de feux sonores.

Pour qui voyage beaucoup à l’étranger, on a tous en tête le souvenir d’avoir entendu des feux piétons se manifester par des tac-tac, bip-bip ou autres chants d’oiseaux… Mais de retour en France, rien !
C’est tout simplement parce que la norme française sur les feux sonores définit un principe d’activation à distance par télécommande. Ce système, inventé par EO GUIDAGE en 1993, est très répandu dans toutes les villes de France : plus de 100 000 installations ! Il présente l’avantage de minimiser la gêne pour les riverains et facilite la localisation de la traversée pour les piétons handicapés visuels. Il est obligatoire d’équiper tous les feux piétons depuis janvier 2007.

7- Je n’ai pas besoin de mettre des feux sonores dans les quartiers calmes car il n’y a pas de danger.

Certes, pour prioriser les équipements, mieux vaut commencer par des carrefours très fréquentés ou complexes. Mais pour une personne déficiente visuelle, l’absence de circulation est tout aussi déstabilisante qu’une circulation intense. En effet, les personnes aveugles et malvoyantes se fient beaucoup aux flux de circulation et à leurs mouvements pour s’orienter, déterminer leur trajectoire, l’emplacement des passages piétons et le moment de traverser. Quand les flux sont trop rares, un feu sonore est indispensable pour compenser les repères manquants.

8- Pas besoin de feux sonores, les chiens guides savent tous seuls quand traverser la rue.

Déjà, tous les déficients visuels n’ont pas de chiens guides. Ils ne seraient que 1% selon la Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles (FFAC).
D’autre part, pas plus qu’ils ne savent lire les panneaux, les chiens guides ne savent pas interpréter la couleur d’un feu. C’est toujours leur maître qui leur donne l’ordre de traverser la rue après avoir analysé la situation (bruit de la circulation, indications du feu sonore…). En revanche, le chien guide son maître sur le passage piéton jusqu’à l’autre trottoir. Et il contourne les obstacles.

Mis en ligne le 3 novembre 2016

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Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !