8 idées reçues sur les sourds

Longtemps mis à l’écart, interdits de langue des signes jusqu’en 1977, les sourds aspirent aujourd’hui à une vie ordinaire au milieu des autres. Qui est concerné, quels sont leurs besoins et comment faciliter leur accueil dans les lieux publics ? Oublions nos préjugés et voyons ce que nous pouvons faire chacun à notre niveau !

En bonus dans cet article : quelques petits détails qui vont vous surprendre.

1- Des sourds, il n’y en a pas dans ma ville.

C’est ce que vous croyez ! Et pour cause, la surdité est un handicap invisible, comme 80% des handicaps d’ailleurs. Le handicap auditif concerne 5 à 7 millions de personnes en France, soit environ 1 personne sur 10 ! Il est généralement dû à l’âge ou à l’exposition prolongée au bruit.

2- Les sourds n’entendent rien.

Ils sont en effet une petite minorité parmi les déficients auditifs à ne rien entendre.

Mais la déficience auditive va de la simple difficulté à comprendre une conversation à plusieurs jusqu’à une absence totale de perceptions. La surdité totale concerne moins de 5% des déficients auditifs.

Même un sourd profond perçoit certains sons. Ça ne veut toutefois pas dire qu’il va pouvoir les exploiter !

3- Les sourds ont avant tout besoin de traduction en langue des signes.

La LSF est en effet essentielle pour ceux qui la pratiquent. C’est leur première langue et s’adresser à eux en l’utilisant est la meilleure garantie qu’ils comprennent bien le message. Mais ils ne seraient que 5% environ parmi les déficients auditifs.

Pour favoriser l’accueil et l’accès aux services des sourds et malentendants, ce qu’il faut privilégier avant tout, c’est :

  • Un bon éclairage ;
  • L’absence de contrejours, particulièrement derrière la banque d’accueil ;
  • Le doublage des messages sonores par un affichage visuel avec du texte mais aussi des images et pictogrammes ;
  • Des systèmes d’amplification ou boucles à induction magnétique ;
  • La mise à disposition de quoi écrire ou dessiner ;
  • Un personnel formé.

Les interprètes LSF : ce pont indispensable entre deux communautés linguistiques différentes – Interview de l’équipe ex aequo

4- Il suffit de crier pour être entendu.

C’est vraiment la dernière chose à faire ! Un sourd est sourd. Inutile de hurler, ça ne lui rendra pas ses oreilles !

Même s’il a quelques perceptions auditives ou qu’il est appareillé, crier déforme la bouche et rend plus difficile la lecture labiale. Faites simplement l’effort de parler distinctement, pas trop vite, en articulant sans exagération.

5- Pour communiquer avec un sourd, il suffit d’écrire.

Ça facilite souvent les choses mais ça ne marche pas à tous les coups.

Bien évidemment, pour ceux qui ont perdu l’audition après avoir appris à lire, le recours à l’écrit est la meilleure solution. Si vous accueillez du public, ayez toujours un papier et un stylo à portée de main.

Cependant, en 1998, on estimait à 80% la part d’illettrés chez les sourds profonds et seuls 5% d’entre eux accédaient à l’enseignement supérieur. Ces chiffres ont certainement évolués dans le bon sens grâce à l’amélioration des méthodes d’enseignement. Malgré tout, l’acquisition de la lecture est un processus long et difficile quand on n’entend pas, car on ne peut pas associer les sons aux lettres. Ce n’est donc pas toujours le mode de communication favori des sourds.

6- Les sourds lisent sur les lèvres.

Oui mais…

C’est en effet un des modes de compensation principaux de la surdité. Mais ça ne marche pas à tous les coups. Là encore, c’est une question d’apprentissage. Dans tous les cas, seule une partie du message est captée. Pensez à accompagner vos paroles de gestes explicites et reformulez si nécessaire.

La lecture labiale nécessite que la personne qui parle ait le visage dégagé, bien éclairé et sans contrejour. Mâcher un chewing-gum ou porter une moustache rendent la lecture plus difficile, mais le rouge à lèvres la facilite ! Bon, on est d’accord, ce n’est pas facile à porter pour tout le monde !

7- Les sourds sont aussi muets.

Ça peut arriver mais c’est loin d’être la règle !

La surdité ne touche pas les cordes vocales. Si certains sourds ne parlent pas, c’est soit parce qu’ils n’ont pas appris, soit parce qu’ils ont choisi de ne pas le faire par peur d’être jugés ou incompris.

Imaginez-vous devoir répéter quelque chose que vous n’entendez pas. C’est bien le problème auquel sont confrontés les enfants sourds. Voilà pourquoi l’apprentissage de la parole est plus difficile pour eux et nécessite de longues séances d’orthophonie. Mais c’est possible !

De nombreux sourds parlent (surtout parmi les jeunes ou ceux qui ont perdu l’audition après l’âge de la parole) et même très distinctement !

Le handicap auditif : une multitude de profils aux besoins différents

8- La langue des signes est internationale.

Non, chaque pays a sa propre langue des signes.

La langue des signes est une vraie langue avec son vocabulaire, sa grammaire et sa syntaxe. Là où les sourds ont un avantage sur les entendants, c’est qu’ils pourront communiquer bien plus rapidement avec quelqu’un d’un autre pays ! Il existe en effet moins de différences entre deux langues des signes qu’entre deux langues parlées.

A savoir : deux pays qui ont la même langue parlée, comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, n’ont pas la même langue des signes !

Découvrez tous les aménagements à mettre en place pour bien accueillir les personnes déficientes auditives dans les établissements recevant du public : 

L’accessibilité des sourds et des malentendants dans les ERP : information, orientation et communication

Mis à jour le 18 janvier 2022 / Publié le 26 janvier 2017

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Lise

Créer une culture commune entre tous les acteurs engagés pour rendre la ville et ses services accessibles à toutes les personnes qui vivent avec un handicap, c’est ce qui m’anime au quotidien !